Electricité : ces industriels payés pour éviter le black-out
En France, 21 sites gros consommateurs d’électricité peuvent stopper leur production en quelques secondes pour permettre de soulager le réseau.
En cinq secondes après avoir reçu son ordre d'activation, le site industriel doit interrompre sa production, et ainsi redonner des marges au réseau électrique. La contrepartie : jusqu'à 90.000 euros par an et par mégawatt « interruptible », que l'usine soit ou non arrêtée durant l'année. Vingt et un sites industriels aux process fortement consommateurs d'électricité ont ainsi signé ce contrat - ou un autre un peu moins exigeant sur les délais (30 secondes) et moins rémunéré (30.000 euros/MW) : le site d'électrolyse d'Arkema à Jarrie (Isère), les usines de production de silicium de Ferropem dans l'Ain ou la Savoie, ou encore celui de Rio Tinto Alcan à Dunkerque (Nord). Ils cumulent 1,6 GW de puissance électrique, l'équivalent d'un gros réacteur nucléaire.
En cas de situations graves et fortuites
Avec la vague de froid prévue la semaine prochaine, Arkema n'exclut pas de devoir interrompre sa production. « Cela paraît assez probable », estime même Nicolas de Warren, directeur des affaires institutionnelles d'Arkema et membre du Groupement des industriels hyper-électro-intensifs (HEI). À l'occasion de la présentation de son analyse du passage de l'hiver en novembre dernier, RTE a ciblé le dispositif d'interruptibilité comme l'un des moyens exceptionnels pouvant être mobilisé en cas de déséquilibre entre l'offre et la demande d'électricité cet hiver.
« Très clairement, nous sommes à disposition et nous répondrons présents, c'est normal. Mais l'interruptibilité n'est pas un moyen pour adresser les pointes hivernales » met toutefois en garde Nicolas de Warren. « Ce dispositif a été “désigné” comme un mécanisme assurantiel anti-black-out, pour parer à un problème de fréquence. »
La Commission de régulation de l'énergie évoque de fait le recours à ce dispositif « en cas de situations graves et fortuites du système électrique résultant d'un déséquilibre entre la production et la consommation ou d'une contrainte de réseau ». Un dispositif qui coûtera au moins 108 millions d'euros cette année, prélevé sur la facture des consommateurs. Pour garantir en permanence l'équilibre entre l'offre et la demande sur le réseau électrique, RTE lance aussi chaque année des appels d'offres pour s'assurer des ajustements de puissance, soit auprès de grands consommateurs industriels, soit auprès de producteurs qui peuvent activer quelques réserves.
Source : lesechos.fr