Des ministres, des membres du Parlement européen et des représentants de l’industrie ont appelé la Commission européenne à lancer une stratégie de promotion de l’utilisation des trains de nuit dans l’ensemble de l’UE, affirmant que le moment était venu de soutenir cette option de voyage à faibles émissions.
La Commission européenne appelée à encourager la « renaissance » des trains de nuit

Dans une lettre adressée à la présidente et au vice-président de la Commission, Ursula von der Leyen et Maroš Šefčovič, ainsi qu’à la commissaire aux transports, Adina Vălean, les signataires ont qualifié de « renaissance » la popularité actuelle des trains de nuit. Ils ont également demandé à l’exécutif de l’UE de présenter une stratégie européenne pour un réseau complet de trains circulant de nuit.

« Les trains de nuit sont en pleine renaissance dans toute l’Europe, portés par la demande générale d’une option de voyage alternative respectueuse du climat », peut-on lire dans la lettre. Selon les signataires, « sept Européens sur dix » opteraient pour un train de nuit si cette option était disponible.

« Les gens redécouvrent que les trains de nuit sont un moyen confortable de voyager à travers l’Europe, tant pour les voyages d’affaires que pour les vacances », poursuit la lettre.

La Commission européenne a déjà voulu encourager les voyages en train en Europe, dans le but de réduire l’empreinte carbone des transports de l’UE, notamment en nommant l’année 2021 « Année européenne du rail » et en se fixant pour objectif de doubler le trafic de passagers à grande vitesse d’ici 2030.

Cependant, malgré un enthousiasme croissant pour les trains de nuit, des obstacles subsistent.

Selon la lettre, qui a été envoyée le 14 novembre, plusieurs problèmes doivent être résolus avant que les trains de nuit n’atteignent leur potentiel, notamment les obstacles au niveau des frontières nationales.

Contrairement aux déplacements en voiture, les normes techniques appliquées dans le secteur ferroviaire peuvent varier d’un pays à l’autre. Dans la pratique, cela signifie que les trains doivent s’arrêter aux frontières et se conformer à des règles ou à des exigences d’infrastructure différentes, ce qui peut entraîner des délais importants dans les trajets.

La lettre critique également le niveau élevé des redevances d’accès aux voies ferrées, que les entreprises ferroviaires doivent payer aux gestionnaires d’infrastructure pour l’utilisation des voies. Des redevances plus élevées tendent à favoriser les opérateurs historiques, car elles rendent plus difficile l’accès des nouveaux arrivants sur le réseau ferroviaire.

L’investissement dans les trains de nuit comporte également des risques financiers importants, car l’achat de cabines de train est extrêmement coûteux.

D’autres problèmes ont été mis en évidence, notamment la mauvaise coordination des horaires entre les États membres et l’absence de plateformes de réservation exhaustives pour les voyages en train.

Alors que la Commission européenne avait initialement prévu de présenter cette année un projet législatif visant à faciliter la réservation de voyages longue distance à travers l’UE, ce projet aurait été mis en suspens.

L’initiative « Services numériques de mobilité multimodale » (MDMS) aurait dû rassembler des informations sur le transport ferroviaire, aérien et par autocar au sein d’une plateforme unique, permettant aux consommateurs de réserver des trajets en choisissant parmi une série de compagnies et de modes de transport différents.

Cependant, l’initiative MDMS s’est heurtée à l’opposition des compagnies ferroviaires et aériennes, qui craignaient de céder le contrôle des données de réservation à des sites web de billetterie tiers.

Des problèmes à résoudre

Pour que les voyageurs adoptent les trains de nuit comme mode de transport plus régulier, la lettre énumère une liste de mesures que la Commission européenne devrait inclure dans sa future stratégie.

Il s’agit notamment de fournir des fonds supplémentaires pour moderniser l’infrastructure ferroviaire et améliorer les passages aux frontières.

Ces fonds, d’après les signataires, pourraient provenir du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (Connecting Europe Facility), un mécanisme de financement européen qui vise à améliorer les liaisons de transport entre les États membres, et du réseau transeuropéen de transport (RTE-T), qui cherche à améliorer les principales artères de transport de l’Union.

Les redevances d’accès aux voies ferroviaires devraient également être revues à la baisse pour les trains internationaux, tandis que les investissements dans les trains de nuit pourraient être rendus moins risqués par l’obtention de prêts avantageux en provenance de la Banque européenne d’investissement (BEI).

L’approbation rapide et peu coûteuse de matériel pour la production de véhicules contribuerait également à dynamiser la mise en place de ce type de trains.

En vertu de la législation européenne, les véhicules ferroviaires doivent être autorisés à circuler dans l’UE, ce qui garantit qu’ils répondent aux normes de sécurité. Jusqu’à présent, il incombait aux autorités nationales d’accorder cette autorisation. Toutefois, les règles introduites en 2019 ont vu l’Agence de l’UE pour les chemins de fer (ERA) se charger des approbations transfrontalières, une mesure destinée à accélérer le processus.

Pour améliorer la vente de billets, la Commission devrait également s’efforcer de « libéraliser » les données afin de faciliter la réservation des trains de nuit dans le système ferroviaire européen, peut-on lire dans la lettre.

Les signataires ont également mentionné la nécessité de renforcer les droits des passagers en permettant aux voyageurs de monter dans le prochain train disponible en cas de retards importants ou d’annulation d’un train, quel que soit l’opérateur ferroviaire.

Des signataires de tous horizons

Les signataires de la lettre comprennent la ministre autrichienne de l’Environnement Leonore Gewessler (Die Grünen) et les ministres de la Mobilité belge et luxembourgeois, Georges Gilkinet (Ecolo) et François Bausch (déi gréng).

La lettre a également reçu le soutien de tous les partis du Parlement européen, avec des signataires du Parti populaire européen de centre droit, du groupe des Socialistes et Démocrates européens de centre gauche et du groupe libéral Renew, les eurodéputés du groupe des Verts représentant la majeure partie des signataires de la lettre.

Les principaux acteurs de l’industrie, dont le groupe de pression des compagnies ferroviaires CER, l’Association européenne de l’industrie ferroviaire (UNIFE) et Allrail, un groupe soutenant les nouveaux arrivants sur le marché ferroviaire, ont eux aussi signé la lettre. La Fédération européenne pour le transport et l’environnement (T&E), une ONG de protection de l’environnement, a également adhéré à l’appel.

Source: euractiv.fr

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