Le Parlement européen a voté en faveur d’un rapport sur le bien-être animal dans les exploitations agricoles qui servira de base à l’élaboration des nouvelles règles communautaires en la matière.
Le Parlement européen approuve un rapport sur le bien-être animal, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles règles européennes

Toutefois, ce rapport a été critiqué pour son soutien à des pratiques controversées telles que la production de foie gras, ainsi que pour avoir privilégié les intérêts économiques.

Accompagné de plusieurs avis scientifiques de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), le rapport d’initiative, approuvé à une large majorité mardi 15 février, contribuera à orienter les délibérations sur la révision de la législation européenne relative au bien-être animal.

Le rapport souligne la nécessité de clarifier les règles existantes et de poursuivre l’harmonisation dans l’ensemble du bloc, étant donné que la législation européenne actuelle sur le bien-être des animaux destinés à la consommation n’est pas pleinement appliquée dans tous les États membres.

Par ailleurs, selon les députés, la mise à jour des règles de bien-être animal devrait tenir compte de la compétitivité des agriculteurs de l’UE sur le marché agricole mondial, qui ont appelé à la réciprocité dans les accords commerciaux.

Étant donné que les systèmes actuels d’étiquetage relatifs au bien-être animal de l’UE, qui sont volontaires et essentiellement privés, varient considérablement, les députés ont également exprimé leur souhait qu’un code européen obligatoire pour l’étiquetage volontaire soit mis en place afin de fournir un cadre pratique tout en laissant de la place aux initiatives privées.

Suite à cette nouvelle, le rapporteur Jérémy Decerle a confié à EURACTIV qu’il était « satisfait » de voir que le Parlement européen a choisi de soutenir un rapport « équilibré, responsable, raisonnable et reflétant la réalité sur le terrain ».

« Le rapport aborde à la fois les besoins et les accomplissements des agriculteurs et des citoyens », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité pour les agriculteurs d’être rémunérés sur le plan financier pour leurs efforts et d’être reconnus pour le travail qu’ils ont déjà accompli dans la mise en œuvre et l’amélioration des normes.

Pour sa part, la commissaire à la Santé et à la Sécurité alimentaire, Stella Kyriakides, a également approuvé le rapport au cours d’un débat précédant le vote, lundi 14 février.

La commissaire a déclaré qu’elle était « bien consciente de la nature multidimensionnelle du bien-être animal et de la complexité des options disponibles » et a conclu que le rapport « en rendait bien compte ».

Mme Kyriakides a promis de « prendre note » des recommandations et de présenter au Parlement une proposition sur l’étiquetage relatif au bien-être animal, ainsi que la révision de la législation sur le bien-être animal avant la fin de l’année 2023.

Le secteur agricole de l’UE a également salué cette avancée, l’association des agriculteurs de l’UE (COPA-COGECA) affirmant que le fort soutien du Parlement montrait que les auteurs du rapport avaient trouvé « un bon équilibre ».

Toutefois, le résultat du rapport a suscité de vives critiques tant au sein de la gauche du Parlement européen que dans la société civile.

Plus précisément, les critiques ont dénoncé le fait que le rapport privilégie les intérêts économiques des agriculteurs au détriment du bien-être animal. Ils ont également critiqué l’affirmation selon laquelle les violations généralisées du bien-être animal ne sont que des « cas anecdotiques de non-conformité » auxquels on accorde trop d’attention.

Les détracteurs du rapport, parmi lesquels on retrouve l’eurodéputé écologiste Francisco Guerreiro et l’eurodéputée de gauche Anja Hazekamp, ont également dénoncé le fait que des pratiques controversées telles que la production de foie gras, soient considérées comme éthiques dans ce dernier.

Ils ont également souligné le fait que le rapport ne présente même pas de solutions viables au problème de longue date que constitue la caudectomie chez les porcs, qui, bien qu’elle ait été interdite il y a plus de dix ans, n’a été prohibée que dans deux États membres de l’UE à ce jour.

Ce rapport est une « occasion manquée », selon M. Guerreiro, tandis que Mme Hazekamp a mis en doute l’objectivité du rapport, soulignant le fait qu’il avait été placé sous la responsabilité de M. Decerle, qui est lui-même un éleveur de bétail en activité.

M. Decerle a réfuté ces critiques, soulignant que le rapport était le résultat d’un travail d’équipe et constituait un « compromis équilibré ».

« Les agriculteurs savent mieux que quiconque comment s’occuper de leurs animaux », a-t-il affirmé, soulignant que les agriculteurs de l’UE respectent déjà les normes en matière de bien-être animal les plus élevées au monde et qu’il est « inquiétant » que des personnes qui s’occupent de chats et de chiens pensent savoir mieux que quiconque comment s’occuper des animaux d’élevage.

Malgré les grands espoirs initiaux, de nombreux groupes de militants ont également critiqué le rapport, le qualifiant d’inadapté à l’objectif poursuivi et de « peu convaincant ».

Joanna Swabe, directrice principale des affaires publiques de la Humane Society International/Europe, a déclaré que le Parlement avait « non seulement laissé tomber les millions de citoyens européens profondément préoccupés par le bien-être animal, mais également les milliards d’êtres sensibles exploités pour la production alimentaire dans des conditions qui ne répondent souvent pas à leurs besoins en termes de bien-être ».

« Le mépris flagrant de la science du bien-être animal dans ce rapport est consternant », a-t-elle déclaré, ajoutant que l’intérêt premier des eurodéputés semble être « le maintien du statu quo ».

De son côté, Olga Kikou, directrice de Compassion in World Farming EU, a qualifié les résultats de « décourageants ».

« L’assemblée a voté pour un rapport qui ne répond absolument pas à l’objectif annoncé de protéger et d’améliorer le bien-être des animaux d’élevage », a-t-elle conclu.

Source: euractiv.fr

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