Nous sommes en train de détruire notre meilleur allié contre le réchauffement climatique : le sol
Avez-vous déjà pris un bout de terre et senti ? Si vous tentez l’expérience, vous allez sentir un arôme frais et terreux singulier. Il s’agit d’une matière organique, constituée en partie de carbone. Et devinez quoi ? Cette terre, cette senteur, est peut-être notre meilleure alliée contre le réchauffement climatique.
LA TERRE, CETTE SOLUTION CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE QUI SE TROUVE JUSTE SOUS NOS PIEDS
Saviez-vous que le sol, ou si vous préférez la terre, partout dans le monde, contient plus de carbone organique que l’air dans le monde entier et toutes les plantes réunies ? En fait, quand ces dernières sont en phase de photosynthèse, elles absorbent le carbone de l’atmosphère et quand les plantes meurent, elles renvoient le carbone qu’elles ont accumulé dans le sol. En d’autres termes, le sol est un gigantesque réservoir de carbone qui, en plus d’emmagasiner le carbone, élimine également le dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Mais ce n’est pas tout. Le stockage du carbone dans le sol aide également à libérer des nutriments essentiels à la croissance des plantes et à améliorer la structure du sol et, notamment, la rétention d’eau.
Comprendre cet écosystème est important car selon les Nations unies, nous serons plus de 9 milliards d’êtres humains dans le monde d’ici 2050. Par conséquent, il y aura une plus grande utilisation du sol. En effet, en matière d’agriculture, lorsque la demande pour un aliment augmente, la production de cet aliment augmente. Mais qu’en est-il du sol ?
LE SOL SE DÉTÉRIORE BEAUCOUP PLUS VITE QU’IL NE SE FORME
Comme le rapporte Phys.org dans un article du mardi 17 décembre 2019, la formation des sols est un processus lent puisque le sol se forme en grande partie au niveau du substratum rocheux qui se situe très profondément sous la surface de la Terre. Or, dans plusieurs pays du monde, l’érosion des sols est accélérée par les activités agricoles à tel point que la vitesse d’érosion des sols dépasse la vitesse de formation des nouveaux sols. Pourtant, plus le sol s’amincit et plus les récoltes s’amenuisent. De plus, la perte des sols réduit la capacité de stockage des nutriments, de l’eau ainsi que du carbone. À long terme, les sols perdent leur capacité productive ainsi que leur capacité à ralentir le changement climatique.
Dan Evans, l’auteur de l’article sur Phys.org, a indiqué qu’avec d’autres scientifiques, ils ont réalisé une étude pour estimer la durée de vie des sols en mesurant les taux de formation et d’érosion du sol. Pour ce faire, ils ont mesuré sa formation dans une ferme arable du Nottinghamshire, au Royaume-Uni, et ont estimé que 30 cm de sol pouvaient être érodés en seulement 138 ans et qu’il faut environ 212 ans pour qu’émerge un substrat rocheux de grès sous-jacent.
IL EST PRIMORDIAL DE RÉDUIRE L’ÉROSION DU SOL ET DE LE RAFFERMIR
Ces estimations ne s’améliorent pas si on tient compte du fait que, dans plusieurs régions du monde, les sols ont fait l’objet de plusieurs siècles d’agriculture intensive. Dans des régions comme l’Asie, l’Amérique latine, les Caraïbes ou encore l’Afrique subsaharienne, la menace d’érosion des sols est élevée et l’écosystème du sol semble même être perturbé.
Pour contrer ce phénomène, Dan Evans déclare que les sociétés devront s’adapter pour inverser l’amincissement des sols et trouver des moyens pour, au contraire, épaissir les sols et allonger leur durée de vie. Malgré tout, le tableau n’est pas totalement sombre puisqu’on peut actuellement observer des changements mineurs dans les pratiques agricoles et particulièrement au niveau de la plantation des cultures pour mieux préserver la qualité du sol.
Malgré tout, on sait maintenant que pour lutter contre le changement climatique, penser aux émissions de gaz à effet de serre ne suffit pas, il faut aussi penser sérieusement à l’état de nos sols.