Changement climatique : les prisons françaises sont-elles surexposées au risque de canicule ?
Selon un récent rapport d'une ONG, les prisons françaises sont particulièrement vulnérables au changement climatique et des mesures sont nécessaires pour limiter leur exposition aux aléas du climat.
Les prisons sont surexposées aux canicules
Toute la population française est exposée au risque de canicule, qui se font de plus en plus nombreuses ces dernières années à travers le territoire. Toutefois, les détenus des 188 établissements pénitentiaires en France sont également particulièrement vulnérables à cet aléa climatique, d'autant plus en raison de leurs difficultés à accéder à une douche ou simplement aérer leur cellule.
À ces paramètres s'ajoutent également le fait que les cours de promenade sont souvent inadaptées en cas de périodes de fortes chaleurs car elles sont entièrement bétonnées, sans arbres, parfois même sans auvent ou préau permettant de s'abriter du soleil brûlant. Enfin, la surpopulation carcérale rend encore plus invivable pour les détenus les périodes de très forte chaleur.
Avec l'augmentation progressive des températures liée au réchauffement climatique, ce problème sanitaire pour les détenus des prisons françaises risque de devenir de plus en plus important, nécessitant d'adapter les conditions carcérales, notamment au niveau des infrastructures.
Dans la prison de Villefranche, un plan canicule a été mis en place pour limiter les effets de la chaleur pic.twitter.com/kVRqhJ27gQ
— BFM Lyon (@BFMLyon) July 19, 2022
Or, pour l'heure, ce problème ne fait l'objet d'aucune politique publique et ne semble pas être pris en compte dans les programmes de construction et de rénovation des prisons, a dénoncé l'association « Notre Affaire à tous », qui utilise le droit comme un levier stratégique de lutte contre la crise environnementale.
La canicule n'est pas le seul aléa menaçant les prisons
La chaleur excessive n'est toutefois pas le seul aléa lié au changement climatique menaçant potentiellement les prisons françaises. Le retrait-gonflement des argiles, se montrant parfois important lors des épisodes de sécheresse, de plus en plus fréquents eux-aussi, peut en effet fragiliser le bâti, induisant à nouveau un risque pour les détenus. Or, plus de la moitié des prisons françaises sont exposées à un risque moyen ou fort sur ce plan.
#cashinvestigation. En France, 1 maison sur 2 est exposée au risque retrait-gonflement des argiles. Les conséquences ? Des habitations qui se fissurent et finissent même par s’effondrer. Vous voulez savoir si vous êtes concernés ? La carte, c’est par ici https://t.co/tTGFlfpfAv pic.twitter.com/DndvIdPQwl
— CASH INVESTIGATION (@cashinvestigati) September 15, 2022
Également, plus d'un quart des prisons sont exposées à un risque modéré à fort d'inondation sur le territoire français, 12% sont soumises à un risque de feu de forêt et 8 établissements sont concernés par le risque de submersion marine. Notons enfin que 3 établissements situées en outre-mer risquent à terme de se retrouver sous le niveau de la mer avec la montée des eaux liée au réchauffement climatique.
Ainsi, l'ONG appelle les pouvoirs publics à identifier les prisons les plus vulnérables pour prioriser leur fermeture, leur réfection ou leur aménagement, adapter et végétaliser les bâtiments actuels pour limiter les risques liés à la chaleur mais également d'éviter l'implantation de nouvelles prisons dans des zones submersibles à l'horizon 2100.
L’administration pénitentiaire a toutefois assuré qu'elle avait lancé un projet visant à définir les effets du changement climatique et les besoins et moyens possibles d'adaptation des prisons à ses effets néfastes. Les nouveaux programmes de construction intègrent déjà les enjeux de lutte contre la chaleur mais il est également nécessaire de prendre en compte que les solutions anti-canicule classiques (ventilation, dispositifs de protection solaire) restent limitées en prison par les contraintes de sécurité.