Des chercheurs ont montré que de nombreux perroquets à travers le monde gaspillaient systématiquement leur nourriture.
Pourquoi les perroquets gaspillent-ils leur nourriture ?

Un phénomène qui impacte directement leur écosystème en permettant notamment à d’autres animaux de se nourrir.

Coco parle, Coco chante, Coco danse... Les perroquets sont depuis toujours connus pour leurs comportements qui ressemblent aux nôtres. Une caractéristique qui fascine et les rend très populaires comme animaux domestiques. Mais plus étonnant encore, ils gaspilleraient leur nourriture. Un autre point commun avec l'humain ?

Une récente étude publiée dans la revue Nature, montre que ce phénomène n’est pas anecdotique et souligne son universalité. De nombreuses espèces de perroquets sauvages à travers le monde jetteraient leur nourriture pendant qu'ils s'alimentent. Pour certains individus, ce gaspillage pourrait représenter jusqu’à 80 % du repas initial.

UN GASPILLAGE HORS NORMES ?

Pour connaître l’ampleur de ce phénomène, des ornithologues ont observé ce comportement pendant plusieurs années dans la nature et dans des environnements contrôlés. Le corpus représente 103 espèces dispersées dans 17 pays. Au total, cela constitue 30 % des types de perroquets connus.

De l’amazone à front blanc jusqu’à la petite perruche nymphique, de la nourriture est souvent laissée au « bord de la table ». Et cela, dans de nombreuses situations.

Les critères comme la taille de l’oiseau, la disponibilité de la nourriture - dans le cas où l’oiseau n’avait pas mangé depuis un certain temps - et la perturbation des congénères - le nombre d’individus dans la cage - n’affectent pas la proportion de nourriture gaspillée. Concernant la taille, cela suggère donc que les différences métaboliques entre les espèces ne sont pas à l’origine de ce comportement.

Mais alors pourquoi les perroquets gâchent leur précieux casse-croûte ? Aucune conclusion officielle n'a été établie pour le moment, les recherches n'ayant pas réussi à dissocier la nature accidentelle ou délibérée de ce comportement.

En effet, plusieurs études dans le passé ont déjà souligné la maladresse des perroquets qui laissaient tomber de leurs becs des gros fruits. Mais les récentes observations révèlent également une réflexion sélective. Avec environ 2900 cas de gaspillage de fruits non mûrs contre environ 1200 cas de gaspillage de fruits mûrs, les perroquets semblent faire la fine bouche et privilégier les aliments qu'ils considèrent de meilleure qualité.

LES PERROQUETS NE LAISSENT PAS QUE DES MIETTES

Pour Esther Sebastián-González, chercheuse en biologie à l'Université Miguel Hernández en Espagne, et auteure principal de l'étude, la plus probable hypothèse serait que les perroquets penseraient à leur futur en-cas. Dans une interview du New York Times, elle explique « En horticulture, vous coupez des fruits pour améliorer la future récolte. Alors peut-être que les oiseaux font de même. Ils taillent les arbres pour obtenir des fruits plus gros et plus sucrés les années suivantes. »

D’ailleurs, pour que cette hypothèse soit possible, les perroquets doivent pouvoir faire des choix intertemporels (sacrifier la satisfaction à court terme pour obtenir une récompense supérieure à l'avenir), ce qui a déjà été mis en évidence dans d’autres études.

Si le mystère de ce curieux comportement n'a pas encore été percé, son impact sur l’écosystème de l'oiseau, lui, est désormais beaucoup mieux documenté. 86 espèces, majoritairement des oiseaux, ont été répertoriées comme se servant à leur guise des restes de fruits des perroquets aux pieds des arbres. En outre, d’autres animaux ont été vus dispersant les graines de ces fruits.

Cela ne démontre pas un quelconque altruisme de la part des perroquets mais si ce comportement a subsisté au cours de l’évolution, c’est peut-être parce qu’il leur serait bénéfique.

Le perroquet, joue en tout cas un rôle beaucoup plus important dans la conservation des écosystèmes que ce que l’on pensait auparavant. Il devient d'autant plus crucial de sauvegarder cette espèce soumise à une forte pression humaine. D’autant que ces oiseaux, pourtant présents dans l'imaginaire populaire et les œuvres culturelles, semblent en fait relativement méconnus.

Source: nationalgeographic.fr

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