Notre civilisation pour le moins dissolue ne tient pas compte des conséquences dramatiques de cette matière omniprésente, pourtant le plastique fait des milliers de victimes chaque année.
Ce plastique qui nous enterrera, le coronavirus nous indique comment en sortir
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Malgré l’éveil de la conscience collective sur les dangers liés à l’ubiquité de la matière plastique aujourd’hui et l’utilisation le plus souvent éphémère des produits qui en résultent, les industries d’emballages, pailles, cotons tiges, eau minérale, gobelets et assiettes jetables tardent à y trouver des alternatives économiquement soutenables. Pendant ce temps les déchets plastiques bâtissent leur empire monstrueusement dans nos océans profitant de notre négligence. Un 7e continent est annoncé.

La bouleversante découverte de Charles J. Moore

« Seuls nous les humains produisons des déchets que la nature ne peut pas digérer » disait Charles J. Moore, fondateur de la Fondation Algata pour la Recherche en Mer. En 1997, cet homme dont l’océan est devenu le bureau aujourd’hui découvre le vortex de déchets du Pacifique nord, une accumulation de détritus majoritairement plastiques. Son équipage et lui ont eu du mal à s’en défère au retour d’une course à la voile entre Los Angeles et Honolulu la capitale d’Hawaï. Quel ne fut pas leur bouleversement quand ils ont réalisé qu’un seul jour ne suffirait pas pour s’en sortir : il leur a fallu une semaine pour se libérer de ce piège à poubelle océanique. Avec une superficie de 3,4 millions de km2 soit la taille de l’Inde, cette découverte en plus de transformer la vie du capitaine Moore qui s’est engagé depuis lors à porter de la voix afin d’alerter les esprits pour une véritable transformation de nos habitudes, a davantage attiré l’attention des scientifiques et de l’opinion publique. Un gigantesque tas d’ordures flottant, comment en sommes-nous arrivés là ? Sommes-nous devenus trop dangereux pour la planète ? Une chose qui est certaine, c’est qu’avec tout ce qu’on y déverse, on peut être sûr de la toxicité de ce qui en ressort comme ressources halieutiques.

Cent mille mammifères marins en meurent chaque année. C’est un chiffre énorme mais pas surréaliste car environ douze tonnes de plastiques sont produits par seconde dans le monde. Cependant, jusque là on n’a fait que sensibiliser.

Entre sensibilisation et sanction que choisir ?

Jusque là on n’a fait que sensibiliser. L’inaction n’est plus une option et nous en sommes plus que jamais conscients. Toutefois, nos modes de vie sont tellement enracinés dans ce modèle sans cesse remis en cause que la sensibilisation ne trouve pas bonne oreille. Malgré les campagnes de communication, les interdictions de distribution d’emballages plastiques jetables dans le commerce, les populations restent attachées voire attirées par ces emballages jugés plus propres, pratiques, en adéquation avec les besoins immédiats et coûtent moins cher. De leurs côtés, les industriels du plastique se portent bien et pour le moment rien ne menace leur business.

A qui la faute ? Cette question n’aidera guère à résoudre le problème lorsque nous seront submergés par nos propres déchets. Si nous ne faisons rien, la planète continuera de vivre sous d’autres formes tout en admirant notre extinction. Vous l’aurez bien compris, aujourd’hui la lutte écologique n’est plus celle de la préservation de la nature car elle n’existe plus. Il s’agit à présent de préserver les restes de cette biodiversité mourante et dont la disparition totale sonnera surement la fin de notre ère. Il s’agit en un mot de prolonger l’habitabilité de terre. Pour ce faire, il faudra sûrement des mesures drastiques car la sensibilisation a fait son temps mais l’être humain semble agir que par contrainte.

Le coronavirus ou les hommes à l’épreuve de la contrainte

Il est regrettable et déplorable le nombre de personnes que nous avons perdues depuis le début de l’année 2020. Ces jeunes, ces adultes, ces mères et pères de familles, ces frères et sœurs, ces proches que les catastrophes climatiques et sanitaires n’ont malheureusement pas épargnés. Mais cela n’a pas échappé aux consciences éveillées, le Coronavirus a montré qu’il était tout à fait possible de changer des comportements, prendre des mesures drastiques, se mobiliser à l’échelle globale face à un risque planétaire. Le changement est donc possible quand l’urgence devient à l’unanimité une évidence et lorsqu’on dépasse le cadre de la sensibilisation. Ce plastique qui nous enterrera, le coronavirus nous indique comment en sortir. Bien qu’il y ait eu des signes avant-coureurs d’une crise sanitaire mondiale (comme le cas de la crise environnementale en cours aujourd’hui), bien qu’il y ait eu des alertes et des sensibilisations aux gestes à éviter, les populations et leurs dirigeants n’ont rien respecté jusqu’aux 100 premiers morts. Il a fallu hausser le ton, il a fallu ordonner le confinement, il a fallu des amendes, il a fallu contraindre. Il faut s’attendre à davantage de crises surtout sanitaires car à force de ne plus avoir d’arbre, à force d’appauvrir la biodiversité, à force de consommer des produits issus de l’élevage industriel, la nature n’a plus de forces pour absorber certains microbes, l’organisme n’a plus de défense naturelle pour résister à la moindre attaque.

Il semble aujourd’hui évident que la planète atteint progressivement son point de rupture face à une douteuse pertinence de l’action gouvernementale, cette action qui se mue progressivement en greenwashing, une utilisation abusive des messages de protection de l’environnement, un verdissement des logos de campagne non environnementales, un écoblanchiment souvent institutionnel maquillant des projets qui n’ont jamais inaboutis. La lutte contre la pollution plastique doit aujourd’hui dépasser le stade de la sensibilisation, car les relations entre l’homme et son environnement se sont fortement détériorées à cause de cette matière.

Yves-Landry Kouamé

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