La chaleur extrême rendra notre planète en grande partie inhabitable d’ici 2100
Notre planète est inexorablement dans un tournant majeur de son évolution, qui risque de découler vers une extinction de masse, selon les scientifiques. Alors que de nombreuses régions font actuellement face à des températures extrêmes, une nouvelle étude tire une fois de plus la sonnette d’alarme : d’ici 2100, la Terre pourrait dépasser son seuil d’habitabilité pour une grande partie de l’humanité. Autrement dit, de nombreuses régions aujourd’hui habitables seront inhospitalières pour l’homme la majeure partie de l’année, notamment les zones telles que la péninsule de l’Inde et l’Afrique subsaharienne. Sans mesures drastiques contre le changement climatique, notre avenir et celui des générations à venir est en péril.
À l’heure actuelle, les régions censées être tempérées subissent des températures records qu’elles n’auraient jamais connues avant l’ère industrielle. La Chine, « l’industrie du monde » et de ce fait le plus grand pollueur de la planète, subit par exemple les pires vagues de chaleur qu’elle ait jamais connues. Pendant ce temps sous les tropiques, les pays connaissent une accalmie relative en raison de l’hiver austral, après avoir subi l’été dernier les températures les plus extrêmes du monde.
Selon une récente étude parue dans la revue Communications Earth & Environnement, le pire est à venir. Même si l’on parvenait à limiter le réchauffement climatique à 2 °C au-dessus des températures préindustrielles, selon les objectifs de l’Accord de Paris, les nouvelles estimations montrent qu’il y a de fortes probabilités (allant de 50 à 100%) que les zones tropicales et subtropicales (l’Inde, les Émirats arabes unis, l’Afrique subsaharienne, …) connaissent des journées extrêmement chaudes, et littéralement invivables une grande partie de l’année, d’ici 2100.
Sans mesures drastiques et pérennes pour réduire les émissions de GES (gaz à effet de serre), les millions de personnes (en grande partie vulnérables) de ces régions vivront sous des températures que l’homme n’est pas censé supporter. Et les températures qui étaient auparavant rares dans les latitudes tempérées deviendront annuelles.
Alors que les menaces sont plus qu’évidentes, les lois instaurées pour forcer des mesures drastiques ont encore du mal à être acceptées, à l’instar de la loi pour éventuellement limiter les jets privés en France. Pourtant, même si de telles lois venaient à être adoptées, il n’y a que peu de chances que cela suffise à éviter les dégâts sans efforts conjoints et à plus grande échelle. Ainsi, il n’y aurait malheureusement que 0,1% de chances de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.
L’homme n’est pas adapté à vivre au-delà d’un certain seuil
Biologiquement, l’organisme humain gère plutôt mal le stress thermique. Le froid par exemple a d’importants impacts sur la santé des personnes qui vivent en région polaire. Cependant, la chaleur extrême aurait des effets encore plus dangereux sur la santé, surtout avec une forte humidité. Le seuil de température que peut supporter tout être vivant se situe à environ 93 °C, alors qu’une température supérieure à 51 °C est déjà très dangereuse pour l’Homme. Mais avec beaucoup d’humidité, nous ne pouvons survivre longtemps dans des températures supérieures à 31 °C, une situation extrême que le golfe Persique est déjà sur le point d’atteindre.
Dans une autre étude parue en 2021, 356 000 décès étaient liés à la chaleur en 2019. Et d’ici quelques années, ce chiffre devrait encore augmenter, non seulement à cause de la chaleur, mais aussi de l’émergence de nouvelles maladies favorisées par la chaleur.
Des conséquences plus profondes
À part les risques de décès qui y sont directement liés, la chaleur extrême aura aussi des conséquences beaucoup plus profondes, notamment sur l’agriculture et l’approvisionnement alimentaire. De nombreuses régions africaines par exemple, dont l’agriculture de subsistance est prépondérante, la désertification liée au changement climatique menace des millions de personnes. L’Afrique, exportant des milliards de tonnes de denrées à travers le monde, aura également beaucoup plus de mal à approvisionner d’autres continents. La capacité à travailler à l’extérieur sera également menacée, aggravant les problèmes liés à l’agriculture.
La désertification aggravée par la chaleur extrême menacera également l’autonomie énergétique, notamment pour la production hydroélectrique, ainsi que l’approvisionnement en eau des ménages et des industries. Des millions d’hectares de terres seront dans un futur proche inhabitables, sans eau et agriculture. Les effets se font déjà sentir dans de nombreux pays, où de millions de réfugiés climatiques sont contraints d’abandonner leurs terres natales, devenues trop hostiles.
D’un autre côté, la biosphère sera également lourdement impactée par ces températures toujours en hausse. Les écosystèmes tels que les récifs coralliens, qui contribuent au cycle de la régulation naturelle de l’atmosphère, sont eux aussi menacés par le réchauffement climatique. Une boucle infernale, en somme.
Toutefois, il faut garder en tête que toute action, même à petite échelle, compte. Les efforts de reboisement responsables, la « verdification » des paysages urbains, la transition vers les énergies vertes, etc., font partie des initiatives qui commencent à être adoptées à grande échelle.