La mobilisation des écolos contre Trump
Boostés par la décision de Trump de relancer les constructions de pipelines, les mouvements de résistance écologique prennent de l’ampleur.
« Ce sera un combat quotidien. » Cassady Craighill, de Greenpeace USA, ne mâche pas ses mots pour décrire ce que lui inspire la politique du président américain. Pendant sa campagne et depuis son élection, Donald Trump a attaqué à plusieurs reprises les régulations environnementales. Jeudi, il a notamment proposé dans son premier budget une baisse drastique de 31 % des fonds alloués à l’Agence de protection de l’environnement, soit 2,6 milliards de dollars (2,4 millions d’euros) en moins et 3 200 postes supprimés.
Pétrole
En déplacement dans le Michigan, la veille, il avait affirmé devant des blues collants (« cols bleus ») de l’automobile qu’il voulait « rectifier le tir », notamment abaisser les normes sur l’efficacité énergétique, jugées coûteuses par les constructeurs. À contre-courant des dynamiques mondiales, le Président voit dans les énergies fossiles une filière d’avenir.
La résistance se joue maintenant sur le terrain. Fin janvier, Trump a autorisé la construction du pipeline Dakota Access, un projet très controversé. Des milliers de personnes se sont rendues au campement installé pour stopper le parcours de l’oléoduc dans le Dakota du Nord. Le pipeline, long de 1 885 km et censé transporter du pétrole des grandes plaines du Nord jusqu’à l’Illinois, en passant près de la réserve sioux de Standing Rock, a mobilisé plus de 200 tribus autochtones contre lui. Le camp a été démonté et le pétrole devrait y circuler dans les jours à venir.
La mobilisation ne s’arrête pas pour autant. Plusieurs milliers de personnes ont défilé à Washington, le week-end dernier, pour dénoncer la politique du gouvernement vis-à-vis des énergies fossiles. Le mouvement Native Nations Rise (« les nations autochtones se soulèvent ») a pris, en quelques mois, une ampleur nationale. Avec les écologistes, ils font cause commune. Leur prochain combat : bloquer la construction du pipeline Keystone XL. Trump a relancé fin janvier cet ancien projet, que les ONG pensaient enterré. Pour doubler les capacités de l’oléoduc Keystone, il doit relier la province canadienne d’Alberta au golfe du Mexique. Obama l’avait stoppé en novembre 2015.
Marche
Un autre front de résistance s’est ouvert en Louisiane, toujours autour d’un pipeline de l’entreprise en charge du Dakota Access. Le Bayou Bridge doit être rallongé de 257 km, parfois contre la volonté des propriétaires des terrains. En plus des actions, la lutte se joue dans les bureaux. « Nous concentrons aussi nos efforts sur les élus du Congrès, qui peuvent faire pression face à la Maison Blanche, détaille Cassady Craighill. Nous encourageons aussi les citoyens à aller aux réunions dans leur circonscription pour interpeller leurs élus sur la politique irresponsable menée par Trump. » ONG environnementalistes, mouvements citoyens de justice sociale et antidiscriminations, comme Black Lives Matter, convergent dans ces luttes.
Point d’orgue de la mobilisation, la « marche populaire pour le climat », qui se tiendra à Washington le 29 avril, devrait réunir des dizaines de milliers de personnes. En 2014, environ 400 000 personnes avaient envahi les rues de New York pour l’événement. Dani Heffernan, de l’ONG 350.org, dont l’action est centrée sur le désinvestissement des énergies fossiles, ne cache pas ses espoirs : « L’avidité et la corruption de Trump ont encouragé des dizaines de milliers de personnes à résister contre son administration destructrice et haineuse. »
Source : liberation.fr