Construire un avenir plus résilient après le tremblement de terre en Haïti
ONU Haïti/Daniel Dickinson. Une femme apporte des pierres pour construire des barrières contre les inondations.
Une file de femmes porte des pierres dans les mains et sur la tête alors qu'elles descendent vers un ravin sur le flanc d'une colline dans le sud d'Haïti. Elles apportent les pierres pour que leur communauté puisse construire des barrières qui ralentiront l'écoulement de l'eau dans cette vallée verdoyante et empêcheront l'érosion des terres qui sont importantes pour cette communauté agricole rurale.
Il s'agit d'une équipe de femmes et d'hommes issus de communautés vulnérables dans l'un des trois départements de la péninsule sud d'Haïti qui ont été frappés par un séisme destructeur de magnitude 7,2 le 14 août 2021. Plus de 2.200 personnes sont mortes dans cette catastrophe et plus de 137.000 maisons ont été détruites ou endommagées, ainsi que des hôpitaux, des écoles et des infrastructures de transport essentielles, notamment des routes et des ponts.
Juste en bas de la vallée, une autre équipe d'environ 36 personnes travaille dur pour dégager la route dans le cadre d'un programme de réhabilitation. Elles sont payées 500 gourdes haïtiennes (environ 5 dollars) pour une journée de 4 à 5 heures et passeront 20 jours à travailler pour améliorer leur communauté.
ONU Haïti/Daniel Dickinson. Des travaux de réhabilitation des routes sont menés par des gens vivant à Laurent dans le sud d'Haïti.
Des travaux de réhabilitation de routes sont effectués par des habitants de Laurent, dans le sud d'Haïti.
« L'argent que je gagne m'aide à payer la nourriture, l'école et les autres besoins du ménage », explique Tesse Medgune. « Beaucoup de familles ont perdu leurs moyens de subsistance à cause du tremblement de terre, donc cela nous aide à survivre ».
Les travaux de réhabilitation du côté de la route des collines et des vallées sont soutenus par le Programme alimentaire mondial (PAM) et font partie d'un effort du gouvernement haïtien pour améliorer la résilience des personnes vulnérables qui sont menacées par les catastrophes naturelles. Beaucoup de ces personnes reçoivent également un soutien pour améliorer les activités de production alimentaire et leur nutrition.
Il existe 16 équipes similaires dans la région immédiate et beaucoup d'autres dans la péninsule sud d'Haïti, où le tremblement de terre a causé le plus de dégâts.
« L'argent que les gens ont gagné est important à court terme pour leur permettre de traverser la période difficile qui suit le tremblement de terre », explique Sophia Toussaint du PAM, « mais il est également crucial pour leur avenir à plus long terme. La protection du flanc de la colline arrête l'érosion du sol et signifie que les agriculteurs risquent moins de perdre leurs récoltes lors d'une catastrophe naturelle ; une bonne route permet d'acheminer plus facilement les produits vers le marché », ajoute-t-elle. « Cela signifie également que l'aide peut être acheminée plus efficacement et que les gens peuvent se rendre à l'hôpital s'il y a un autre tremblement de terre ».
Jerry Chandler est le Directeur général de l'agence de protection civile d'Haïti. « Nous avons travaillé en étroite collaboration avec nos partenaires internationaux, y compris l'ONU, pour nous assurer que notre réponse aux catastrophes est plus robuste. Ainsi, nous nous préparons à l'éventualité d'une nouvelle catastrophe, mais nous veillons également à en atténuer l'impact ».
Un an après le tremblement de terre, les Nations Unies continuent de soutenir les communautés dans les trois départements les plus touchés, Grand Anse, Nippes et Sud. Quelque 26.200 personnes ont fui leurs maisons inhabitables et la majorité d'entre elles ont été hébergées dans 85 sites de déplacement temporaire.
ONU Haïti/Daniel Dickinson. Roslaine Jeantine a vendu une chèvre pour payer l'installation d'un nouveau toit.
Une majorité de personnes sont maintenant rentrées chez elles, dont Roslaine Jeantine et ses trois fils. Le toit de sa petite maison dans la commune de Laurent, juste à l'extérieur de la ville des Cayes, s'est effondré lors du tremblement de terre, blessant la jambe de son fils aîné, mais les murs sont restés en place. Elle a été encouragée à retourner chez elle grâce à un kit de construction de toit fourni par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
« J'ai vendu ma chèvre pour payer deux charpentiers qui ont installé mon nouveau toit », raconte Roslaine Jeantine. « Je me sens encore paniquée lorsque j'entends un grand bruit, pensant qu'il pourrait s'agir d'un autre tremblement de terre, mais je sais que ce toit est bien fait et qu'il nous protégera, moi et ma famille, des intempéries ».
L'OIM a distribué environ 100 kits à Laurent, qui comprennent tout ce dont une famille a besoin pour construire un toit ; du bois, des feuilles d'étain, des clous et plus encore. Au total, quelque 500 kits ont été distribués dans toute la zone touchée par le séisme aux familles les plus vulnérables.
ONU Haïti/Daniel Dickinson. Les murs de la maison de Roslaine Jeantine ont supporté le choc du séisme d'août 2021 mais pas le toit.
« Ces toits sont importants non seulement parce qu'ils fournissent un abri », explique Jean Gardy Saint Juste de l'OIM, « mais aussi parce qu'ils permettent aux familles de prendre leurs propres décisions sur la façon de réparer leurs maisons et donc de reconstruire leurs vies. En ce sens, ils créent leur propre résilience aux catastrophes futures avec un peu de soutien de l'OIM ».
Alors que les maisons sont reconstruites toit par toit et que les routes sont réparées pierre par pierre, les agences de l'ONU travaillent actuellement toujours dans les trois départements en fournissant des services indispensables mais aussi en créant un espace pour que les communautés puissent prendre des décisions sur la meilleure façon de se protéger en cas de nouveau tremblement de terre.
En 2022, les programmes de résilience du PAM en Haïti sont soutenus par la Suisse, le Canada, la Corée du Sud (KOICA) et l'Agence américaine pour le développement international (USAID/BHA).