La blockchain pour lutter contre la pollution au plastique
Un thermos bu équivaudra à une bouteille en plastique recyclée. C’est la promesse d’une start-up genevoise et de son thermos connecté. Un capteur situé dans le bouchon mesure la quantité de liquide bue et déclenche automatiquement un paiement qui finance le ramassage de bouteilles en plastique dans des pays émergents, grâce à la blockchain.
«Nous voulons lutter contre la pollution au plastique à deux niveaux. D’abord lors de la consommation, en fournissant une gourde réutilisable, puis après la consommation, en finançant le recyclage des bouteilles déjà répandues dans l’environnement», décrit Pierandrea Quarta, directeur de Re-Company. L’Italien de 33 ans a cofondé cette société avec deux autres anciens de Procter & Gamble, où ils ont participé à la création de la première bouteille de shampoing à base de plastique trouvé sur des plages.
Crédits verts
En pratique, la quantité d’eau consommée via ce thermos rechargeable baptisé Rebo est convertie en crédits verts. Le Gold Standard, une fondation genevoise créée par le WWF en 2003, certifiera le côté durable du projet. «Ces crédits sont ensuite achetés par des sponsors et l’argent récolté est intégralement reversé à la Plastic Bank, une start-up qui crée des points de collecte en Haïti, au Brésil et en Asie.
Les résidents locaux sont payés lorsqu’ils y déposent des déchets plastiques», enchaîne Francesco Abbate, qui s’occupe des aspects financiers et technologiques du projet, à travers sa société Swiss Crypto Advisors, où Re-Company est incubée.Ces sponsors peuvent être des entreprises qui souhaitent encourager leurs employés à rester hydratés tout en compensant leur empreinte plastique, imaginent nos interlocuteurs. Le coût du ramassage d’une bouteille tourne autour de quelques centimes.
Existant à l’état de prototype, le thermos connecté à la blockchain via un smartphone est actuellement en prévente pour un prix allant de 42 à 85 francs selon les quantités commandées. La société, qui a reçu pour 126 000 francs de précommandes, a dépassé son objectif de 100 000 francs et prévoit les premières livraisons cet été. Re-Company, qui compte une dizaine d’employés dont trois à plein temps, est associée sur ce projet à Aptar, le géant américain des systèmes de fermeture de bouteilles.
Dispositif anti-fraude
Et si le contenu du thermos est vidé dans un évier, plutôt que bu? Un accéléromètre placé dans le bouchon repère la supercherie et ne déclenche pas de paiement, assurent les patrons de Re-Company.
A l’avenir, le concept pourrait être décliné sous différentes formes, notamment à travers des fontaines à eau connectées qui identifieraient ces thermos futuristes et factureraient automatiquement leur remplissage à leur propriétaire.