En hommage aux femmes, à l'occasion de la Journée internationale des femmes…
Dans un monde où les crises environnementales s’intensifient, les femmes sont particulièrement vulnérables en raison de multiples facteurs socio-économiques et culturels. Dans de nombreuses sociétés, elles sont chargées de la gestion des ressources naturelles essentielles à la subsistance, comme l’eau, les sols fertiles et les forêts. Cette responsabilité les place en première ligne face aux effets du changement climatique, tels que les sécheresses, les inondations et la désertification, qui compliquent l'accès aux ressources et aggravent les inégalités existantes. Par exemple, selon l’ONU, les femmes, en particulier dans les pays du Sud, passent en moyenne 200 millions d’heures par jour à collecter de l’eau, un fardeau qui s’alourdit lorsque les sources se tarissent en raison de l’élévation des températures et de la déforestation. De plus, les catastrophes environnementales augmentent le risque de déplacements forcés et de violences de genre, renforçant encore leur précarité. La dépendance accrue des femmes à des écosystèmes en équilibre les rend donc particulièrement exposées aux crises écologiques, tout en leur conférant une connaissance approfondie des pratiques de gestion durable, souvent marginalisée dans les décisions politiques et économiques.

Les femmes constituent le premier groupe et le plus vulnérable au réchauffement climatique.
Historiquement, les femmes ont joué un rôle central dans la préservation de l’environnement en raison de leur implication dans l’agriculture, la médecine traditionnelle et l’économie domestique, qui les ont conduites à observer les cycles naturels et à développer des savoirs écologiques essentiels. Contrairement aux modèles industriels d’exploitation intensive, souvent dominés par des logiques masculines de croissance illimitée et d’extraction des ressources, les pratiques féminines ont favorisé des approches holistiques, ancrées dans la durabilité et la régénération. Nous allons maintenant découvrir quelques-uns de ces rôles historiques joués par les femmes :
Rôle historique des femmes dans l’activisme environnemental
Le rôle historique des femmes dans la protection de l’environnement est profondément ancré dans les luttes écologiques et sociales à travers le monde. Dès le XIXe siècle, des femmes ont joué un rôle majeur dans la conservation des ressources naturelles et la dénonciation des abus environnementaux, bien que leur contribution ait souvent été sous-estimée.
L’un des premiers mouvements écologistes féminins notables fut celui des femmes Chipko en Inde dans les années 1970. Inspirées par des traditions locales de respect de la nature, ces villageoises ont pratiqué l’embrassement des arbres (chipko signifie "s’accrocher" en hindi) pour empêcher la déforestation massive orchestrée par des entreprises exploitant illégalement les forêts. Ce mouvement, dirigé par des figures comme Gaura Devi, a non seulement protégé des milliers d’hectares de forêt, mais a aussi mis en lumière l’impact environnemental du développement économique aveugle.
Les femmes du mouvement Chipko montrent leur détermination à lutter contre la déforestation
Dans un autre contexte, Wangari Maathai (1940-2011), biologiste et militante kényane, a fondé le mouvement de la Ceinture verte dans les années 1970, qui a permis la plantation de plus de 50 millions d’arbres à travers l’Afrique. Son initiative ne se limitait pas à la reforestation : elle visait aussi l’émancipation des femmes en leur offrant des opportunités économiques et en les intégrant dans la gestion durable des ressources. Son combat lui a valu le Prix Nobel de la Paix en 2004, une reconnaissance rare pour une militante écologiste.
Mme Wangari Maathai a remporté le prix Nobel pour ses efforts inlassables en faveur de la protection de l’environnement.
Dans le monde occidental, Rachel Carson (1907-1964) a marqué un tournant dans la prise de conscience environnementale avec son ouvrage Silent Spring (1962), qui a révélé les dangers des pesticides comme le DDT sur la biodiversité et la santé humaine. Son travail a mené à l’interdiction du DDT aux États-Unis et à la création de l’Agence de protection de l’environnement (EPA).
Ces exemples montrent que les femmes, à travers l’histoire, ont été à l’avant-garde des luttes écologiques, non seulement en tant que gardiennes des ressources naturelles mais aussi comme actrices de changement social et politique. Leur engagement s’inscrit dans une vision à long terme de la préservation des écosystèmes, souvent en lien avec la défense des droits humains, de la justice sociale et de l’autonomisation des communautés marginalisées.
Le livre de Mme Carson a été une révolution complète dans l’activisme environnemental.
Féminin, c'est la nature
Dans de nombreuses cultures indigènes, les femmes étaient les gardiennes des semences et pratiquaient l’agroécologie bien avant que ces concepts ne soient théorisés par la science moderne. Le lien entre genre et protection de la nature a également été amplifié par l’écoféminisme, qui dénonce l’assimilation historique de la nature à une ressource à exploiter et des femmes à des objets de domination. Des figures comme Vandana Shiva ont démontré comment les modèles économiques patriarcaux ont mené à la destruction des écosystèmes, tandis que les femmes, de par leur rôle traditionnel, ont été les premières à exiger des limites aux excès extractivistes. Cette corrélation entre oppression des femmes et destruction de la nature éclaire pourquoi, à travers les siècles et encore aujourd’hui, les femmes sont souvent à l’origine des mouvements de résistance écologiques et des appels à une gouvernance environnementale plus éthique et équilibrée.
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