La décision difficile pour les Pays-Bas

Le pays, qui dépasse les plafonds d’émission de phosphates, incite à la réduction des élevages bovins, grands émetteurs de déchets.

Sous la pression de la Commission européenne, La Haye prend le taureau par les cornes face aux effets pervers de la disparition des quotas laitiers européens. Pour augmenter leur production laitière, les Pays-Bas ont depuis des années accru leur cheptel, et par conséquent les émissions de phosphates issus des déchets organiques des vaches. Épinglé par Bruxelles pour avoir dépassé trois ans d'affilée les plafonds autorisés, le pays annonce cette semaine la mise en place d'un régime contraignant en vue d'encadrer le secteur laitier.

« Il s'agit de mesures douloureuses, mais nécessaires », estime René Van Buiteren de la fédération laitière NZO, suite à la signature d'un accord sectoriel aux côtés de la coopérative laitière FrieslandCampina. Au global, cette remise en ordre du secteur va se traduire par la disparition d'un millier d'exploitations et une réduction à terme de 4 % à 8 % du cheptel, anticipe Rabobank, la banque du secteur agricole.

1.200 euros par tête de bétail supprimée

Comprenant plusieurs volets, la mesure phare de cet arsenal concerne les sanctions pécuniaires guettant les exploitants ayant grossi leur cheptel depuis 2015. Ceux qui ne le réduiront pas comme prévu percevront 90 % de moins du prix garanti du lait pour chaque vache surnuméraire. En revanche, une prime annuelle de 1.200 euros sera accordée pour chaque tête de bétail supprimée du cheptel.

Quant à la production de lait, la coopérative FrieslandCampina (70 % des volumes produits aux Pays-Bas) entend la brider avec l'application prévue de règles similaires aussi pénalisantes pour ses 14.000 membres affiliés.

Amadouer Bruxelles

Outre ce plan d'urgence destiné à respecter les normes européennes dès 2017, la mise en place d'un nouveau système de quotas de lisier va verrouiller tout dérapage à venir. En 2018, des limites de production de ces substances nocives issues des déchets organiques des vaches vont être fixées pour chaque exploitation en fonction de la grosseur du cheptel rapportée à la superficie des terres. En cas d'élevage trop intensif, les exploitations seront contraintes de réduire leur troupeau.

La mise en place de ce dispositif à tiroirs est destinée à amadouer Bruxelles, qui menace de suspendre la dérogation dont bénéficie le secteur laitier néerlandais en Europe. Du fait de particularités géologiques, les sols des Pays-Bas absorbent davantage de phosphates. Une particularité qui permet aux exploitants du royaume d'augmenter leur production laitière. Si ce régime d'exception disparaissait, les revenus des éleveurs laitiers néerlandais sont voués à fondre d'un tiers.

Source : lesechos.fr
 

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