Malgré les risques encourus et les sanctions (normalement) appliquées, le braconnage croît d’année en année dans le monde.
L'augmentation de la part du braconnage dans l’économie mondiale

Largement menacée par la pollution, la destruction des habitats et des milieux naturels, la biodiversité souffre encore aujourd’hui de l’exploitation excessive, voire la destruction de ses ressources. En sus, le banditisme environnemental aussi appelé braconnage prend des proportions inquiétantes et les mesures prises contre ces pratiques semblent ne pas être assez efficaces.

Aujourd’hui, le braconnage occupe la 4e place dans le classement mondial des marchés criminels juste derrière la drogue, la cybercriminalité et la traite d’êtres humains.

Malgré les risques encourus et les sanctions (normalement) appliquées, le braconnage croît d’année en année. Si l’on connait bien ses conséquences à l’échelle environnementale, que représente-t-il au niveau de l’économie mondiale ?

Le braconnage menace de nombreuses espèces en voie de disparition

Selon Traffic, un organisme conjoint du WWF et de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), entre 500 et 600 millions de poissons tropicaux, 15 millions d’animaux à fourrure, 5 millions d’oiseaux, 2 millions de reptiles et 30.000 primates sont exposés chaque année au braconnage.

Plusieurs pays d’Afrique (particulièrement le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie), d’Asie (Les Philippines, la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam et la Chine) qui sont considérés comme les « rouages majeurs », mais également d’Amérique du Sud et d’Europe (France, Belgique, Malte…), sont concernés par ce fléau qu’est le braconnage.

Environ 800 espèces apparaissent déjà sur l’annexe I de la Convention sur le commerce international de la faune et de la flore sauvages menacées d’extinction qui interdit totalement le commerce d’animaux considérés comme en danger immédiat d’extinction. Les autres espèces qui devraient également bénéficier d’une protection particulière, mais font l’objet d’un commerce restreint et contrôlé, notamment via des permis d’exportation des animaux et produits dérivés, sont inscrites quant à elles sur l’annexe II.

Malheureusement, le trafic des espèces sauvages, qui englobe le braconnage, la capture, la collecte et le commerce, attire les criminels en raison des risques faibles, des profits élevés et des sanctions légères… Et en moyenne, ils massacrent un éléphant toutes les 15 minutes, et trois rhinocéros chaque jour ! Le nombre d’éléphants d’Afrique est ainsi passé de plus de 2 millions dans les années 1990 à 500.000 en 2016. Si les éléphants et les rhinocéros font partie des espèces animales les plus braconnées, de nombreuses autres sont également dans le viseur des criminels : pangolins, singes, etc.

Non seulement le braconnage met en péril la biodiversité, mais il fragilise aussi l’économie mondiale

La chasse ou la pêche illégale n’impactent pas uniquement l’économie locale, régionale, nationale : le trafic illégal d’espèces animales ou végétales menacées a indubitablement des retombées sur l’économie à plus grande échelle.

Bien évidemment, une large part de ces activités illégales reste inestimable et donc, difficile à chiffrer, mais il est évident que le braconnage reste une activité très lucrative et s’est même transformé en une véritable industrie mondiale qui pèse à hauteur d’environ 20 milliards de dollars selon les estimations.

Le nombre de rhinocéros ayant subi un assaut pour leur corne a été multiplié par 30 en moins de deux décennies, pour atteindre le chiffre de 2.000 en 2014. Or, sur le marché noir, la corne de rhinocéros est vendue à 51.000 euros le kilo : une valeur nettement supérieure à celle de l’or (moins de 40.000 euros) ou même du platine (moins de 45.000 euros). L’ivoire de l’éléphant quant à lui, s’échange à 1.800 euros le kilo. Ainsi, dire que la part du braconnage serait infime sur les espèces et n’aurait aucun impact sur l’économie mondiale est impensable !

Bien sûr, l’explosion de la croissance démographique menace directement des dizaines d’espèces en plus des gros mammifères : tortues, perroquets, singes, mais aussi bois de rose chez les végétaux…

En Afrique notamment, le braconnage représente également une importante perte pour les exploitants des grandes réserves de chasse qui permettent aux amateurs de s’adonner à leurs loisirs favoris : elles voient leurs chiffres d’affaires baisser du fait de la raréfaction de « gibier » suffisamment intéressant pour les chasseurs qui du fait achètent moins de permis.

Ce qui n’est sûrement pas une mauvaise chose : en effet, la chasse au trophée a également contribué au déclin à grande échelle de certaines espèces, et on ne peut que se réjouir de l’interdiction de transporter les trophées de chasse provenant d’espèces protégées dans les avions de certaines compagnies aériennes, même si on espère des régulations plus strictes concernant l’importation de tels « objets » en général.

D’autre part, au-delà des braconniers locaux, il est avéré que les revenus de cette criminalité environnementale organisée à travers les sites de ventes en ligne, les réseaux sociaux et les moteurs de recherche sont en grande partie, destinés au blanchiment d’argent, au financement du crime organisé, du terrorisme et des milices rebelles. Le braconnage et la vente illégale d’espèces protéges (ou non) ont par exemple profité à l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) en Ouganda, aux Janjawid au Darfour (Soudan) ou encore aux Chebab en Somalie.

Quelques chiffres du braconnage :

15 min : c’est la fréquence à laquelle un éléphant meurt dans le monde à cause du braconnage. Les pachydermes abattus sont désormais plus nombreux que leurs cousins morts de manière naturellement.

51.000 euros : c’est le prix d’un kilogramme de corne de rhinocéros, plus cher que l’or.

Environ 150 malfaiteurs sont recherchés par Interpol pour des atteintes à l’environnement.

1.000 écogardes ont été tués par des braconniers lors d’incidents liés au trafic d’espèces sauvages, dans 35 pays différents au cours de ces dix dernières années

Près 9.500 petites annonces ont mis en vente des animaux, des parties du corps ou des dérivés d’animaux provenant d’espèces menacées en 2014, ce qui représente une valeur estimée à 7,8 millions euros. En France, on a recensé la même année, près de 1.200 annonces d’espèces menacées sur 17 sites de vente (dont leboncoin.fr, naturabuy.fr, et marche.fr) pour une valeur de près d’un million d’euros.

 

Soucieux de la stabilité de la biodiversité naturelle et du maintien de la chaîne alimentaire, nombreux sont les organismes qui luttent pour la protection de la faune et de la flore. D’autre part, les institutions internationales restent mobilisées et à pied d’oeuvre pour lutter contre ces activités illégales sur le web, et réprimer plus sévèrement les contrevenants. À nous aussi de refuser tout produit issu d’animaux, au minimum ceux provenant d’espèces protégées…

Source : consoglobe.com
 

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