L'industrie de la mode est l'une des plus polluantes. Selon la Banque Mondiale, 20% de la pollution des eaux est directement liée à ce secteur.
Les usines de vêtements sont très dangereuses pour l'environnement et la santé de leurs travailleurs

Dans un rapport intitulé Dirty Fashion, la Changing Markets Foundation dénonce la pollution liée à la fabrication de viscose en Inde, Chine et Indonésie, une matière très prisée des géants de la fast fashion. Explications.

La Changing Markets Foundation, fondation oeuvrant en faveur de solutions durables pour le marché global à échelle internationale, vient de mettre en ligne un nouveau rapport intitulé Dirty Fashion. Cet état des lieux se concentre sur la fabrication de la viscose dans l'industrie textile en soulignant son impact environnemental et social.  

La viscose est une fibre semi-synthétique, dérivée de la laine, qui nécessite l'utilisation de produits chimiques et de gaz nocifs tout au long de la chaîne d'approvisionnement: "Une production à bas prix, menée par l'industrie de la fast fashion, combinée à une application laxiste des lois environnementales en Chine, en Inde et en Indonésie, s'avère être un mélange toxique." estime le rapport. 

Dans chacun de ces trois pays étudiés à la loupe, il a été attesté que plusieurs usines de viscose déversent des eaux usées non traitées dans les lacs et cours d'eau à proximité, contaminant ainsi les populations locales et causant une désertification de la faune. Dans les villages alentours, il y aurait un lien direct entre cette pollution des eaux et le chiffre croissant de cas de cancers et de nouveaux-nés souffrant de diverses malformations. L'activité locale est également touchée, puisque nombreux sont les pêcheurs qui auraient cessé toute activité par peur de contamination. 

Asos, H&M et Zara dans le collimateur

De nombreuses grandes enseignes de mode sont dénoncées dans le rapport: Asos, Zara, Mark & Spencer, Levi's ou encore H&M achèteraient des produits issus des usines affiliées au groupe indien Aditya Birla, au groupe Lenzing en Indonésie et aux manufactures chinoises rattachées aux groupes Sateri, Tangshan Sanyou ou China Hi-Tech Group.  

Avec un souci de transparence déjà affiché lors de précédents débats autour de la traçabilité de leurs produits, les groupes H&M et Inditex ont accepté de communiquer sur leur relation avec ces usines. Mais le rapport nuance leur bonne volonté: "Dans de nombreux cas, les marques les plus transparentes sont aussi celles qui sont assises sur le siège conducteur de la fast fashion, poussant les impacts environnementaux et sociaux de l'industrie de la mode au-delà de ce que les hommes et la planète peuvent supporter." 

"Il y a encore beaucoup à faire"

En réponse au rapport, un représentant du groupe H&M a affirmé au Guardianque la marque était très concernée par les informations rapportées et qu'elle "s'entretiendrait avec les producteurs de viscose mentionnés." Autre commentaire fait au journal britannique, un porte-parole de Mark & Spencer a expliqué que le problème des produits chimiques dans les usines de viscose était à la une de leur agenda: "Nous encourageons déjà les fournisseurs à produire de façon plus responsable et durable en les incitant grâce à une accréditation M&S. Nous savons qu'il y a encore beaucoup à faire." 

De son côté, une représentante d'Inditex atteste que le groupe collabore avec ses fournisseurs pour améliorer les conditions de production et assurer qu'ils respectent des pratiques durables: "Nous allons publier la liste de nos fournisseurs, selon qu'ils respectent nos standards, d'ici la fin de l'année." 

Pour rappel, l'industrie de la mode est l'une des plus polluantes. Selon la Banque Mondiale, 20% de la pollution des eaux est directement liée à l'activité de ce secteur, considéré comme le deuxième plus gros pollueur sur la planète. 

Le rapport n'est pas seulement alarmiste, il indique également que de rapides transformations pourraient être faites si les principaux acteurs se mobilisaient: "De meilleures alternatives existent déjà puisque la viscose peut être produite avec une quantité réduite de produits chimiques dans une boucle de production resserrée pouvant diminuer la pollution. Les grandes marques peuvent jouer un rôle clef dans ce processus en exerçant leur énorme pouvoir pour initier ce changement." 

Source : lexpress.fr

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