40 millions d’enfants sont privés d’éducation chaque année à cause de la crise climatique.
Afrique : Les effets néfastes de la sécheresse et des inondations sur l’éducation

Des pays africains sont encore sous le choc des effets pervers de la sécheresse, d’inondations ou de conflits récents, voire une combinaison des trois. Cette situation s’est traduite, selon certains responsables, par une augmentation du nombre d’enfants qui abandonnent leurs études. Alors que les inondations les plus meurtrières jamais connues au Nigeria obligent les enfants à quitter l’école et à travailler pour aider leur famille à survivre, l’ONU a alerté de son côté sur le nombre d’enfants – 1,5 million – qui risquent également d’être déscolarisés à cause de la sécheresse au Kenya.

Yasmine Sherif, directrice du fonds mondial des Nations Unies pour l’éducation dans les situations d’urgence dans un communiqué a fait valoir que 40 millions d’enfants sont privés d’éducation chaque année à cause de la crise climatique.

Alors que pour IRIN Alexandra Westerbeek, directrice de la communication du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Ethiopie, les enfants d’âge scolaire « ont besoin d’une assistance éducative d’urgence, ». « En outre, parmi la population réfugiée, 70 000 enfants ont également besoin d’une assistance éducative d’urgence ».  

Trop d’eau, ou pas assez : dans les deux cas, ce sont les enfants qui finissent noyés… sous le travail. Un journaliste du Guardian s’est rendu au Nigeria pour documenter la situation précaire des plus jeunes dans ce pays ravagé par les inondations les plus meurtrières de son histoire : au moins 600 décès.

Les régions touchées sont en partie sous-développées et souffrent chroniquement de situations d’urgence. Selon Mohamed Abubeker, directeur du Bureau des besoins spéciaux et de l’éducation inclusive au ministère de l’Education de l’Ethiopie, l’Afar et la région somali sont les plus touchées.

Le temps que les enfants auraient dû passer en classe, ils l’utilisent pour travailler

Pour sa part, le reporter Philip Obaji Jr au Nigéria a rappelé que « juste avant le début des fortes pluies, la plupart des écoliers étaient sur le point de commencer le nouveau trimestre. Les trois fils adolescents de Jonah Ovat étaient enthousiastes à l’idée de retourner dans leur école secondaire ». Mais après les inondations qui ont gorgé les champs d’eau et ruiné quelque 150 000 hectares de récoltes, « si la famille tente de tout reconstruire, la scolarité des garçons, en revanche, a disparu à jamais », a regretté.

Situé en Afrique de l’ouest, le Nigeria représente le pays le plus peuplé de tout le continent, avec plus de 219 millions d’habitants recensés. Avant les inondations d’août 2022, le pays comptait déjà environ 18,5 millions d’enfants non scolarisés, selon l’UNICEF. Un bilan qui risque de s’aggraver considérablement avec la catastrophe naturelle. Ainsi, rien que dans l’État de Cross River au sud du pays, les autorités estiment que près d’un millier d’enfants ont cessé d’aller à l’école, rapporte le média britannique.

« Il n’y a plus d’éducation pour les garçons, car le temps qu’ils auraient dû passer en classe, ils l’utilisent maintenant pour travailler (sur un chantier de construction, NDLR) », a confié le père de famille au journaliste du Guardian. « Nous n’avons plus de source de subsistance, et c’est pourquoi tout le monde, y compris les enfants, doit travailler pour que la famille puisse survivre ».

De nouvelles manières d’aborder l’éducation sont nécessaires pour faire face au problème. « La sévérité de la sécheresse a provoqué plusieurs [types] de migrations, » a expliqué Arlo Kitchingman, coordinateur du secteur éducation du Réseau inter-agences pour l’éducation en situations d’urgence (INEE). Comme le montrent la recherche et l’expérience, plus les élèves restent longtemps hors du système scolaire, moins ils ont de chances de le réintégrer… », a-t-il déploré.

M. Kitchingman recommande que « le calendrier scolaire soit rendu plus flexible pour l’adapter aux éleveurs et aux mouvements des nomades, de manière à ce que l’année scolaire ne tombe pas au moment où la sécheresse atteint son pic. »

Si l’année scolaire suivait un tel modèle, a-t-il indiqué, « ce ne serait pas grave que les enfants migrent ou se déplacent pour aller autre part, car cela n’affecterait pas leur année scolaire. »

Alors que la perspective des petits Nigérians d’accéder à l’éducation – et leurs rêves d’un avenir meilleur – se sont évaporés, leur quotidien est devenu un cauchemar. « Nous travaillons de 7 h à 17 h tous les jours, et nous ne sommes pas autorisés à manger avant d’avoir terminé le travail de la journée », a témoigné Timothy Ojong, 16 ans, employé dans une exploitation de cacao depuis le mois d’octobre 2022. « De nombreux enfants se sont évanouis à cause de l’épuisement », a observé le jeune Ojong.

Le travail des enfants précède la faim, le mariage précoce et le recrutement dans des groupes armés

Pendant ce temps, en Afrique de l’est, la situation climatique inverse produit finalement le même résultat. Alors que près de 2 millions d’enfants étaient déjà déscolarisés dans les régions arides et semi-arides du Kenya selon l’ONU, un million et demi supplémentaire pourrait venir s’ajouter à ce chiffre déjà considérable. En cause, une sécheresse catastrophique – la pire depuis 40 ans dans le pays. Selon l’UNICEF, environ 460 écoles kenyanes se retrouvent privées de source d’eau.

Là encore, les conséquences se traduisent de manière concrète. « Lorsque les enfants abandonnent l’école, ils sont confrontés à la faim, au mariage précoce, au travail forcé, au recrutement dans des groupes criminels et armés et à d’autres atteintes à leur humanité », écrit l’institution.

Le fonds mondial des Nations Unies pour l’éducation dans les situations d’urgence et de crises prolongées, « Education Cannot Wait » (L’éducation ne peut attendre), a donc annoncé une subvention de deux millions de dollars américains. S’étalant sur une durée d’un an, « la première subvention (…) permettra d’atteindre 39.000 filles et garçons qui ont besoin d’un soutien urgent », affirme l’institution. Objectif : fournir un accès à l’eau potable dans les écoles, garantir la protection des enfants, leur offrir des fournitures scolaires, et accompagner également les enseignants.

Source: vivafrik.com

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