Tired Earth : La courte interview d'Alexandre Page, écrivain et historien de l'art

Cette interview a été réalisée par Brice Garreau

Le changement climatique affecte-t-il l'art ? Comment ?

De mon point de vue c'est un peu compliqué de répondre, mais je dirais qu'il l'affecte dans le sens où il invite à une création nouvelle. On voit de plus en plus d'artistes employer par exemple des objets recyclés comme matériau à des oeuvres, d'autres qui créent des oeuvres engagées (récemment une oeuvre réalisée à partir de mégots récupérés sur la plage et un message "cette oeuvre est la création de 10000 gros cons), d'autres enfin qui font des oeuvres dans des lieux symboliques (notamment des artistes land art qui cherchent  par ce moyen à éveiller les consciences)

Comment les artistes peuvent-ils aider la planète ?

D'une certaine manière ça rejoint la première. L'artiste peut éveiller les consciences, amener les gens à regarder les problèmes sous un autre angle que celui qu'ils ont l'habitude d'avoir. En cela, les oeuvres land art jouent un grand rôle. De façon plus générale, les artistes ont une certaine notoriété qui par leurs engagements (je pense en particulier aux artistes du monde du spectacle) peut leur permettre de porter des causes de façon plus médiatiques. Ca vaut aussi en potentiel contre exemple (récemment des artistes d'Hollywood épinglés pour leur usage abusif de l'eau, le dégoût suscité peut amener la cause environnementale davantage dans la sphère médiatique)

En tant qu' écrivain, quelle est votre préoccupation environnementale la plus importante ?

Je suis écrivain, et pour le coup je prends en compte la dimension environnementale également dans mon activité. Mes livres par exemple sont imprimés à la demande, ce qui évite le gaspillage de matière, et notamment le pilonnage des invendus toujours dérangeant.

Comment évaluez-vous les mesures environnementales du gouvernement ?

Je dirais pas terrible, mais surtout le souci c'est le manque de perspective véritable. Un des soucis d'un gouvernement qui change trop vite, c'est bien sûr l'impossibilité d'envisager des stratégies sérieuses de long terme. Aujourd'hui untel voudra relancer le nucléaire, dans 5 ans ce sera l'inverse, il y aura des fermetures, tantôt l'un fera un plan éolienne, l'autre fera un plan différent... Donc sans perspective à long terme, rien n'évoluera vraiment.