De l'autre côté des Verts saoudiens
Un article publié sur BBC News Afrique le 23 février 2022 a révélé des vérités derrière le projet Neom.
Approvisionnement alimentaire : Neom sera «la ville la plus autosuffisante au monde » grâce à l’agriculture verticale et aux serres. D’après la banque mondiale en 2022, l’Arabie saoudite importe près de 80% de ses besoins alimentaires. Dans cette situation, parler de l’autosuffisance n’est qu’une illusion.
Dessalement de l’eau grâce aux énergies renouvelables : En raison des conditions météorologiques et du manque d’eau, l’Arabie saoudite fournit de l'eau potable grâce aux usines de dessalement. Ce processus coûteux est alimenté par des combustible fossiles. En plus, cette méthode a de grands impacts sur les écosystèmes marins à cause du rejet d’une bouillie de saumure et de produits chimiques toxiques dans la mer.
Les autorités de Neom prétendent d’une révolution dans ce processus grâce aux énergies renouvelables et la saumure sera utilisé comme matière première industrielle. Cependant, les experts doutent fortement que ce scénario est trop optimiste, parce que c’est une technologie non éprouvée.
Violation des droits humains : Les autorités parlent de la création des emplois et de la génération des richesses mais jusqu’à présent la réalité est autre chose. Selon le rapport des défenseurs des droits de l’homme, deux villes ont été rasées et que 20 000 membres de la tribu Huwaitat ont été déplacés de force, sans compensation adéquate, afin de construire la mégapole.
Un homme nommé Abdulrahim al-Huwaiti a été abattu par les forces de sécurité à cause de son refus de son expulsion et de la publication d’une vidéo en ligne.
Aramco : L’un des objectifs de l’initiative verte saoudienne est d’atteindre zéro émission nette d'ici 2060. C’est pour ça que l’Arabie saoudite a promis de mettre le géant pétrolier public Aramco sur la voie de la neutralité carbone à l’horizon 2050. Aramco est considérée comme la principale source de financement du vaste programme de réformes économiques et sociales du prince héritier Mohammed ben Salmane. Selon les rapports, ce mastodonte saoudien a gagné 27.27 milliards de dollars au premier trimestre 2024. Malgré la promesse des Saoudiens, c’est très loin d’avoir atteint l’objectif souhaitable parce qu’en 2023 Aramco a été accusée par certains experts de l’ONU d’activités qui ont eu des conséquences très néfastes dans le domaine climatique. Ces activités sont de « maintenir la production de pétrole brut, d'explorer de nouvelles réserves de pétrole et de gaz, d'étendre ses activités en matière de gaz combustible fossile et d'informations erronées ». En conséquence, les actions destructrices d'Aramco sont en totale contradiction avec l'Accord de Paris et cette compagnie pétrolière est la plus grosse émettrice de gaz à effet de serre conduisant au réchauffement climatique.
Trafic d'animaux sauvages : L’Arabie saoudite est considérée comme l’une des destinations du trafic d’animaux sauvages. Selon le réseau de surveillance Trafic, la vente de guépards a été augmentée. Outre ce pays, Bahreïn et le Koweït sont également les autres clients. Mais comment ? Selon le rapport publié en janvier 2024, les vendeurs vendent les animaux sauvages par les réseaux sociaux : « Entre octobre 2022 et mars 2023, 222 liens ont été recensés concernant le commerce de guépards ou leur utilisation comme animaux de compagnie. Parmi ces liens, 70% renvoient à des comptes ouverts sur divers réseaux sociaux ». Cette vente illégale menace la vie de ces animaux. A titre d’exemple, le nombre de guépard est très inquiétant et Il ne resterait que 6000 spécimens adultes à l’état sauvage.
Un autre cas de trafic d'animaux est lié à celui de faucons au Pakistan vers des pays comme l'Arabie saoudite, Bahreïn et les Émirats arabes unis. La chasse au faucon est strictement interdite au Pakistan. Selon un rapport publié sur le Site francetvinfo, « 700 faucons ont été illégalement capturés et sortis du Pakistan ». Chaque faucon est vendu en moyenne entre 4 000 euros et 20 000 euros. Mais pourquoi ? Parce que la fauconnerie est une tradition ancestrale au pays arabes cités ci-dessus et chaque année on y organise des compétitions à l’échelle régionale et internationale afin de choisir faucon le plus rapide.
Effets de la guerre entre le Yémen et l’Arabie saoudite : Le dernier objectif de l'initiative verte saoudienne est la lutte contre la famine. C’est un paradoxe. Malheureusement, cette guerre a influencé la vie des yéménites surtout les enfants et les femmes. Selon un rapport publié le 24 mars 2023 sur le site de l'UNICEF, les yéménites subissent des effets de la guerre :
- Près de 70 % de la population a besoin d’une aide humanitaire et d’une protection.
- Quelques 17,4 millions de Yéménites sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë.
- 2,2 millions d’enfants de moins de 5 ans et 1,3 million de femmes enceintes et allaitantes souffrent de malnutrition aiguë.
- Plus de 17,8 millions de Yéménites, dont 9,2 millions d’enfants, n’ont pas accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène.
En plus de cela, nous devrions également penser à l’Arabie saoudite nucléaire. Est-il éthique de construire une infrastructure nucléaire pendant la guerre avec le Yémen ?
En somme, certains accusent Mohammad Bin Salman du faire greenwashing et détourner l’attention de la réalité. Derrière le voile des projets d’énergies renouvelables se cache la dure réalité du statut de l’Arabie saoudite en tant que premier pays producteur de pétrole et deuxième exportateur de pétrole au monde.
Nous tromper par le greenwashing ? La véritable durabilité nécessite la responsabilité, la transparence et l’engagement en faveur de la justice – des principes qui doivent guider l’Arabie saoudite et toutes les nations sur la voie d’un avenir plus vert et plus équitable.