Pour fabriquer des voitures électriques, il faut fabriquer des batteries au lithium.
Un lithium bientôt « Made in France » ?

Le 8 juin 2022 est une date historique pour l’Union européenne où le Parlement européen a décidé de mettre fin à la vente de voitures thermiques neuves dès 2035. En plus, les véhicules électriques à batterie seront les seuls autorisés sur le marché du neuf à partir de 2035. Le but est la réduction des émissions de CO2. Pour fabriquer des voitures électriques, il faut fabriquer des batteries au lithium. Actuellement, l’Europe importe ce métal critique de Chine. 

C'est pour cette raison que des recherches ont été lancées pour détecter de nombreux sites en Europe afin d’être exploités. Le but est de répondre aux besoins locaux et de ne pas dépendre des pays exportateurs de lithium. Ursula von der Leyen, présidente de la commission européenne, affirme : « Nous importons du lithium pour les voitures électriques, du platine pour produire de l'hydrogène propre, du silicium pour les panneaux solaires. 98% des éléments de terres rares dont nous avons besoin proviennent d'un seul fournisseur : la Chine. Ce n'est pas durable. Nous devons donc diversifier nos chaînes d'approvisionnement ».

Selon la carte publiée par le site batterybay.eu, la Finlande, l’Allemagne, l’Espagne, la France, le Portugal, l’Autriche et la Serbie sont les pays importants possédant les réserves de lithium en Europe.  Parmi eux, le Portugal détient l'une des réserves de lithium les plus prometteuses en Europe. Les estimations varient, mais ce pays du sud de l'Europe détiendrait plus de 60 millions de tonnes de lithium1.

Où se trouve le lithium en France ? 

A propos des réserves de lithium et de leur quantité en France, il faut dire que la majorité des sites ont mentionné les recherches du centre BRGM2 publiées en 2018. Les sous-sols ont été explorés et les 41 sites contenant du lithium ont été repérés, dont 6 possèdent un important potentiel d’exploitation : à Tréguennec (Finistère), à Chédeville (Haute-Vienne), à Montebras (Creuse), sur le site de Beauvoir à Echassières (Allier), ou encore dans les eaux géothermales de Soultz-sous-Forêts et Rittershoffen en Alsace. Au total, ces sites représenteraient 213 000 tonnes de lithium3 !

Quelles sont les politiques de la France par rapport au lithium ? 

Comme nous l'avons déjà mentionnée, l’Europe cherche à réduire sa dépendance à l’importation du lithium. Comme l’un des pays fabricants des véhicules électriques, la France souhaite atteindre cet objectif. 

Le 24 octobre 2022, dans un communiqué publié sur le site du ministère de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numériques, la France a rendu publique les 5 premiers lauréats de l’appel à projets « Métaux Critiques » sous un plan nommé « France 2030  ». Les métaux critiques sont lithium, nickel, cobalt, tantale, cuivre, etc. Ces métaux sont considérés comme les éléments clés de la transition énergétique. Métal dont l’approvisionnement est sujet à des aléas, et pour lequel une restriction d’approvisionnement aurait des impacts économiques et industriels significatifs.

Le montant estimé est d'environ un milliard d’euros afin de déployer des projets de production et de recyclage de ces matériaux sur le territoire national et d’assurer ainsi la résilience des chaînes d’approvisionnement de l’industrie française en métaux critiques.

L’objectif est la production de 2 millions de véhicules électriques et de leurs principaux composants par an en France en 2030. Cette stratégie mobilisera 5 milliards d’euros de soutiens publics dans le cadre du plan France 2030 pour aider au déploiement sur le territoire français de toutes les technologies nécessaires à cette production.

Ces projets sont : 

1. Imerys – Extraction de lithium : Ce projet, dénommé Emili, se trouve à Echassière dans l’Allier) et la production débutera dès 2028. Depuis 1850, cette mine a produit 30 000 tonnes de kaolin destiné à la porcelaine ou au carrelage. Selon les informations, la capacité de ce « gisement » est estimée à un million de tonnes d'oxyde de lithium. Ce projet pourra produire 34 000 tonnes d'hydroxyde de lithium par an, soit l'équivalent de la production de 700 000 véhicules électriques par an. En plus, selon les affirmations, ce projet sera respectueux de l'environnement et émettra moins de carbone. Ce projet génère 500 emplois directs et 1000 indirects. Après avoir lancé ce projet, la France sera l’un des plus grands producteurs européens de lithium.

2. Viridian – Raffinage de lithium : Se trouvant à Lauterbourg (Bas-Rhin), ce projet est le premier projet de raffinage en Europe. Dans la phase initiale prévue, on va produire 25 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an dès 2025. Ce projet sera en mesure de fournir le lithium nécessaire à 2 millions de véhicules électriques par an.

3. Eramet  – Recyclage de batteries : la première phase industrielle débutera dès 2025 et jouera un rôle important dans la dépendance du recyclage des matériaux actifs de batteries que sont le nickel, le cobalt et le lithium. 

4. Sanou Koura - Extraction des métaux critiques contenus dans les déchets électroniques : Se trouvant à Donchéry (Ardennes), ce projet constituera une première mondiale en étant la première usine capable de valoriser tous les métaux contenus dans les déchets électroniques. En capturant Co2, le processus d’extraction respectera l’environnement.

5. WEEECycling - Extraction des métaux critiques contenus dans les déchets électroniques : Comme le projet précédant, ce projet contribuera à augmenter la production de métaux critiques de 10 % à partir de déchets électroniques, ce qui constituera une étape importante vers l’autonomie stratégie française.

Ces projets sont soutenus par le gouvernement français. Bruno le Maire, affirme : « Les 5 entreprises sélectionnées seront aidées à hauteur de 94 millions d’euros par l’Etat et permettront de produire du lithium en France ou encore de recycler les métaux rares contenus dans les batteries automobiles et les appareils électroniques. »

Ces projets sont respectueux de l’environnement. « Maîtriser la chaîne de valeur des métaux critiques de la transition énergétique, c’est se donner les moyens de sortir la France de sa dépendance aux énergies fossiles et d’atteindre la neutralité carbone comme nous nous y sommes engagés », a dit Agnès Pannier-Runacher, ex-ministre de la Transition énergétique.

Et aussi, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie affirme : « La transition écologique peut être une opportunité de réindustrialisation majeure pour notre pays si nous maîtrisons les technologies vertes, clé de l’économie décarbonée de demain. C’est pourquoi l’Etat investit pour réduire développer une filière industrielle complète des métaux critiques sur le territoire national. » 

Le ministre de la transition écologique défend l’extraction du lithium en France. Dans une émission sur franceinfo, Christophe Béchu a expliqué : « construire une transition écologique dans laquelle on se retrouverait à devoir importer de manière massive des produits qui viennent du bout du monde, dans des avions ou dans des bateaux qui sont chargés en kérosène, c'est-à-dire avec une empreinte carbone qui serait particulièrement lourde(…)6 ».

Ou l’ancienne ministre de la transition écologique, Barbara Pompili a dit : « Soit on ne veut plus avoir de véhicules électriques, de trottinettes électriques, de téléphones portables… et on l’assume. Mais si nous voulons rentrer dans […] une société où on émettra moins de gaz à effet de serre, il faut aussi assumer les conséquences. Et les conséquences, c’est que nous avons besoin de matériaux comme le lithium » ensuite, elle ajoute : « Notre responsabilité, c’est d’abord d’avoir des contrats d’importations de long terme, qui permettent d’avoir des règles sociales et environnementales normales dans les pays d’où nous allons importer, mais aussi d’aller chercher du lithium chez nous7 ».

Dans l'hexagone, il existe des entreprises françaises fabriquant des batteries au lithium. Voici une liste des principaux fabricants : 

Saft : Fondée en 1918, cette entreprise a une longue histoire dans le secteur de l’énergie et des technologies de stockage. Mais TotalEnergies, ancienne compagnie française des pétroles, l'a achetée en mai 2016. Les batteries fabriquées sont utilisées dans divers secteurs, militaires et industriels. Le but de cette entreprise est de se concentrer sur l'innovation et le développement de technologies avancées pour répondre aux besoins croissants en matière de stockage d'énergie, en particulier dans le contexte de la transition énergétique et de la lutte contre le changement climatique.  

Verkor : Fondée en 2020, cette entreprise produit les batteries pour les véhicules électriques. Cette entreprise envisage de se lancer dans la fabrication de cellules de batteries en construisant une gigafactory dans le port de Dunkerque en France. Ce plan pourrait aider à la réduction de la dépendance des importations et aussi à l'essor de l'industrie européenne des batteries. Selon les estimations, cette gigafactory pourra équiper 300 000 véhicules électriques et créer plus de 1200 emplois directs. 

Blue Solutions : Créée en 2001, cette entreprise fabrique des batteries Lithium Métal Polymère tout solide (accumulateur lithium), et des véhicules électriques. Ces usines se trouvent à Ergué-Gabéric en Bretagne et à Boucherville près de Montréal. Blue Solutions est une filiale du Groupe français Bolloré8.

Groupe Renault : En collaboration avec les autres entreprises, le groupe Renault a investi dans la production des batteries pour les véhicules électriques. Le but est de répondre aux besoins locaux et la réduction de la dépendance des importations.

Il est à noter que toutes ces entreprises affirment que leurs projets sont respectueux de l’environnement.

ACC (Automotive Cells Company) : Une entreprise multinationale créée par Stellantis, Total et Mercedes-Benz afin de fabriquer des batteries. En février 2024, cette entreprise vise à construire 3 gigafactories aux  en Allemagne, en France et en Italie. Le but est de fabriquer des batteries pour les véhicules électriques. 

Selon les informations fournies, le lithium est l'un des matériaux importants pour la production de batteries de véhicules électriques. L’Europe et la France tentent de réduire leur dépendance à l’importation de cette matière précieuse et cherchent à influencer le marché mondial en explorant et en extrayant des mines de lithium.

 

Si vous souhaitez écrire sur le lithium, n'hésitez-pas à nous envoyer votre article par message privé sur X ou à l'adresse courriel suivante : [email protected]

 

1. https://www.cnews.fr/monde/2022-10-27/lithium-france-portugal-serbie-ou-sont-les-plus-grands-gisements-en-europe-1282023
2. Bureau de Recherches Géologiques et Minières
3. https://actuenergie.fr/flash-actus/le-bgrm-decouvre-41-sites-francais-contenant-du-lithium/
4. Lancé par le Président de la République, le 12 octobre 2021, le plan d’investissement France 2030 vise à transformer durablement les secteurs clés de l’économie nationale par l’innovation technologique. 54 milliards d’euros seront investis afin d’assurer la transition de filières stratégiques (énergie, automobile, aéronautique ou encore espace) et de leurs permettre de répondre aux défis technologiques et environnementaux de manière
5. https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/mines-de-lithium-en-france-des-projets-mais-encore-beaucoup-d-interrogations_5546643.html
6. https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/ressources-minieres-il-faut-produire-ici-assure-le-ministre-christophe-bechu_6084780.html
7. https://reporterre.net/Barbara-Pompili-souhaite-extraire-du-lithium-en-France
8. Le groupe Bolloré est une multinationale française de transport, de logistique, et de communication sous l’égide de la Compagnie de l'Odet elle-même sous l’égide des Plantations des Terres Rouges.

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