Réchauffement climatique : "À l'échelle 2050-2100, il faut s'attendre à ce que tous ces glaciers aient quasiment disparu"
Le glacier des Deux Alpes, en Isère, est fermé aux skieurs, ce qui n'était jamais arrivé durant le mois d'août, a appris France Bleu Isère dimanche 11 août. Le glacier, qui culmine à 3 600 mètres d'altitude, n'a plus suffisamment de neige pour faire fonctionner la station. Selon Eric Larose, chercheur à l'Isterre, l'institut des Sciences de la Terre de Grenoble, invité sur franceinfo, "à l'échelle 2050-2100, il faut s'attendre à ce que tous ces glaciers aient quasiment disparu".
franceinfo : Dans les Alpes, cette situation est inédite, mais était-elle prévisible ?
Eric Larose : Elle est prévisible, et elle est observée depuis la fin du XIXe siècle. On a des études scientifiques qui montrent le retrait des glaciers progressivement depuis plus de cent ans maintenant. C'est très bien documenté, il y a des appareils de mesure automatiques, des photos satellites qui nous ont confirmé tout cela. Ce qui se trame du côté du glacier de la Grande Motte, du glacier à Tignes ou aux Deux-Alpes, c'est quelque chose qu'on suit et qu'on avait un peu prédit. Cela s'accélère depuis le début des années 2000 avec le réchauffement climatique et la hausse des températures. En moyenne, les glaciers remontent progressivement. À l'échelle 2050-2100, il faut s'attendre à ce que tous ces glaciers aient quasiment disparu. Pour aller chercher des glaciers l'été, il faudra aller très au-delà de 3 500 mètres à la fin du siècle.
Le ski d'été, c'est quelque chose qui dégrade les glaciers ?
Non, pas directement parce que les skieurs vont skier sur une couche de neige qui est soit rajoutée artificiellement, soit transportée, soit déposée naturellement par la nature. Donc la neige ne va pas impacter le glacier directement. Ce qui impacte le glacier, ce sont vraiment les gaz à effet de serre comme la voiture, l'avion, ou encore le chauffage.
Cette fonte des neiges elle est aussi dangereuse parce qu'elle entraîne des chutes de rochers ?
Les sols gelés qui sont effectivement cimentés par la glace sont affectés par le réchauffement climatique, donc il y a plus d'effondrement en très haute montagne (au-delà de 3 000-3 500 mètres d'altitude). Les alpinistes s'en rendent compte au mois d'août. De plus en plus de courses d'alpinisme classiques dans les Alpes que l'on pratiquait au mois d'août, on ne les pratique plus qu'au mois de juin et juillet maintenant. Globalement, il ne faut pas imaginer que le réchauffement climatique n'impacte que la très haute montagne. En moyenne montagne aussi, on a des effets potentiels du réchauffement climatique avec des glissements de terrain liés notamment aux épisodes orageux et ou à l'intensification des variations entre les périodes très orageuses, très humides, et des périodes de sécheresse.