Près de Toulouse, l’idéal des courses zéro déchet à portée de bocal
Dans ce supermarché de la banlieue toulousaine, présentée par la ministre Olivia Grégoire, chargée de la consommation, comme le « premier supermarché zéro déchet de France » les bocaux s’alignent par centaines dans les rayons, emplis de crème ou sauce tomate, de tablettes de chocolat, saumon fumé ou rondelles de chorizo.
Pour chaque bocal rapporté, les clients reçoivent 10 centimes afin de limiter au maximum les emballages. Car l’objectif de ce « Super Tout Nu », qui tire son nom du plus simple appareil dans lequel se trouvent les denrées, est de « démocratiser la consommation zéro déchet, de la rendre plus simple, plus accessible et plus pratique », explique sa cofondatrice Salomé Géraud.
Elle avait lancé fin 2018, avec son mari Pierre Géraud-Liria, un service de vente en drive ou livraison à domicile de produits « locaux, bio et zéro déchet », avant d’ouvrir en mai 2024 cette enseigne physique à Labège (Haute-Garonne).
Le mouvement « zero waste », apparu au début des années 2000, vise à limiter au maximum tous les déchets, emballages et gaspillage compris.
Le vrac, défini dans la loi comme « la vente au consommateur de produits présentés sans emballage, en quantité choisie par le consommateur, dans des contenants réemployables ou réutilisables », joue donc un rôle crucial.
Parmi les clients dans les allées du « Super Tout Nu », beaucoup expriment une éco-anxiété.
« C’est très important vis-à-vis de la planète de faire le moins de déchets possible. L’écologie, c’est un enjeu primordial à l’heure actuelle », confie Nicolas Fourès, 27 ans, étudiant en alternance en ressources humaines, qui appelle à combattre nos « vieilles habitudes » de consommation.
« au temps des grand-mères »
Le jeune homme s’attarde au rayon frais. La mozzarella, pour l’instant absente, sera bientôt réapprovisionnée: dans l’arrière-boutique, une employée répartit ces sphères lactées, livrées en vrac dans un gros bac en plastique, vers des bocaux individuels. Comme ses équipes le font chaque jour pour toutes sortes d’aliments.
Ces boules de mozzarella ont été produites deux jours plus tôt à quarante kilomètres de là, dans une campagne semée de tournesols. Là-bas, Rémi Bréal et Bastien Porcher Labreuille, cofondateurs de la laiterie Blanca, 38 ans chacun, s’activent dans leur laboratoire où résonnent les plic et ploc du lait caillé qui s’égoutte.
Les deux amis, récemment reconvertis après dix ans dans la finance, ne produisent pas qu’en vrac, mais ce mode de livraison présente un double avantage pour eux, qui les a conduit à appliquer à ces commandes un tarif incitatif (3€ moins cher au kilo).
« En termes environnementaux, c’est mieux, mais (…) on a aussi un intérêt économique, parce que l’emballage nous coûte de l’argent et nous prend du temps en production », explique Rémi Bréal.
Pour d’autres fromages qu’ils produisent, comme la scamorza, ce type de conditionnement a toutefois tendance à réduire la durée de vie du produit, un frein pour certains clients.
Au « Super Tout Nu », on trouve quand même un peu de plastique, autour des magrets emballés sous vide ou de certains produits d’entretien…
Pierre Géraud-Liria s’en accommode: quand le zéro déchet est impossible, ils font une exception afin que leurs clients puissent faire l’intégralité de leurs courses au « Super Tout Nu ».
Pour le reste, le bocal est roi.
« Ça me fait penser au temps des grand-mères », sourit Marie-Agnès Langlet, venue faire ses emplettes ici car elle ne supporte plus la vue « des décharges, des talus de déchets qui s’accumulent ».
« Maintenant, on s’éloigne du plastique pour retourner vers des choses davantage dans la durée », se réjouit cette professeure de langues de 54 ans. « Peut-être que je pourrais faire plus, mais à mon échelle, c’est là où ça commence. »