Six pays réclament des mesures ambitieuses contre la pollution microplastique
Dans une déclaration commune datée de mercredi (26 avril) et consultée par EURACTIV, la Norvège et cinq États membres de l’Union européenne ont appelé l’UE à proposer une loi ambitieuse pour lutter contre la pollution par les microplastiques.
Les signataires de la déclaration — à savoir le Danemark, la France, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Norvège — se réjouissent de l’objectif de l’UE de réduire les microplastiques rejetés dans l’environnement de 30 % d’ici 2030, mais insistent sur le fait que cet objectif doit être soutenu par une législation européenne.
« Les microplastiques se retrouvent dans l’environnement à tous les stades du cycle de vie des plastiques : production, utilisation et élimination. Ils prennent différentes formes et tailles », écrivent les six pays dans la déclaration commune.
« Ils se répandent dans l’air, l’eau et le sol et se retrouvent même dans le biote et le corps humain. En outre, il existe des indices suggérant que les microplastiques peuvent nuire à la santé humaine et aux écosystèmes, y compris aux espèces aquatiques », poursuivent-ils.
L’année dernière, la Commission européenne a organisé une consultation publique sur une initiative visant à lutter contre les microplastiques rejetés involontairement dans l’environnement, afin de créer une loi pour étiqueter, normaliser, certifier et règlementer les principales sources de microplastiques.
Selon l’exécutif européen, cela permettrait d’améliorer les connaissances sur les risques et la présence de microplastiques dans l’environnement, l’eau du robinet et les aliments, et de réduire l’impact sur l’environnement et les risques pour la santé.
Les six pays demandent à Bruxelles « d’introduire les mesures nécessaires pour atteindre l’objectif de réduction proposé » en matière de microplastiques.
Les microplastiques sont de minuscules morceaux de plastique, dont la taille est généralement inférieure à cinq millimètres. Ils peuvent être ingérés par les animaux et s’accumuler en remontant la chaîne alimentaire.
Il existe deux sources de pollution par les microplastiques. La première est constituée de petites particules rejetées directement par le lavage des vêtements synthétiques, les pneus usés par la route et les microplastiques contenus dans les produits de beauté, tels que les exfoliants pour le visage. Ces particules représentent 15 à 31 % des microplastiques trouvés dans l’océan.
L’autre type de microplastiques, qui représente 69 à 81 % des microplastiques dans les océans, est libéré lors de la dégradation d’objets en plastique plus grands, tels que les sacs, les bouteilles ou les filets de pêche.
Les Nations unies estiment que les microplastiques présents dans les mers sont désormais plus nombreux que les étoiles de notre galaxie. On en trouve dans de nombreuses espèces animales, dans l’air, dans l’eau en bouteille, dans la bière, dans le corps humain et même dans les neiges de l’Arctique.
« La nécessité de s’attaquer à la pollution par les microplastiques devient de plus en plus urgente », estiment les six pays, qui demandent à la Commission de prendre des mesures préventives pour bloquer la pollution à la source. Des méthodes uniformisées de surveillance des microplastiques devraient également être mises en place, affirment-ils.
Enfin, les six signataires de la déclaration exhortent la Commission à reconnaître que la pollution par les microplastiques est un défi transfrontalier qui nécessite une législation européenne ambitieuse et des mesures incluses dans un prochain traité de l’ONU visant à mettre fin à la pollution plastique.
En plus de la loi proposée, les six États membres soutiennent que la pollution par les microplastiques devrait être intégrée dans d’autres politiques de l’UE, notamment les règles en matière d’écoconception, la directive-cadre sur les déchets, la directive sur les plastiques à usage unique et la loi sur les déchets d’emballage.
Les Pays-Bas ont joué un rôle de premier plan dans la lutte contre les microplastiques au niveau de l’UE, en lançant un appel conjoint avec quatre autres pays de l’UE il y a près de dix ans pour interdire les microplastiques utilisés dans les détergents et les cosmétiques.
Les Pays-Bas sont particulièrement inquiets, car ils craignent que leur production nationale de moules ne souffre de la pollution par les microplastiques.