Certains éléphants consomment beaucoup trop de plastique
Dans le processus, des chercheurs ont découvert qu’ils consommaient par inadvertance beaucoup d’emballages et autres ustensiles en plastique. Ces polluants sont ensuite rejetés dans la forêt par les excréments, menaçant potentiellement l’écosystème local.
Les impacts écologiques de la pollution plastique en milieu marin ont été largement documentés, mais sa propagation et ses impacts sur la faune terrestre sont encore mal connus. Dans le cadre d’une étude publiée dans le Journal for Nature Conservation, des chercheurs de l’Université Jawaharlal Nehru ont analysé le régime alimentaire de l’éléphant d’Asie (Elephas maximus indicus), l’un des plus grands herbivores de la planète, autour des habitats forestiers de l’État indien d’Uttarakhand.
En Inde, certains éléphants sont en effet habitués à se faufiler dans des décharges près des établissements humains à la lisière de leurs habitats forestiers pour se nourrir des ordures. Cependant, leur amour de la restauration rapide pourrait leur coûter cher. Si les éléphants sont d’importants disperseurs de graines, permettant ainsi le maintien du bon fonctionnement des écosystèmes locaux, le même processus pourrait finalement transporter des polluants d’origine humaine dans les zones sauvages.
Un tiers des excréments présentait des déchets anthropiques
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont quantifié les particules de plastique et autres déchets d’origine anthropique à partir d’échantillons de selles prélevés à la lisière et à l’intérieur des zones forestières. Ces analyses ont confirmé l’ingestion de plastique par cette espèce de grand mammifère en voie de disparition.
Environ un tiers (32%) des échantillons d’excréments d’éléphants ont en effet montré la présence de déchets anthropiques. Le plastique (particules allant de la taille 1 à 355 mm) représentait 85 % de ces déchets. Les chercheurs ont également isolé deux fois plus de particules de plastique dans les échantillons prélevés à l’intérieur de la forêt par rapport à la lisière. L’essentiel de ce plastique provenait de contenants alimentaires et de couverts, suivis des sacs et emballages. Les chercheurs ont également trouvé du verre, du caoutchouc, du tissu et d’autres déchets.
Crédits : nuzree/Pixabay
Les risques potentiels
Ces résultats sont inquiétants pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les éléphants d’Asie peuvent marcher de dix à vingt kilomètres par jour, favorisant ainsi la grande dispersion de ces déchets à travers la forêt. La situation est ici c’est préoccupante, car la ville n’est qu’à quelques kilomètres d’un parc national.
Ce plastique pourrait également avoir des effets négatifs sur la santé des éléphants. Pendant que les déchets traversent leur système digestif, ces animaux pourraient en effet ingérer des produits chimiques comme le polystyrène, le polyéthylène, le bisphénol A et les phtalates. On ignore encore quels dommages ces substances pourraient causer, mais les auteurs de cette étude craignent qu’elles ne contribuent au déclin du nombre d’éléphants et des taux de survie.
Nous savons également que l’ingestion de plastique peut aussi causer des dommages mécaniques, en obstruant le système digestif. Au cours de ces dernières années, de nombreux mammifères marins se sont ainsi retrouvés échoués sur les plages après être morts en mer, faute de pouvoir se nourrir correctement. Il est donc possible que ces problèmes concernent aussi les éléphants.
Enfin, d’autres animaux peuvent à nouveau consommer ce plastique une fois celui-ci transporté, puis libéré dans la forêt à travers les excréments.
Pour toutes ces raisons, les chercheurs demandent à ce que les gouvernements indiens prennent des mesures urgentes pour gérer leurs déchets solides. Ils appellent également les particuliers à séparer leurs déchets alimentaires des conteneurs autant que faire se peut afin d’éviter que du plastique ne soit consommé par inadvertance dans le processus.