Le réchauffement des océans revu à la hausse
Depuis 2014, les experts climatiques étaient perplexes : la hausse de température mesurée des océans n’était pas aussi forte que ce que les modèles climatiques prédisaient. Les thermomètres avaient-ils faux ?
Une nouvelle étude parue jeudi 10 janvier dans la revue Science résout le problème. Les modèles voyaient juste. Les mesures anciennement utilisées n’étaient pas assez précises, et trop basses, selon ce nouveau travail qui combine quatre études scientifiques publiées depuis 2014.
Nouveaux thermomètres
L’imprécision des mesures passées s’explique par le matériel utilisé. Les bathythermographes, sortes de thermomètres en forme de torpilles plongeant sous l’eau et reliés par un câble à un navire, ne remontaient pas à la surface et ne duraient pas longtemps. Depuis le début des années 2000, 3 900 balises Argo flottantes et plongeantes réparties sur le globe fournissent des données bien plus complètes sur les 2 000 premiers mètres, transmises par satellites, avec une fréquence incomparable.
Finalement, la température des océans, dans la couche de 2 000 mètres sous la surface, a été revue à la hausse de façon importante pour la période 1971-2010, comparée au rapport de référence parrainé par l’ONU, celui publié par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) en 2014.
« Si vous voulez comprendre où se passe le réchauffement climatique, regardez dans nos océans, affirme l’un des auteurs du résumé publié dans Science, Zeke Hausfather, de l’université de Californie à Berkeley. Le réchauffement océanique est un indicateur très important du changement climatique, et nous avons les preuves que ce réchauffement va plus vite que ce que nous pensions. »
Le chercheur parle d’« indicateur », car les océans absorbent l’excès de chaleur de l’atmosphère créé par les rejets de gaz à effet de serre. Le réchauffement de l’eau agit comme un signal confirmant la vitesse du changement climatique, explique-t-il. Selon lui, 2018 sera « très probablement l’année la plus chaude jamais enregistrée dans les océans, comme 2017 et 2016 auparavant ».