Sécurité climatique ou sécurité militaire ? Comment le nouveau budget de Trump met gravement en péril les efforts climatiques mondiaux
Le 4 juillet 2025, alors que les feux d’artifice illuminaient Washington, Donald Trump signait, avec emphase et fanfare, sa nouvelle loi budgétaire qualifiée de « Big Beautiful Bill ». Ce texte, salué par ses partisans comme un triomphe fiscal et sécuritaire, consacre une hausse spectaculaire des dépenses militaires américaines — plus de 1 000 milliards de dollars pour le Pentagone. Derrière l’emballage patriotique et populiste, une autre réalité se dessine : l’empreinte carbone massive de la machine militaire américaine.
Le plus grand pollueur institutionnel du monde
Selon une étude récente publiée dans la revue
PLOS Climate, le Département de la Défense des États-Unis est le plus grand émetteur institutionnel de gaz à effet de serre au monde. Il surpasse des pays entiers à travers ses activités permanentes : maintien de bases à l'étranger, transport de troupes et d’armes, entraînements intensifs, et usage massif de carburants fossiles — notamment le kérosène militaire.
Mais jusqu’ici, peu de travaux avaient établi un lien direct entre les niveaux de dépenses militaires et la consommation énergétique réelle du Pentagone.
Dans cette nouvelle analyse, Ryan Thombs (Université d’État de Pennsylvanie) et ses collègues ont compilé les données budgétaires et énergétiques du DoD de 1975 à 2022. Leur conclusion est claire :
« Chaque réduction des dépenses militaires est associée à une baisse significative de la consommation énergétique, notamment dans les infrastructures, les véhicules lourds et, surtout, les carburéacteurs. »
Fait intéressant : l’effet positif d’une réduction budgétaire sur l’énergie économisée est plus fort que l’effet inverse d’une augmentation des dépenses. En d’autres termes, couper dans le budget de la Défense permettrait de réaliser des économies d’énergie bien plus importantes que ce que l’on pourrait craindre d’une hausse.
Des projections révélatrices
Le modèle prévisionnel des chercheurs montre que si les États-Unis maintenaient des coupes modérées mais soutenues dans leurs dépenses militaires entre 2023 et 2032, les économies d’énergie annuelles pourraient atteindre l’équivalent de la consommation énergétique annuelle de l’État du Delaware ou d’un pays comme la Slovénie.
Une réduction concrète de la pollution. Une action climatique réelle. Une alternative à la rhétorique sécuritaire.
Sécurité climatique ou sécurité militaire ?
Cette recherche vient percuter de plein fouet le discours officiel. Car même le Pentagone reconnaît aujourd’hui que le changement climatique est un multiplicateur de menaces : instabilité géopolitique, catastrophes naturelles, flux migratoires forcés. Ironie tragique : l’institution qui s’en dit victime contribue activement à l’aggravation de ce même phénomène.
Alors que Trump réduit drastiquement les budgets environnementaux et augmente les ressources militaires, la politique américaine semble miser sur la guerre plutôt que sur la résilience écologique.
Si l’on prend au sérieux l’urgence climatique, alors les choix budgétaires ne sont pas neutres.
Chaque dollar versé au complexe militaro-industriel est un dollar qui pourrait contribuer à la transition énergétique.
Chaque avion de chasse flambant neuf est aussi une tonne de CO₂ de plus dans l’atmosphère.
Comme le résume l’étude de PLOS Climate, « Des réductions durables des dépenses militaires pourraient générer des économies d’énergie annuelles comparables à celles d’un État entier. »
Reste une question centrale : la planète peut-elle encore se permettre l’armée américaine ?
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