Sensibiliser au climat en faisant du sport, c’est le pari de l’atelier "The Climate Workout". Lancé en janvier par l’éco-aventurier Matthieu Witvoet et son associée Audrey Borowski, il vise à sensibiliser à la transition climatique avec optimisme en mêlant quiz et exercices physiques.
The Climate Workout : sensibiliser au réchauffement climatique grâce au sport

L’atelier s’inscrit dans la lignée de la célèbre “Fresque du climat”, cet outil pédagogique et grand public sur le changement climatique. Cette fois, Matthieu Witvoet et Audrey Borowski innovent en intégrant le mouvement dans l’apprentissage des notions liées au climat. En amont, pour créer l’atelier, ils ont travaillé pendant un an avec des experts du climat, des spécialistes du cerveau, des game-designers et des athlètes olympiques.

Pour développer leur concept, les cofondateurs forment de nouveaux coachs qui pourront à leur tour animer l’atelier. Au cœur de l’Institut National du Sport à Paris, une dizaine de nouveaux coachs venus de toute la France ont rendez-vous pour une formation. Ils vont vivre l’atelier du Climate Workout grandeur nature, avant de décrypter chaque étape avec les animateurs. “C’est un atelier qui dure 1h30 dont le but est de s’amuser, de passer un bon moment, mais aussi d’apprendre les grands enjeux sur le climat”, introduit Matthieu Witvoet. Le conférencier répartit les participants et futurs coachs en quatre équipes et présente les six temps forts du jeu dont le principal : le Carbone Quiz. L’animation commence avec une première question : "quelle est l’empreinte carbone d’un Chinois ?". Les équipes se concertent et tombent d’accord sur un chiffre en tonnes. La particularité réside dans la manière de donner la réponse. Les joueurs ne doivent pas répondre à l’oral mais réaliser le nombre de burpees – des sauts rapides – correspondant à la réponse. Il fallait s’arrêter à huit sauts équivalent à huit tonnes pour gagner cette première manche. A titre de comparaison, "en France on est à dix tonnes, rappelle Matthieu Witvoet*, quand il faudrait être à deux tonnes pour respecter les accords de Paris"*.

Le sport, un outil puissant à disposition du climat

Le Climate Workout est aujourd’hui adapté à tout niveau sportif. “Au départ, l’atelier a été pensé avec des athlètes de haut niveau donc c’était très sportif. Maintenant on parle d’olympiades du climat parce qu’on s’adapte au niveau des participants", précise Audrey Borowski. "Lorsqu’on intervient en entreprise, on est plus sur des jeux et du mouvement que sur des pompes", complète-t-elle. Depuis deux ans, Audrey Borowski a quitté Paris pour s’installer à Annecy où elle pratique du sport en nature. C’est là-bas, qu’elle a été confrontée directement au dérèglement climatique, "lorsque j’allais m'entraîner, je voyais le manque de neige sur les montagnes". De là est née sa volonté de parler des enjeux climatiques à travers sa passion. "Le sport c’est quelque chose d’universel, avec de vraies valeurs : l’émotion, le partage, le jeu collectif. C’est un outil puissant qu’on peut mettre à disposition du climat".

Dans les rangs des futurs coachs du Climate Workout se glissent plusieurs athlètes de haut niveau dont Florence Masnada, double médaillée de bronze en ski alpin aux Jeux olympiques de 1992 et 1998. Elle donne déjà des conférences par ailleurs, sur la performance notamment, mais cette nouvelle formule lui permet de se sentir plus légitime pour parler d’environnement. “Je ne me voyais pas me former en tant que scientifique, puisque je ne le suis pas, en revanche, sensibiliser aux enjeux climatiques avec le corps en mouvement me correspond totalement”, se réjouit-elle. Pour Matthieu Witvoet, les athlètes de haut niveau ont un atout, leur influence. “Ils sont suivis non pas comme des experts mais avec une touche émotionnelle qui fait que s’ils parlent climat, ça infuse plus dans la société”, avance-t-il.

Mémoriser avec le corps

L’intérêt de cet atelier se situe aussi sur le plan de la mémoire reconnaît Sébastien, l’un des participants, déterminé à s’investir pour l’avenir de ses enfants. "On ancre beaucoup plus ce qu’on apprend quand on est dans le mouvement", remarque-t-il. Une observation confirmée par le cofondateur : “l’intérêt c’est d’activer la mémoire kinesthésique, c’est-à-dire d’apprendre avec le corps”. Bouger ensemble pour mieux mémoriser mais aussi pour parler d’écologie de façon moins anxiogène. “On culpabilise pas, on ne sort pas de cet atelier en étant déprimé”, constate Sébastien.

Enfin, pour embarquer tous les participants, Matthieu Witvoet et Audrey Borowski utilisent un dernier levier, celui du récit. Durant le jeu, les équipes se retrouvent sur une île fictive confrontée à la montée des eaux. Pour y faire face, les participants doivent répondre correctement aux questions posées pour faire baisser la température de l’île. “On vulgarise tout ce qui se passe à l’échelle de la planète pour permettre aux gens de se sentir plus concernés”, justifie Audrey Borowski.

Au total, les cofondateurs forment ainsi une soixantaine de coachs grâce à qui ils espèrent sensibiliser 24 000 personnes d’ici la fin de l’année. Un chiffre symbolique en référence à l’année des Jeux olympiques de Paris.

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