«L'État n'a rien fait»: au Honduras, des associations réclament justice après l'assassinat d'un défenseur de l'environnement
Juan Lopez a été inhumé dimanche 15 septembre dans la municipalité de Tocoa, ville du nord-est du Honduras, où il vivait et dont il était conseiller municipal, selon la presse locale.
Le procureur du Honduras, Johel Zelaya, a salué un homme dont « la vie était un exemple de lutte », indiquant que des « équipes spécialisées enquêtent déjà pour que sa mort ne reste pas impunie ». Dimanche matin, la police a demandé « au public qui a des informations pertinentes concernant l'acte criminel de communiquer confidentiellement » via sa ligne d'urgence 911.
La présidente hondurienne Xiomara Castro a promis que « justice » serait faite. « Nous condamnons l'assassinat ignoble de notre camarade et leader écologiste Juan Lopez à Tocoa. J'ai ordonné à toutes les forces de l'ordre de faire la lumière sur cette tragédie et identifier les responsables », a déclaré la présidente de gauche sur X. « Justice pour Juan Lopez », a-t-elle promis. L'écologiste était membre du parti Libre au pouvoir.
Repudiamos el vil asesinato del compañero y líder ambientalista Juan López en Tocoa, Colón. He ordenado que se utilice toda la capacidad de las fuerzas del orden para esclarecer esta tragedia e identificar a los responsables. Expreso mi solidaridad con sus familiares, compañeros…
— Xiomara Castro de Zelaya (@XiomaraCastroZ) September 15, 2024
Juan Lopez était coordinateur d'un collectif de lutte qui accusait le groupe minier Los Pinares d'exploiter une mine à ciel ouvert dans des conditions qui portent atteinte à la réserve forestière de Botaderos, près de Tocoa, à 220 km au nord-est de Tegucigalpa. Il avait obtenu en mai dernier la fin des concessions minières dans ce parc.
« L'État hondurien n'a rien fait »
« Juan Lopez était un défenseur de l'environnement, un défenseur des droits de l'homme et un homme modeste. Son combat était de sauver un parc national protégé où se trouve la source de plusieurs fleuves. Un jour, les communautés locales se sont rendu compte que l'un des fleuves devenait marron. Les gens ne pouvaient plus se baigner, car l'eau provoquait des démangeaisons. Il était même impossible de laver le linge dans l'eau de ce fleuve à cause des rejets de deux mines de fer », explique à RFI Rita Romero, l'avocate du collectif dont faisait partie le militant.
« En octobre 2023, la Commission interaméricaine des droits de l'homme a ordonné des mesures de protection pour Juan Lopez et 36 autres militants menacés. Mais l'État hondurien n'a rien fait. Et voilà le résultat : Juan a été assassiné », déplore-t-elle.
Juan Lopez avait confié à l'AFP en novembre 2021 craindre pour sa vie en raison de ce combat. « Quand on se met à défendre le bien commun dans ce pays, on s'attaque à de puissants intérêts (...). Quand on sort de chez soi, on sait qu'il peut se passer n'importe quoi, qu'on peut ne pas revenir », avait expliqué le militant, alors âgé de 42 ans et père d'une petite fille de cinq ans. Il avait raconté ne jamais sortir de nuit et ne pas aller seul dans un secteur éloigné.
Selon un rapport de l'ONG Global Witness, le Honduras est l'un des pays les plus dangereux pour les défenseurs de l'environnement. En 2023, il arrivait en troisième place dans le monde pour le nombre d'assassinats de militants écologistes, à égalité avec le Mexique (18), derrière la Colombie et le Brésil. Entre 2012 et 2023, 148 militants écologistes ont été tués au Honduras.