Source : fr.statista.com / Tristan Gaudiaut
Quelles alternatives ?
franceculture.fr. De nombreuses alternatives sont déjà en place pour tenter de diminuer l'utilisation de pesticides. Il y a déjà la diminution des doses en elles-mêmes. Il faut tenir compte de la densité de végétation sur une terre et adapter la quantité de produit en fonction. Un dosage que Jean-Paul Douzals, directeur de recherches à l'Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture), compare à celui d'un médicament, qui s'applique selon l'âge et le poids d'une personne. "Si les agriculteurs jouent la sécurité, ils appliquent la pleine dose tout le temps et ce n'est pas intéressant, ni d'un point de vue agronomique, ni environnemental", ajoute le chercheur. Autre méthode pour éviter une consommation excessive, n'utiliser du désherbant qu'un rang sur deux dans les vignes ou vergers.
Le désherbage mécanique est aussi recommandé, à la place du chimique. À l'Inra, Laure Mamy, chercheuse à l'Inra et spécialisée sur l'impact des pesticides sur l'environnement, et ses collègues ont accompagné plusieurs projets de recherches en méthodes alternatives. À commencer par la diversification des cultures. Les maladies et les parasites sont spécifiques pour chaque culture. En réimplantant chaque année les mêmes cultures, la pression parasitaire se renforce. Changer de cultures régulièrement permet de réduire cette pression et de limiter le recours aux traitements chimiques.
Entre chaque culture, pour éviter que les terres ne soient nues l'hiver, des cultures intermédiaires sont utilisées. Bien souvent, elles ne sont ni récoltées ni rentables et sont simplement détruites avant la semence des futures cultures, et du désherbant est dans ce cas utilisé. Laure Mamy, chercheuse à l'Inra et spécialisée sur l'impact des pesticides sur l'environnement, prône l'introduction de cultures intermédiaires gélives, comme le trèfle ou la moutarde, qui seront détruites avec les premières gelées de l'hiver. "Le sol est protégé, l'enfouissement des résidus de culture apporte de la matière organique au sol et va l'enrichir pour la prochaine culture", détaille la spécialiste.
Des produits de bio-contrôle basés sur des micro-organismes (certains trichoderma, sorte de champignons), des substances d'origine naturelle (l'huile de menthe verte) et des phéromones sont aussi à l'étude. Leur efficacité devra être durable sans modifier l'environnement, les écosystèmes ni avoir d'effet néfaste sur la santé humaine pour que les tests soient concluants.
"Ces méthodes alternatives ont montré que l'usage des pesticides peut être réduit de façon significative, jusqu'à 80% voire plus dans certains cas", affirme Laure Mamy. Une généralisation qui prend du temps reconnaît la chercheuse, en raison de la formation nécessaire et de l'investissement en nouveau matériel nécessaires pour l'agriculteur.
Aujourd'hui, seule 6,5% de la surface agricole française est classée bio en France. Le gouvernement entend la porter à 15% d'ici 2022.