Nouvelle coalition allemande : 80 % d’énergies renouvelables d’ici à 2030 et davantage de gaz comme source d’énergie d’appoint
Elle ambitionne « idéalement » d’abandonner le charbon d’ici 2030, à quadrupler les installations solaires photovoltaïques sur tous les toits et à porter la part des énergies renouvelables à 80 % du mix électrique du pays d’ici 2030.
Ils n’ont cependant pas précisé à quel point cette transition reposera sur le gaz, avec une augmentation de 50 % prévue pour la production d’électricité à partir de gaz, dans le but de remplacer les centrales à charbon et nucléaires qui sont progressivement abandonnées.
Mercredi, les Verts allemands ont intégré la coalition dite en « feu tricolore » aux côtés du parti social-démocrate (SPD) et du parti libéral (FDP), qui est favorable aux entreprises.
« L’Allemagne est désormais le premier grand pays industrialisé à s’engager sur la voie d’un système de production d’énergie véritablement renouvelable », a déclaré le législateur européen des Verts, Sven Giegold, qui faisait partie des négociateurs de la coalition.
L’accord de coalition des partis prévoit d’atteindre l’objectif de 80 % d’électricité renouvelable et de 50 % de chauffage renouvelable pour 2030, tout en maintenant la sortie du nucléaire prévue par le pays et en éliminant « idéalement » le charbon d’ici à 2030.
Ces objectifs représentent un défi de taille pour l’Allemagne, qui a eu du mal à promouvoir les énergies renouvelables par le passé.
« 80 % d’énergies renouvelables pour une demande d’électricité de 750 TWh en 2030 correspond à 600 TWh d’énergies renouvelables et à la totalité de la production brute d’électricité en 2019 », a indiqué Frank Peter du groupe de réflexion Agora Energiewende dans une publication sur Twitter.
Pour atteindre cet objectif, Robert Habeck, le futur ministre de l’Énergie, de l’Économie et du Climat, souhaite consacrer 2 % des terres à l’éolien terrestre, plus que tripler la capacité éolienne offshore (à 30 GW) et quadrupler les installations solaires photovoltaïques (à 200 GW).
« À l’avenir, toutes les surfaces de toit qui s’y prêtent doivent être utilisées pour l’énergie solaire », ont annoncé les partis dans leur accord de coalition. Alors que les nouveaux bâtiments commerciaux seraient obligés d’installer des panneaux solaires photovoltaïques, cela devrait être répandu dans les nouvelles constructions privées, indique également l’accord.
La capacité actuelle d’énergie renouvelable en Allemagne est de 53 GW pour l’énergie solaire, de 7,7 GW pour l’énergie éolienne en mer et de 54 GW pour l’énergie éolienne terrestre.
Si la production de toute cette énergie renouvelable repose sur le réseau, le réseau électrique du pays a grand besoin d’être développé et modernisé.
« Non seulement la production d’énergie renouvelable doit être stimulée, mais le développement et l’optimisation du réseau doivent être beaucoup plus rapides », a déclaré l’opérateur du réseau Tennet.
L’accord de coalition stipule que « les réseaux électriques et d’hydrogène sont l’épine dorsale du système énergétique du futur » et invite l’agence fédérale des réseaux d’énergie à élaborer un nouveau plan pour un « réseau climatiquement neutre ».
Le problème du gaz
Toutefois, la transition de l’Allemagne vers un système énergétique reposant essentiellement sur les énergies renouvelables n’est pas exempte de contradictions.
Le scénario le plus optimiste d’une sortie du charbon en 2030 « exige une augmentation massive de l’utilisation des énergies renouvelables ainsi que la construction de centrales électriques modernes alimentées au gaz », peut-on lire dans l’accord de coalition.
Concrètement, l’Allemagne devra augmenter la capacité de production d’électricité à partir de gaz fossiles d’environ un tiers ou plus, passant de 90 TWh en 2020 à environ 120 à 150 TWh en 2030, selon des prévisions de consommation d’électricité.
Ces nouvelles centrales devront être construites en gardant les gaz décarbonés à l’esprit, l’accord de coalition parlant d’elles comme étant « prêtes pour l’hydrogène ».
Les centrales à gaz « sont indispensables pour que nous puissions faire face à cette période de changement ». C’est ce qu’a affirmé le futur chancelier allemand Olaf Scholz, le 27 octobre dernier, en s’adressant aux participants d’un congrès de l’influent syndicat des mines, de la chimie et de l’énergie (IG BCE).