Alors que Donald Trump a passé, samedi 29 avril, le cap des 100 jours à la Maison Blanche, la résistance citoyenne ne faiblit pas.
La résistance citoyenne contre la politique climatique de Trump

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé, samedi, lors de la "Marche pour le climat" à Washington. L'occasion pour l'opposition de manifester sa résistance le jour même où Donald Trump passait le cap des 100 jours à la Maison Blanche.

Alors que Donald Trump a passé, samedi 29 avril, le cap des 100 jours à la Maison Blanche, la résistance citoyenne ne faiblit pas. Lors de cette journée symbolique, des dizaines de milliers de personnes - plus de 200 000, selon les organisateurs - ont défilé à Washington D.C., à l’appel d’une cinquantaine d’associations, en faveur de la protection de l’environnement. Une "Climate March" - marche pour le climat - sous une température de plus de 32°C, bien supérieure à la moyenne en cette saison : ce détail n’a évidemment pas échappé aux manifestants contre le réchauffement climatique.


Du Congrès à la Maison Blanche, en passant par l’hôtel Trump sur Pennsylvania Avenue, les pancartes et les slogans visaient directement le président américain. Celui-ci avait notamment affirmé que le changement climatique était un "canular" ou un "concept inventé par les Chinois pour empêcher l'industrie américaine d'être compétitive". Sandrine, une Française expatriée à Washington, est venue en famille. "Moins de pollution, c’est la solution !", scande-t-elle avec son ami et ses enfants. "Nous sommes à la fois préoccupés par l’environnement et contre la politique de Donald Trump. Cette marche nous permet de combattre un peu les deux", explique-t-elle.

Sandrine est venue avec sa famille. En tant que travailleuse humanitaire, c'est la politique contre les réfugiés de Donald Trump qui la choque le plus.

Outre les associations écologistes, plusieurs groupes font partie du défilé, des Amérindiens protestant contre l’oléoduc Dakota Access - dans lequel le pétrole coule désormais - aux militants de Black Lives Matter, en passant par des membres du Planned Parenthood (l’équivalent du planning familial).

Tom Goldtooth, président de l'Indigenous Environmental Network, une association en première ligne du combat contre l'oléoduc Dakota Access. À sa gauche, presque incognito, l'acteur Leonardo DiCaprio, fervent défenseur de l'environnement.

Jesse, un habitant de Washington, regarde passer la foule devant l’hôtel Trump. S’il est venu marcher aujourd’hui, c’est pour dire au monde que la résistance est bien là : "Je pense qu’il est très important de montrer qu’en matière d’écologie, il existe encore un grand soutien populaire parmi les Américains. À une époque où il se passe tellement de choses dans le monde, de la guerre civile en Syrie aux tensions avec la Corée du Nord, le réchauffement climatique est lui aussi une crise toujours en cours pour la planète".

Pour Jesse, "cet hôtel symbolise un président que la plupart des gens ici ne soutiennent pas".

Une crise qui a des répercussions directes sur la vie des Américains. Carol White, habitante de Philadelphie, est membre de l’association locale "Philly Thrive". Cette grand-mère se dit particulièrement préoccupée par les énergies fossiles, dont Donald Trump a promis le grand retour. "Je suis venue avec mes petits-enfants aujourd’hui, car il faut qu’ils aient un futur. Dans notre quartier du sud de Philadelphie, nous respirons tout un tas de fumées toxiques, nous ne savons même pas ce qu’elles contiennent ! Ma mère a un cancer, tous mes petits-enfants ont de l’asthme. Donc nous marchons pour revendiquer le droit de respirer."

Pour Carol, de Philadelphie, "ce serait bien si Donald Trump était destitué".

Après une bonne heure de marche, c’est l’arrivée devant la Maison Blanche. L’occasion de huer sous les fenêtres de Donald Trump.

"Voir autant de monde aujourd’hui, ça emplit mon cœur de joie", se réjouit une trentenaire, habitante de Washington, qui se dit "terrifiée par les décisions que Donald Trump a prises en matière de climat, notamment la reprise de la construction des oléoducs Keystone XL et Dakota Access et le détricotage des réglementations mises en place par Obama".

"Cela va être quatre longues années pour nous tous, mais une manifestation comme celle-ci sert de preuve que l’opposition existe."

La "fin de la guerre contre le charbon" est, en effet, l’une des grandes promesses de Donald Trump, qui a signé huit décrets touchant à l’environnement en 100 jours. Il faut dire que dans son équipe, il y a peu d’amis de la nature. Son ministre des Affaires étrangères est l’ancien patron du groupe pétrolier Exxon Mobil, et son ministre de l’Énergie, Rick Perry, a davantage fait parler de lui pour sa participation à "Danse avec les stars" que pour ses compétences politiques.

Quant à l’Agence pour la protection de l’Environnement, c’est un climato-sceptique, Scott Pruitt, qui en a pris la tête. Hasard du calendrier ou pied-de-nez aux manifestants, le site Web de cette agence a perdu la plupart de ses contenus sur le changement climatique vendredi, à la veille de la marche. Scott Pruitt s’est également déclaré pour la sortie des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Une position qui fait débat au sein de l’équipe Trump. Le président, lui, doit prendre sa décision dans les semaines qui viennent.

Soraya King, venue de New York, et son frère Ben, de Washington, sont ici pour soutenir cet accord. "Je voudrais que les États-Unis restent dans ce traité, il est important que nous maintenions notre leadership dans ce domaine", affirme Soraya. Ben, lui, se dit particulièrement marqué par les mesures anti-migrants de Donald Trump. "À cause du changement climatique, il y aura de plus en plus de migrations dans le monde, il faut donc protéger les droits des immigrés. Or, Donald Trump ne va pas dans cette direction, c’est pourquoi il faut le virer !"

Ben et Soraya sont venus défendre l'Accord de Paris sur le climat.

Marche des femmes, manifestations contre le décret migratoire, marche pour la science et, ce samedi, marche pour le climat. Les 100 derniers jours ont été riches en contestation outre-Atlantique.

Mais, pour Gil, un habitant de Washington qui travaille auprès des sans-abri, marcher ne suffit pas : "C’est beau de marcher pour une cause collective mais, au bout du compte, ce sont les actions individuelles qui apporteront le changement. On ne peut pas compter sur nos dirigeants pour trouver une solution à ces problèmes : il faut commencer à compter sur soi-même".

Gil, travailleur social, compte sur les gestes individuels : "À Washington, le gaspillage alimentaire est un gros problème. J’essaie de redistribuer la nourriture."

Le pire avec Donald Trump, selon Gil, c’est qu’il a "tourné les projecteurs vers sa personne. Tout ce qu’on entend, c’est à propos de Trump. Cela nous réduit à nous focaliser sur notre haine contre lui, mais pas sur ce que nous avons fait, ces 100 derniers jours, ou les 100 prochains, pour faire changer les choses".

Source : france24.com

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