Le texte, présenté dimanche par la Chine, retient l’objectif de protéger 30% de la planète d’ici 2030.
La COP15 sur la biodiversité toute proche d’un accord

Les pays du monde entier étaient dans la nuit de dimanche à lundi tout près d’un accord pour mieux protéger la biodiversité de la planète, après des avancées concernant les zones protégées et le déblocage de nouveaux moyens financiers.

La Chine, qui assure la présidence de la COP15, pensait avoir trouvé un consensus sur un texte de compromis présenté dimanche matin, qui intégrait des avancées sur les zones à protéger et sur le déblocage de nouveaux moyens financiers pour les pays du Sud.

Une séance plénière avait été convoquée en fin de journée pour adopter ce « pacte de paix avec la nature », dont la planète a cruellement besoin pour enrayer la destruction de la biodiversité et de ses ressources indispensables à l’humanité.

Mais celle-ci n’a cessé d’être repoussée depuis. Selon des sources proches des négociations, la présidence chinoise a multiplié les réunions bilatérales dans la soirée.

Certains pays du Sud, dont la République démocratique du Congo, continuent de réclamer davantage de moyens financiers de la part des pays riches pour donner leur approbation finale.

Le texte, présenté dimanche par la Chine, retient l’objectif de protéger 30% de la planète d’ici 2030.

Cette cible, la plus connue de la vingtaine de mesures, a été présentée comme l’équivalent pour la biodiversité de l’objectif de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. A ce jour, 17% des terres et 8% des mers sont protégées.

Mais le texte donne également des garanties pour les peuples autochtones, gardiens de 80% de la biodiversité subsistante sur Terre.

Et pour tenter de résoudre la question financière toujours brûlante entre le Nord et le Sud, la Chine propose par ailleurs d’atteindre « au moins 20 milliards de dollars » d’aide internationale annuelle pour la biodiversité d’ici 2025 et « au moins 30 milliards d’ici 2030 ».

« Je pense que nous sommes très près d’une entente », avait déclaré dimanche après-midi Steven Guilbeault, le ministre de l’Environnement du Canada, pays hôte du sommet, estimant qu’il ne reste que des « ajustements » à faire.

Mais le commissaire européen à l’Environnement, Virginijus Sinkevicius, avait émis une note plus prudente, signalant que les chiffres de financement discutés pourraient être difficiles à atteindre.

« Si d’autres pays s’engagent à atteindre ces objectifs, comme la Chine, je pense que cela peut être réaliste », a-t-il déclaré, appelant également les États arabes à jouer leur rôle.

La question du financement

La question du financement, qui crispe les discussions depuis 10 jours, reste cruciale.

En échange de leurs efforts, les pays les moins développés réclament aux pays riches 100 milliards de dollars par an. Soit au moins 10 fois l’aide internationale actuelle pour la biodiversité.

Braulio Dias, qui représente le futur gouvernement brésilien de Luiz Inacio Lula da Silva, a redemandé dimanche une « meilleure mobilisation des ressources » – c’est-à-dire une aide accrue aux pays en développement, une préoccupation reprise par la République démocratique du Congo notamment.

Outre les subventions, les pays du Sud poussent aussi fortement à la création d’un fonds mondial dédié à la biodiversité – une question de principe – à l’image de celui obtenu en novembre pour les aider à affronter les dégâts climatiques.

Sur ce point, la Chine propose comme compromis d’établir dès 2023 une branche dédiée à la biodiversité au sein de l’actuel Fonds mondial pour l’environnement (FEM), dont le fonctionnement actuel est jugé très déficient par les pays les moins développés.

« Arme d’extinction massive »

De leurs côtés, les ONG se montraient partagées. Pour Brian O’Donnell, de l’ONG Campaign for nature, ce texte « donne une chance à la nature. S’il est approuvé, les perspectives pour les léopards, les papillons, les tortues de mer, les forêts et les populations s’amélioreront nettement ».

Mais An Lambrechts de Greenpeace International s’inquiétait d’un « projet d’accord faible » qui ne « permettra pas d’arrêter la perte de biodiversité, et encore moins de l’inverser ». Cela pourrait même être une « invitation ouverte au greenwashing », selon elle.

D’autres craignaient des échéances trop lointaines au vu de l’urgence actuelle.

Car les scientifiques sont formels, le temps presse. 75% des écosystèmes mondiaux sont altérés par l’activité humaine, plus d’un million d’espèces sont menacées de disparition et la prospérité du monde est en jeu: plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature et de ses services.

Par ailleurs le plan décennal précédent signé au Japon en 2010 n’a atteint quasiment aucun de ses objectifs, notamment en raison de l’absence de mécanismes d’application véritables.

Estimant que l’humanité était devenue une « arme d’extinction massive », le chef de l’ONU Antonio Guterres avait appelé les parties à conclure un « pacte de paix avec la nature ».

Source: goodplanet.info

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