Plus de 4500 espèces menacées par la transition vers l’énergie verte
De fait, écrivent les chercheurs de l’Université de Cambridge, cette activité minière s »effectue dans certains des endroits les plus riches en biodiversité, alors que ceux-ci contiennent une très forte concentration d’espèces et d’habitats uniques que l’on ne retrouve nulle part ailleurs sur Terre.
Et la plus vaste menace provient effectivement de l’activité minière associée à la transition vers des énergies vertes et « propres », puisque la fabrication des diverses batteries liées à ces énergies nécessite de très grandes quantités de minerais, notamment du lithium et du cobalt. Ceux-ci servent aussi à produire des panneaux solaires, des turbines pour des éoliennes, ou encore des voitures électriques.
Par ailleurs, creuser des carrières pour trouver du calcaire, dont l’humanité consomme d’énormes quantités pour fabriquer du ciment, une composante essentielle de l’industrie de la construction, menace aussi plusieurs espèces.
De l’avis des auteurs des travaux, la menace envers la nature n’est pas limitée à l’emplacement physique des mines – même des espèces vivant bien loin de ces sites peuvent subir des impacts, notamment avec la pollution des cours d’eau, ou encore la déforestation pour construire de nouvelles routes d’accès et des infrastructures.
Les scientifiques affirment que les gouvernements et l’industrie minière devraient se concentrer sur la réduction de la pollution provoquée par l’extraction, le tout étant prononcé comme « une façon facile » de réduire les pertes de biodiversité.
Les résultats de l’étude sont publiés dans Current Biology.
« Nous ne serons tout simplement pas capables de fournir l’énergie verte nécessaire pour réduire notre impact climatique sans extraire les minerais dont nous avons besoin, et cela crée un problème parce que nous creusons souvent dans des endroits très riches en matière de biodiversité », mentionne le professeur David Edwards, le principal auteur de l’étude.
« De très nombreuses espèces, et plus particulièrement des poissons, sont mis à risque en raison de la pollution provoquée par l’activité minière. Ce ne sera pas facile de réduire la pollution de l’eau potable, tout en obtenant malgré tout les produits dont nous avons besoin pour réaliser la transition énergétique, mais de façon à limiter les pertes de biodiversité. »
Les poissons à risque
Sur l’ensemble des espèces étudiées par les chercheurs dans le cadre de l’étude, ce sont les poissons, avec plus de 2000 espèces à risque, qui sont les plus menacés par ces activités extractives. L’ampleur de la menace semble liée à l’endroit où vivent les représentants de ces espèces, ainsi qu’à son style de vie: les espèces utilisant des habitats situés en eau douce, ainsi que les espèces occupant une petite région géographique, sont les plus menacées.
« La nécessité d’extraire du calcaire, pour l’industrie de la construction, représente aussi un vrai danger pour les animaux sauvages. Bien des espèces occupent un territoire limité parce qu’elles se sont spécialisées pour vivre sur des terrains contenant du calcaire. Une mine de ciment peut carrément avaler un flanc de montagne – et faire disparaître l’habitat du même coup », rappelle Ieuan Lamb, qui a aussi collaboré à l’étude.
Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs ont découvert que les cours d’eau, par exemple, peuvent être affectés de différentes façons, alors que la pollution de l’eau peut s’étendre sur des centaines de milliers de kilomètres de rivières et de terres inondables. De plus, l’extraction du sable, un autre matériau de construction, transforme le flot de l’eau de rivières et de zones humides, ce qui rend certaines espèces d’oiseaux plus vulnérables face à des prédateurs.
Et la forte concentration de mines, dans les Andes, l’ouest et le centre de l’Afrique, ainsi que dans le sud-est de l’Asie, représente là aussi un danger pour des vertébrés dans cette région du globe.
De l’autre côté, l’industrie extractive profite d’une très forte croissance mondiale, que ce soit pour des matériaux de construction, des minerais stratégiques, ou encore des combustibles fossiles. En 2022, d’ailleurs, les revenus de l’ensemble de cette industrie étaient estimés à 943 milliards de dollars américains.
Pourtant, la biodiversité est essentielle pour améliorer notre bilan carbone et aider à lutter contre la crise climatique.
Et la menace représentée par l’activité minière menace aussi les invertébrés et les plantes, même si l’étude n’a porté que les vertébrés.
« Il ne fait aucun doute que nous allons continuer d’extraire des ressources – notre espèce est basée sur des produits extraits . Mais il existe des tensions environnementales intrinsèques à l’utilisation de ces produits. Notre étude est une étape essentielle pour éviter des pertes de biodiversité, alors que l’industrie minière devrait prendre énormément d’expansion », a mentionné le Pr Edwards.