La perception du temps varie selon les espèces
Des chercheurs irlandais ont procédé à la comparaison de plus d’une centaine d’espèces animales, révélant d’importantes disparités en matière de perception du temps, liées à leur taille et à leur mode de vie.
ÉVALUER LA « FRÉQUENCE DE RAFRAÎCHISSEMENT DES YEUX » DE DIFFÉRENTES ESPÈCES ANIMALES
Présentés à l’occasion de la réunion annuelle de la British Ecological Society, ces travaux indiquent que les animaux qui se déplacent rapidement (incluant les insectes, les créatures volantes et les grands prédateurs des océans) perçoivent le temps plus rapidement que les autres. En d’autres termes : ils peuvent traiter davantage d’images par seconde que les créatures lentes situées plus bas dans la chaîne alimentaire.
« Nous savions déjà que les animaux percevaient le temps différemment de nous », explique Kevin Healy, zoologiste à l’université de Galway ayant supervisé les recherches. « Ces recherches visaient notamment à établir si le système visuel d’un prédateur fonctionnait plus rapidement que celui d’un herbivore. »
Pour ce faire, son équipe s’est appuyée sur les résultats d’expériences antérieures ayant évalué le taux de fusion des scintillements chez différentes espèces. Une mesure courante de la vitesse à laquelle les animaux perçoivent le passage du temps, impliquant l’augmentation de la fréquence de clignotements lumineux jusqu’à ce que le sujet la perçoive comme une lueur continue, indiquée par la réaction des récepteurs lumineux de sa rétine.
« Cela pourrait s’apparenter à la fréquence de rafraîchissement des yeux », souligne Healy. « Les humains peuvent détecter des scintillements lumineux à une vitesse allant jusqu’à 65 flashs par seconde, impliquant qu’ils puissent percevoir des changements dans leur environnement jusqu’à 65 fois par seconde. »
D’IMPORTANTES DISPARITÉS
Parmi les 138 espèces étudiées, l’étoile de mer Acanthaster planci s’est révélée la plus lente, avec seulement trois flashs toutes les 4 secondes. « Dans leur monde, tout est flou », souligne Healy. « Leur perception temporelle extrêmement lente est probablement liée à leur condition d’herbivore : contrairement aux prédateurs marins tels que les requins, dont les proies se déplaçent constamment, les sources d’alimentation de ces organismes sont largement immobiles. »
À l’autre extrémité du spectre, on retrouve les libellules, capables de détecter jusqu’à 300 flashs par seconde, soit cinq fois plus que les humains, et jusqu’à 400 fois plus que les étoiles de mer. « On pourrait comparer la perception du temps chez les libellules au bullet time [effet de ralenti extrême] de Matrix », illustre Healy.
En moyenne, il s’est avéré que les animaux volants détectaient les variations lumineuses plus rapidement que les animaux terrestres, ce qui les aiderait à éviter les collisions.