Dans la Corne de l’Afrique et au Sahel, plus de 2,8 millions d’enfants dans ces deux régions souffrent déjà de malnutrition aiguë sévère.
Le Sahel « au bord de la catastrophe » à cause de la sécheresse, reconnais l’UNICEF

À moins de recevoir une aide d’urgence, « un nombre catastrophique d’enfants de la Corne de l’Afrique et du Sahel risquent de mourir » en raison des effets combinés de la malnutrition sévère et du risque de maladies transmises par l’eau. C’est ce qu’a alerté, mardi 23 août 2022 dans un communiqué officiel, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) à l’occasion de la Semaine mondiale de l’eau.

L’UNICEF a indiqué qu’au cours des cinq derniers mois, le nombre de personnes n’ayant pas à l’eau potable en Éthiopie, au Kenya et en Somalie est passé de 9,5 millions à 16,2 millions, tandis que les enfants de la région du Sahel sont confrontés à de très hauts niveaux de vulnérabilité hydrique. Les enfants victimes de l’extrême sécheresse dans certaines régions d’Afrique sont « au bord de la catastrophe », averti l’UNICEF.

Dans les zones les plus touchées par la sécheresse, de nombreuses familles n’ont plus l’argent nécessaire pour acheter de l’eau a poursuivi le texte.

Hausse exponentielle des prix de l’eau dans la Corne de l’Afrique

Le Fonds des Nations unies pour l’enfance a relayé, dans le communiqué paru dans le site officiel des Nations unies qu’au Kenya, 23 comtés ont enregistré d’importantes hausses de prix, en particulier dans celui de Mandera, où ces derniers ont augmenté de 400%, et dans celui de Garissa, où ils ont subi une hausse de 260% par rapport à janvier 2021.

En Somalie, le prix moyen de l’eau a augmenté de 85% dans le Sud-Mudug, et de 55 et 75% respectivement à Buurhakaba et Ceel Berde, par rapport aux prix de janvier 2022.

En Éthiopie, le coût de l’eau a doublé en juin dans la région d’Oromia et augmenté de 50% dans la région Somali par rapport au début de la sécheresse en octobre 2021.

S’exprimant à ce sujet dans un communiqué, Catherine Russell, directrice exécutive de l’UNICEF a expliqué que « l’histoire nous montre que lorsque les niveaux de malnutrition aiguë sévère chez les enfants s’associent à des épidémies mortelles de maladies comme le choléra ou la diarrhée, la mortalité infantile augmente considérablement et de façon tragique. Lorsque l’eau n’est pas disponible ou qu’elle est insalubre, le risque pour les enfants augmente de manière exponentielle ».

Des risques de choléra et de diarrhée face à la persistance de l’insécurité hydrique

Cette insécurité hydrique expose ainsi les enfants et leurs familles à un risque accru de contracter des maladies comme le choléra et la diarrhée. « Imaginez devoir choisir entre acheter du pain ou acheter de l’eau pour un enfant affamé, assoiffé et déjà malade, ou entre regarder votre enfant souffrir d’une soif extrême ou le laisser boire de l’eau contaminée pouvant causer des maladies mortelles », a déclaré Mme Russell dans le document.

Selon ce texte, en Somalie, des épidémies de diarrhée aqueuse aiguë et de choléra ont été signalées dans la quasi-totalité des districts touchés par la sécheresse. Les 8.200 cas relevés entre janvier et juin représentent plus du double du nombre de cas signalés au cours de la même période l’année dernière.

Entre juin 2021 et juin 2022, l’UNICEF et ses partenaires ont traité plus de 1,2 million de cas de diarrhée chez les enfants de moins de cinq ans dans les régions éthiopiennes les plus touchées par la sécheresse, à savoir Afar, Somali, RNNPS et Oromia, a rappelé le communiqué.

Plus de 2,8 millions d’enfants souffrant déjà de malnutrition aiguë sévère dans ces deux régions

La même source relève qu’au Kenya, plus de 90% des sources d’eau libre – telles que les étangs et les puits à ciel ouvert – dans les zones touchées par la sécheresse sont soit épuisées soit asséchées, ce qui pose un grave risque d’épidémie.

Dans la Corne de l’Afrique et au Sahel, plus de 2,8 millions d’enfants dans ces deux régions souffrent déjà de malnutrition aiguë sévère. Ils sont donc 11 fois plus exposés au risque de mourir de maladies transmises par l’eau que les enfants bénéficiant d’une bonne nutrition.

Près des deux tiers des enfants affectés sont âgés de moins de cinq ans. « Dans l’ensemble de la Corne de l’Afrique et du Sahel, des millions d’enfants sont au bord de la catastrophe », a insisté la cheffe de l’UNICEF.

Au Sahel, la sécheresse, les conflits et l’instabilité sont à l’origine de l’insécurité hydrique qui sévit dans la région. Au Burkina Faso, au Mali, au Niger, au Nigéria et au Tchad, près de 40 millions d’enfants sont confrontés à des niveaux de vulnérabilité hydrique élevés, voire extrêmement élevés.

Le nombre d’enfants qui décèdent en raison de l’insalubrité de l’eau et de l’absence d’assainissement est déjà plus élevé au Sahel que dans toute autre région du monde, selon les dernières données publiées par l’OMS.

Dans tout le Sahel, l’eau disponible a également diminué de plus de 40% au cours des 20 dernières années en raison des changements climatiques et de facteurs complexes tels que les conflits, qui exposent des millions d’enfants et de familles à un risque accru de maladies transmissibles par l’eau, lit-on dans le communiqué.

L’appel au financement de l’UNICEF pour faire face à la crise

A noter que l’année dernière encore, l’Afrique de l’Ouest et centrale a connu la pire épidémie de choléra de ces six dernières années, 5.610 cas et 170 décès ayant été recensés dans la région centrale du Sahel. 

Pour combattre cette crise, l’UNICEF fournit une aide vitale et des services résilients aux enfants et à leurs familles qui en ont le plus besoin dans la Corne de l’Afrique et le Sahel. Mais l’appel de l’UNICEF pour la Corne de l’Afrique n’est actuellement financé qu’à hauteur de 3%. Celui pour la région centrale du Sahel n’a reçu que 22% de contributions financières.

« Pour en finir avec cette crise, les gouvernements, les donateurs et la communauté internationale doivent augmenter les financements pour répondre aux besoins les plus urgents des enfants et fournir un soutien flexible à long terme pour briser le cycle de la crise », a conclu la cheffe de l’UNICEF. 

Source: vivafrik.com

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