Une étude conduite par des chercheurs d’AgroParisTech, l’INRAE et l’Université de Montpellier montre qu’il est possible d’intégrer certains types d’emballages plastiques dans le compost.
Vers un compostage de certains plastiques d’emballage alimentaire ?

Une étude conduite par des chercheurs d’AgroParisTech, l’INRAE et l’Université de Montpellier montre qu’il est possible d’intégrer certains types d’emballages plastiques dans le compost. Ces travaux réalisés sur du compostage dit « industriel » ont comparé deux volumes de compost, de 20 tonnes chacun. Dans l’un d’entre eux, 343 kilogrammes d’emballages en polymères compostables ont été incorporés. L’objectif était de d’observer comment les matières plastiques se dégradent dans le compost et de comparer ces résultats avec un autre échantillon témoin. Après 4 mois, les emballages compostables ont perdu 98 % de leur masse.

Selon un communiqué de la Chaire CoPack d’AgroParisTech qui travaille sur la réduction du bilan environnemental des emballages alimentaires, il ressort de cette expérience que « l‘évaluation de l’impact environnemental du processus (en analyse cycle de vie ou ACV) a montré pour sept indicateurs sur huit que le compostage de ces nouveaux plastiques avec les biodéchets a moins d’impact sur l’environnement que l’incinération. »

 « Avec cette étude, nous voulons montrer qu’il existe en France un certain nombre de matériaux qui peuvent être utilisés pour fabriquer des emballages et qui pourraient être traités en fin de vie avec les produits alimentaires qu’ils ont contenu, afin d’obtenir du compost. Et donc, cela permettrait de retourner la matière au sol », explique Emmanuelle Gastaldi, qui a participé à l’étude.

Elle est maitresse de conférences à l’Université de Montpellier et travaille notamment sur les emballages alimentaires. Les résultats de la recherche ont été certifiés par un laboratoire indépendant et sont conformes aux normes attendues en France pour un compost destiné à l’agriculture biologique (norme NF U44-051).

Tous les plastiques ne sont pas concernés, seulement les plastiques dits compostables. Ceux-ci sont définis par le communiqué de la chaire CoPack comme « des matériaux fabriqués à partir de polymères biodégradables d’origine pétrosourcée ou biosourcée, c’est-à-dire issus de produits pétroliers ou issus de biomasse, capables d’être consommés par les micro-organismes pour permettre leur croissance. » À ce sujet, Emmanuelle Gastaldi rappelle que lorsque l’on parle de la biodégradabilité d’une matière, il faut toujours en préciser les conditions.

Tous les plastiques ne sont donc pas compostables. Elle précise par exemple que les bouteilles en PET employées pour le lait ou les sodas ne le sont pas. Ainsi, la définition de la chaire CoPak affine sa définition : « un plastique compostable est un matériau capable de se biodégrader en conditions de compostage et qui répond à des exigences spécifiques en termes de désintégration, composition et écotoxicité de ses produits de dégradation définies dans une norme de compostabilité industrielle ou domestique. »

La publication de cette étude survient alors que, le 24 avril dernier, le Parlement européen a voté la règlementation européenne sur les emballages et déchets d’emballages, reconnaissant l’intérêt des polymères compostables comme des alternatives possibles pour certains emballages. La France connaît de surcroît une stagnation dans le tri, la collecte et le retraitement des emballages, mais vient de mettre en place la collecte des biodéchets depuis le début de l’année.

Les chercheurs de CoPak plaident avant tout pour une réduction des emballages. Emmanuelle Gastaldi déplore que « le compostage des emballages ne soit pas davantage privilégié dans notre pays, à cause des lobbys du plastique. » Elle regrette qu’on ne soit pas encore prêt à supprimer le plastique en raison du risque réel d’augmenter le gaspillage alimentaire car « les emballages ne servent pas seulement pour le marketing, ils jouent un rôle dans la conservation et la préservation du produits ».

La scientifique revient cependant sur la portée de leur expérimentation : « en raison d’erreurs de tri, on continue de trouver entre 5 et 10 % de matières plastiques dans les biodéchets mis au compost. C’est pourquoi il faut aller plus loin en évaluant la présence des plastiques biodégradables et vérifier qu’ils ne sont pas de nature persistante ».

Il serait alors envisageable de proposer des emballages qui pourraient aller au compostage industriel, à condition qu’ils soient produits avec les bons matériaux. Il conviendrait alors d’indiquer clairement au consommateur où les jeter pour qu’ils ne finissent pas enfouis ou incinérés. C’est une question d’organisation des filières qui dépend de la volonté des décideurs et des entreprises. Cela serait possible dans chaque département puisque, selon Emmanuelle Gastaldi, « il existe 750 sites de compostage industriel en France ».

Source: goodplanet.info

COMMENT

Les meilleurs de Tired Earth dans votre boîte mail

Inscrivez-vous pour découvrir d'autres photos, histoires et offres spéciales de Tired Earth