Voici Toughie, décédé en 2016 et signant alors le clap de fin de son espèce de grenouilles. // Source : Brian Gratwicke
Il est possible de paramétrer cette liste en fonction du statut des espèces, des zones géographiques et des années. Si l’on entre des données pour la terre entière, entre 2010 et 2019, les chiffres qui apparaissent sont frappants. Au total, ce sont 476 espèces qui se sont éteintes lors de la décennie :
- 435 espèces sont entièrement éteintes.
- 41 espèces sont éteintes dans la nature (cela signifie qu’elles perdurent toujours dans des parcs et divers lieux protégés).
Ces chiffres sont à lire en ayant en tête que le « taux normal » des extinctions, hors période d’extinction de masse, est d’une espèce par an, avant l’humanité. Relevons également que, parfois, les espèces peuvent avoir disparu un peu avant leur année de disparition officielle, mais il faut du temps pour que les scientifiques soient définitivement certains que plus aucun individu n’existe. Déclarer une espèce comme éteinte est une ultime résignation, quand toutes les recherches se sont avérées infructueuses. Les chiffrent à l’échelle d’une décennie spécifique relèvent donc d’une estimation… d’autant qu’il existe des espèces non-encore répertoriées qui disparaissent elles aussi.
UN MAMMIFÈRE DISPARU À CAUSE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
C’est en 2016 que, pour la première fois, un mammifère a été déclaré éteint avec pour cause certaine le changement climatique. Le petit rongeur Melomys rubicola a été aperçu pour la dernière fois par un pêcheur en 2009. Le scénario est le même que pour bien d’autres extinctions passées et à venir, mammifères ou non : la destruction de l’habitat. En l’occurrence, face à la montée des eaux due au réchauffement, l’île sur laquelle vivait le rongeur a perdu une grande partie de sa végétation, faisant disparaître 97 % de l’habitat de Melomys rubicola.
Une grenouille répondant au doux nom deToughiefut déclarée morte, également en 2016, signant avec elle la fin de toute son espèce, dont elle était la dernière représentante. Elle était pourtant unique au monde : ses pattes donnaient l’impression d’être trop grandes par rapport à son corps, lui donnant un petit air pataud amusant. Un escargot nommé George est lui aussi décédé, le 1er janvier 2019, en marquant la fin de son espèce (Achatinella apexfulva, des escargots tropicaux très colorés) après des années de destruction de son habitat forestier à Hawaï.
QUAND UNE ESPÈCE A DISPARU, IL N’Y A PAS DE RETOUR EN ARRIÈRE
En 2012, c’est George le solitaire qui a rendu son dernier souffle. Il était le dernier représentant de l’une des 13 sous-espèces de tortues des Galapagos. Peu de temps après, des scientifiques ont toutefois découvert plusieurs individus qui descendaient des mêmes ancêtres que lui, avec des correspondances partielles dans l’ADN. Cette trouvaille a fait naître, depuis, l’espoir de redonner vie un jour à l’espèce de George — voire de se rendre compte qu’il en perdure encore d’autres individus.
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