Projet d'éoliennes à Prunay-en-Yvelines : Pas très facile
Un parc éolien pourrait voir le jour à Prunay-en-Yvelines, après l'arrêt provisoire de celui d'Allainville. Mais les opposants sont également déterminés à bloquer ce projet.
« Eoliennes ? Non » ! Depuis plusieurs semaines, des banderoles de protestation ont envahi Orsonville, Ablis et Prunay, trois villages du sud des Yvelines. En cause, l'installation de quatre appareils de 135 mètres de hauteur dans un champ situé à Prunay, en lisière des deux autres communes. La zone, un grand plateau agricole de culture intensive, a notamment été déclarée favorable par le schéma régional éolien d'lle-de-France.
Confié à l'opérateur JP Energie Environnement, le site pourrait être opérationnel au début des années 2020. L'autorisation préfectorale devrait être demandée en novembre et l'enquête publique se dérouler courant 2018... Un délai que les opposants, notamment l'association locale de protection de Prunay-en-Yvelines et l'association départementale Yvelines-Environnement, comptent bien mettre à profit pour obtenir l'annulation du chantier. « Le site de Prunay ne convient pas. Il empiète sur des terres agricoles utiles et suscite l'opposition résolue des agriculteurs. Installés sur un plateau, les appareils se verraient en outre de très loin. Et il se situe à moins de 800 m des premières habitations d'Orsonville. Pourquoi ne pas les placer le long de l'A10, là où il y en a déjà et où elles ne gêneraient personne ? », s'interroge Anne Cabrit, maire d'Orsonville, conseillère régionale et présidente de l'Agence des espaces verts.
Le schéma régional attaqué
Pas facile, apparemment de trouver des endroits pour les parcs éoliens en Ile-de-France ! Le schéma régional éolien (SRE), adopté en juillet 2012, en application des lois Grenelle, prévoyait entre 100 et 180 éoliennes sur le territoire à l'horizon de 2020. Et identifiait quelques 600 communes situées dans des zones favorables. Moins d'une vingtaine sont aujourd'hui en fonctionnement, et aucune n'a pour l'instant été installée dans les Yvelines. « L'Ile-de-France se classe bonne dernière des régions métropolitaines en terme de respect des schémas éoliens. Le SRE Ile-de-France a même été attaqué devant le tribunal administratif et annulé en 2014 », déplore Mathieu Bonnet, directeur du développement de la société JP Energie Environnement.
En soi, l'annulation du SRE n'empêche pas l'implantation d'éoliennes. Le préfet peut passer outre et décider la construction du parc, y compris contre l'avis des communes. Reste qu'une opposition résolue peut finir par entraver le dossier, à l'image des difficultés du premier site choisi dans les Yvelines, celui d'Allainville. Autorisé par le préfet le 18 novembre 2014, le dossier, porté par EDF Energies nouvelles, n'est toujours pas sorti de terre, depuis l'annulation de l'arrêté préfectoral par le tribunal administratif.
Plusieurs associations avaient porté le dossier au contentieux devant le tribunal administratif et devant le juge pénal, notamment pour « suspicion de prise illégale d'intérêt ». Les protagonistes sont aujourd'hui dans l'attente de décisions judiciaires. « Dans le dossier de Prunay, les candidats aux élections législatives de 2017, tous bords politiques confondus, y compris les Verts, nous ont apporté leur soutien ! » affirme Eric Bassi, président de l'association pour la protection de Prunay-en-Yvelines.
Ce dernier, qui mène le combat, notamment avec François Guillot, administrateur bénévole à l'UFC-Que-Choisir de Rambouillet, vient de lancer une pétition contre le projet de Prunay. Près de 1.000 signatures ont déjà été recueillies. « Nous sommes passés de dix à quatre éoliennes pour éviter trop de visibilité et nous avons limité la hauteur des machines (135 m en bout de pale au lieu de 150) », défend JP Environnement Energie.
Encore insuffisant pour les opposants, qui craignent notamment que l'arrivée de quatre premières éoliennes ne représentent qu'une étape avant l'arrivée des suivantes. « Nous sommes déterminés à nous battre. Des études indépendantes, notamment de l'Académie des sciences, pointent les inquiétudes pour la santé des riverains », pointe François Guillot.