Des scientifiques ont annoncé avoir identifié cinq espèces et cinq sous-espèces nouvelles d'oiseaux en menant une expédition sur trois petites îles situées au large de Sulawesi en Indonésie. Une découverte d'une ampleur inédite.
Cinq nouvelles espèces d'oiseaux identifiées sur des îles indonésiennes
Photo : Ce passereau nommé locustelle de Taliabu est l'un des dix nouveaux oiseaux identifiés lors d'une expédition sur des îles indonésiennes.
© James Eaton/Birdtour Asia

geo.fr. Des scientifiques ont annoncé avoir identifié cinq espèces et cinq sous-espèces nouvelles d'oiseaux en menant une expédition sur trois petites îles situées au large de Sulawesi en Indonésie. Une découverte d'une ampleur inédite.

Entre 9.000 et 10.000, c'est le nombre d'espèces d'oiseaux qui évolueraient sur Terre, selon les estimations les plus répandues. En réalité, elles pourraient être bien plus nombreuses comme l'a suggéré une étude parue en 2016. Ces recherches affirment que notre planète abriterait au moins le double, soit quelque 18.000 espèces d'oiseaux dont une portion non négligeable reste à documenter.

C'est ce que semble confirmer la découverte annoncée par des scientifiques dans une étude publiée par la revue Science. En menant une expédition sur trois petites îles d'Indonésie, ils sont parvenus à identifier dix oiseaux - cinq espèces et cinq sous-espèces - restés jusqu'ici inconnus. Ceci représenterait le plus nombre de nouvelles espèces documentées dans une si petite zone géographique depuis plus de 100 ans.

Des îles riches mais peu explorées

C'est au cours d'une mission menée entre novembre 2013 et janvier 2014 dans les îles de Taliabu, Peleng et Batudaka que les oiseaux sont apparus. Situées au large des côtes de Sulawesi, ces trois îles montagneuses font partie d'une zone appelée Wallacea reconnue pour la richesse de sa biodiversité. Ces territoires difficiles d'accès demeuraient pourtant très peu explorés. A tort.

Du fait de leur caractère isolé, les îles présentent en effet souvent un niveau élevé d'endémisme, autrement dit des espèces qui n'existent nulle part ailleurs. "Nous sommes particulièrement intéressés par les îles entourées d'eaux profondes", a expliqué au National Geographic, Frank Rheindt, biologiste de l'Université nationale de Singapour qui a dirigé les recherches.

"Parce qu'elles n'ont été connectées à aucun continent terrestre depuis les périodes glaciaires, elles représentent des endroits très prometteurs pour découvrir des espèces uniques", a-t-il justifié.

Le spécialiste s'était déjà rendu seul sur certaines de ces îles en 2009 mais ce n'est que quatre ans plus tard, un permis d'exploration en poche, qu'il a pu confirmer ses soupçons.

Avec son équipe, Frank Rheindt a arpenté les forêts et reliefs des trois petites îles, l'oreille tendue pour capter les chants d'oiseaux. Ceci leur a permis de collecter plusieurs spécimens qu'ils ont ensuite ramenés en laboratoire pour étudier leur apparence, leur anatomie ainsi que leur ADN. Ils se sont également penchés sur les caractéristiques de leurs vocalisations.

Des observations déterminantes

En comparant les résultats avec les données existantes, ils ont alors pu déterminer si les oiseaux appartenaient à de nouvelles espèces ou sous-espèces. Pour certaines, les observations ont laissé peu de doute. Un petit passereau orangé appelé Myzomela wahe s'est ainsi rapidement distingué par son apparence comme une espèce inconnue, de même qu'un autre nommé pouillot de Taliabu.

Pour d'autres, ce sont les analyses génétiques ou les vocalisations qui ont permis de trancher. C'est notamment le cas de l'espèce Locustella portenta ou locustelle de Taliabu qui a retenu l'attention de Frank Rheindt, et pour cause. L'expédition a mis plusieurs jours avant de dénicher cet oiseau insaisissable dont le chant ressemble aux stridulations des criquets.

gobemouche togien
Ce gobemouche togien (Cyornis omissus omississimus) trouvé sur l'île de Batudaka est l'une des cinq nouvelles sous-espèces identifiées. - James Eaton/Birdtour Asia

Bien que ces espèces ou sous-espèces n'aient encore jamais été décrits, elles ne sont pas totalement inconnues. Selon un article accompagnant le rapport paru dans Science, la plupart d'entre elles étaient ou avaient déjà été observées par des locaux ou de précédents visiteurs. Sur les dix oiseaux, neuf sont apparus sur les îles de Peleng et Taliabu.

D'après la National Audubon Society, environ 165 oiseaux inconnus ont été décrits depuis les années 1990 mais la majorité d'entre eux évoluent en Amérique du Sud. Si deux nouvelles espèces avaient déjà été documentés l'an passé dans l'archipel de Wakatobi en Indonésie, les découvertes dans cette région demeurent rares.

"C'est une vraie surprise de voir qu'au XXIe siècle, il existe encore un lieu sur Terre, une région relativement limitée, où l'on peut trouver cinq sous-espèces et cinq espèces nouvelles", s'est réjoui le professeur Rheindt. pour The Guardian. "Cela montre qu'il existe encore de nombreuses autres régions sur Terre qui sont encore inexplorées". Cette nouvelle découverte suscite toutefois autant d'enthousiasme que d'inquiétude.

A peine identifiés, déjà menacés

Car à peine identifiés par les scientifiques, plusieurs de ces oiseaux qui n'existent nulle part ailleurs sont déjà considérés comme menacés d'extinction. Certains, notamment le locustelle de Taliabu, ont en effet été trouvés dans des zones très réduites vulnérables aux incendies et à la déforestation qui font des ravages sur les îles indonésiennes.

"La destruction de l'habitat sur ces îles est galopante et le changement climatique y est déjà à l'oeuvre", a déploré pour Gizmodo, le biologiste. Certains oiseaux "pourraient ne pas survivre plus de quelques décennies", a-t-il renchéri pour Science News. D'où l'importance de mener de telles expéditions pour identifier les espèces encore inconnues et pouvoir ensuite tenter de les préserver.

"Comment allons nous conserver notre biodiversité si nous ne savons pas où elle se trouve ?", a-t-il justifié. "Nous avons réellement besoin d'un nouvel élan dans la découverte de la biodiversité et j'espère que la publication de cette étude fournira l'impulsion pour cela", en plus d'aider à protéger ces oiseaux et leur habitat.

Source: geo.fr

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