Pourquoi nous agissons contre le coronavirus et pas contre le changement climatique
slate.fr. D'un côté, la pandémie de coronavirus mobilise. Les gouvernements du monde entier sont sur le front et mettent en place plus ou moins rapidement des mesures d'urgence. Chacun·e chez soi, on se lave les mains, on annule nos dîners et apéros entre ami·es. Certain·es en déduisent qu'il faut se ruer sur les pâtes ou le papier toilette.
De l'autre côté, les scientifiques ont beau crier depuis des années que la crise climatique qui est en cours aura des conséquences dramatiques, tant économiques, sociales que sanitaires, nous rechignons à changer nos habitudes et à prendre des mesures à la hauteur des enjeux. Comment expliquer une telle différence de traitement?
Une crise facile à percevoir
Pour le New York Times, la crise sanitaire que nous traversons est la preuve que les gouvernements du monde entier sont capables d'agir vite, de manière coordonnée et avec le soutien de leur population. Cette action commune serait facilitée par le fait que la pandémie est aisée à appréhender et à visualiser.
«Nous n'avons pas à comprendre les détails de l'ADN du virus, nous avons l'expérience de la grippe», explique au HuffPost Lise Van Susteren, psychiatre à Washington. «Cela ne nécessite pas un esprit scientifique pour comprendre.» Une situation d'autant plus facile à concevoir que le virus a le rôle du méchant provoquant cette crise, alors que nous sommes tou·tes complices du changement climatique, ajoute le média américain.
A contrario, la nature du changement climatique semble trop complexe. La science du climat «est difficile à traiter et il nous est difficile d'en avoir peur», précise au New York Times Elke Weber, spécialiste du comportement à l'Université de Princeton.
Ici et maintenant
Par ailleurs, le fait que nous voyions les conséquences immédiates du Covid-19 nous pousse à agir vite et ensemble. «Nous sommes faits pour prendre soin de l'ici et maintenant», ajoute le Dr Weber au journal new-yorkais. «Nous sommes mauvais dans les décisions qui nécessitent une planification pour l'avenir.»
Or, la crise climatique demande d'agir dès aujourd'hui pour des avantages futurs, que nous ne connaîtrons peut-être même pas, contrairement au virus, sur lequel nos actions immédiates peuvent avoir un impact le jour même.
Le New York Times cible également le rôle des lobbies de l'industrie des combustibles fossiles. Ceux-ci exercent leur influence pour aller à l'encontre des mesures politiques visant à limiter les émissions de gaz qui réchauffent la planète –comme l'accord de Paris, dont les États-Unis se sont retirés.
Quoi qu'il en soit, ces deux crises auront un impact sur l'économie mondiale et entraîneront la mort de nombreuses personnes. Si chaque jour, la liste des victimes du coronavirus est actualisée et scrutée avec attention, celle du changement climatique passe inaperçue alors qu'elle pourrait s'avérer bien plus longue. À elle seule, la pollution atmosphérique tue par exemple près de sept millions de personnes chaque année dans le monde. Et ça aussi, ça se passe en ce moment même.