La pollution de l'air tue. Les constructeurs automobiles ont cette responsabilité directe d'en diminuer au maximum les effets.
Qui sont les effets de tricheries sur les émissions des véhicules ?

Des chercheurs américains et européens ont déterminé les conséquences des dépassements d’émissions des véhicules permises par des logiciels truqueurs et des procédures d’homologation défaillantes. Les hommes, mais aussi la nature et l’agriculture, ont trinqué.

HOMOLOGATION. La pollution de l'air tue. Les constructeurs automobiles ont cette responsabilité directe d'en diminuer au maximum les effets. D'où des conséquences juridiques potentiellement dévastatrices pour les Volkswagen, Fiat, Renault, PSA accusés soit d'avoir utilisé des logiciels truqueurs, soit d'avoir installé des systèmes permettant de passer les tests de conformité de leurs moteurs en donnant l'illusion de respecter les normes d'émissions. Quelles sont les conséquences de ces actes qui sont aujourd'hui examinés par la justice ?

L'ONG " International council on clean transportation " (ICCT, à l'origine aux Etats-Unis de la révélation du scandale), la société Environmental Health Analytics LLC, l'Université du Colorado et le Stockholm Environment Institute de l'Université de York (Royaume Uni) ont modélisé à la fois l'impact de ces tricheries sur la santé publique et l'agriculture et ce que ferait gagner le respect des normes d'émissions pour la population. Les chercheurs ont étudié la situation des 11 principaux pays (Europe des 28, Etats-Unis, Japon, Chine, Inde, Australie, Brésil, Canada, Mexique, Corée du sud, Russie) représentant 80% du marché automobile mondial pour la seule année 2015. Leurs résultats viennent d'être publiés dans Nature.

Les tricheries ont provoqué le largage de 4,6 millions de tonnes de gaz toxique dans l'atmosphère

DIESEL. Les chercheurs ont d'abord calculé le tonnage des émissions d'oxydes d'azote (NOx) indument relâché dans l'atmosphère par les seuls poids lourds et voitures particulières diesel hors normes, soit 1/3 du parc roulant. Ce sont en effet principalement les NOx qui sont en cause, les motorisations diesel n'arrivant pas à respecter les normes Euro 6 pour l'Europe et celles de l'Agence fédérale de l'environnement (EPA) des Etats-Unis sans des systèmes onéreux de dépollution que les constructeurs ont voulu éviter d'installer. Ces calculs sont très solides pour les Etats-Unis et l'Europe où l'âge et la composition du parc automobile sont bien connus. Il a fallu faire des estimations pour des pays aux statistiques plus faibles. Ce sont ainsi 4,6 millions de tonnes de NOx qui ont été émises en excès en 2015, soit un surplus de 31 à 56% selon les pays.

Les études épidémiologiques établissent des liens robustes entre les teneurs de polluants dans l'atmosphère et la mortalité humaine. En appliquant ces formules mathématiques, les chercheurs sont arrivés à une moyenne de 38.000 morts et 625.000 années de vie perdues pour les 11 pays en une seule année. La Chine, l'Union européenne et l'Inde sont les pays qui connaissent la plus forte mortalité. Dans la totalité des pays sauf l'Europe, ce sont les poids lourds qui sont majoritairement responsables des émissions avec un dépassement de 45% des valeurs d'homologation, tandis que l'Europe est affectée prioritairement par les véhicules particuliers avec des dépassements moyens de 70% des valeurs limites autorisées.

Des milliers de tonnes de blé perdues

OZONE. Les NOx sont par ailleurs des précurseurs de formation de l'ozone, l'été quand le rayonnement solaire favorise la formation de ce gaz polluant et oxydant. Outre la santé humaine, l'ozone affecte les végétaux. Cette pollution diminue ainsi le rendement des récoltes. En Europe, l'excès d'ozone provoqué par le non-respect des normes provoque une baisse de production de blé de 0,2 à 0,3% soit 190.000 à 350.000 tonnes perdues. Les chercheurs ont ensuite évalué l'impact sanitaire si rien n'était fait pour réduire les émissions. Ils arrivent ainsi à un bilan de 183.600 morts prématurées à l'horizon 2040.

Fort heureusement, ce scénario est improbable. D'abord, les technologies de dépollution des véhicules existent déjà. Ensuite, une part du parc automobile des prochaines années va s'électrifier. Enfin, dès cette année, les véhicules entrant sur le marché devront être testés dans des conditions réelles d'utilisation et non plus sur des bancs d'essai en laboratoire. Les tricheries devraient s'arrêter. Qu'avons-nous à y gagner ? La diminution attendue de la pollution atmosphérique devrait permettre d'éviter 174 000 morts prématurées et près de 3 millions d'années de vie perdues à l'horizon 2040. Au niveau agricole, la Chine éviterait de perdre de 1,7 à 4 millions de tonnes de blé par an à la même échéance. Il n'y a que des avantages à rouler propre. Cette étude devrait éclairer les juges et faire méditer les constructeurs.

Source : sciencesetavenir.fr

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