La pauvreté énergétique en forte hausse en Europe, selon Eurostat

Selon Eurostat, 9,3 % de la population n’était pas en mesure de chauffer convenablement son logement en 2022, soit une hausse par rapport aux 6,9 % de 2021. 

La pauvreté énergétique en Europe est en augmentation en raison de la flambée des prix de l’énergie, a souligné le Comité économique et social européen (CESE) lors de sa troisième conférence annuelle sur le sujet, qui s’est tenue mercredi (19 juillet).

Les mesures mises en place pendant la crise n’ont pas réussi à résoudre le problème, a déclaré le CESE, un organe de l’UE qui rassemble des organisations de la société civile, des groupes d’employeurs et des syndicats.

« Nous avons besoin d’un nouvel accord, d’un nouvel arrangement soutenu par une forte volonté politique où tous les niveaux de gouvernance poussent dans la même direction », a déclaré Baiba Miltoviča, présidente de la section spécialisée « Transports, énergie, infrastructures, société de l’information » du CESE.

Le plan REPowerEU de la Commission européenne, présenté en mai de l’année dernière, visait à protéger les ménages des pénuries d’énergie et a permis de réduire la dépendance de l’Europe à l’égard du gaz russe bon marché.

Mais il reste des défis à relever pour faire baisser les prix, a déclaré Adela Tesarova, haute fonctionnaire au département de l’énergie de la Commission européenne, qui s’est exprimée lors de l’événement organisé par le CESE.

Davantage de mesures en faveur de l’efficacité énergétique et de la responsabilisation des consommateurs sont nécessaires, a ajouté Mme Tesarova, qui dirige une unité spéciale chargée des questions relatives aux consommateurs d’énergie et à la transition équitable.

Une bonne isolation est essentielle pour garder les maisons chaudes en hiver et protéger les consommateurs de l’augmentation des factures d’énergie, mais le taux de rénovation en Europe est actuellement trop faible pour faire la différence.

L’organisation européenne des consommateurs BEUC affirme que l’augmentation du taux de rénovation doit être maintenue comme un objectif clé dans la révision en cours de la directive sur la performance énergétique des bâtiments, avec des ambitions élevées pour les normes minimales de performance énergétique.

Une meilleure communication pour sensibiliser aux avantages de la rénovation est également nécessaire, a indiqué Massimiliano Mascherini de la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound), une agence de l’UE.

Le logement durable est essentiel pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE, mais les mesures prises au niveau européen et national doivent éviter d’amplifier les inégalités, a-t-il souligné.

Kieran Pradeep, coordinateur de la Coalition pour le droit à l’énergie (Right to Energy Coalition), a averti que « la pauvreté énergétique est un problème structurel et systémique qui nécessite des décisions politiques ».

Populations vulnérables

Les ménages à faibles revenus, les familles monoparentales, les immigrés et les personnes handicapées courent un risque plus élevé de souffrir de pauvreté énergétique, a souligné le CESE. Les jeunes et les femmes y sont également plus exposés que la population générale.

« Il faut appréhender la pauvreté énergétique dans une perspective intersectionnelle », a expliqué Katharina Habersbrunner, chargée de campagne.

La pauvreté énergétique a des conséquences sur la santé physique et mentale et peut limiter les opportunités dans la vie professionnelle, a expliqué Mme Habersbrunner, qui travaille pour l’ONG Women Engage for a Common Future (Les femmes s’engagent pour un avenir commun).

La pauvreté en matière de transport — le manque d’accès à des transports publics ou privés abordables — apparaît également comme un effet secondaire de la crise énergétique, selon les intervenants de la conférence du CESE. Cette question a fait les gros titres en 2018 lors des manifestations des « gilets jaunes » en France, déclenchées par l’annonce d’une taxe carbone sur les carburants.

Le manque d’accès à des transports publics abordables peut détériorer la qualité de vie, a affirmé Mari Martiskainen, professeure à l’école de commerce de l’université du Sussex.

Andrés Barceló Delgado, président du groupe permanent « Énergie » du CESE, a souligné que « les décideurs devraient tenir compte du fait que l’énergie est un service public et que la prochaine refonte du marché de l’électricité doit garantir, d’une part, un approvisionnement durable et fiable et, d’autre part, le droit à l’énergie pour les citoyens ».