Cette espèce préhistorique de grand singe est la plus petite jamais découverte
L’analyse de dents et d’une rotule fossilisées, découvertes dans le sud-est de l’Allemagne, a révélé qu’elles appartenaient à une nouvelle espèce de grand singe préhistorique, se distinguant, étrangement, par son petit gabarit.
Buronius manfredschmidi
Avec un poids estimé à seulement 10 kilogrammes, Buronius manfredschmidi est la plus petite espèce de grand singe jamais identifiée. Ses témoignages fossiles ont été mis au jour dans la carrière d’argile de Hammerschmiede, au sein d’une couche remontant à environ 11,6 millions d’années.
Il s’avère que l’espèce nouvellement découverte n’était pas le seul grand singe à vivre dans la région à l’époque du Miocène. Entre 2015 et 2018, des fouilles réalisées sur le même site avaient en effet révélé les restes de Danuvius guggenmosi, constituant un exemple de bipédie extrêmement précoce chez les hominidés.
À en juger par leur différence de taille, les chercheurs pensent que les deux espèces possédaient des modes de vie très différents. La rotule et les dents de Buronius suggèrent qu’il évoluait dans les arbres, se nourrissant de feuilles et de fruits mous, quand la reconstitution du squelette de Danuvius indique qu’il marchait sur la plante des pieds, et passait probablement le plus clair de son temps sur la terre ferme.
L’occupation de niches écologiques aussi différentes implique que B. manfredschmidi et D. guggenmosi auraient, à l’instar des gibbons et des orangs-outans modernes sur les îles de Bornéo et de Sumatra, coexisté durablement. Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue PLoS ONE, si Hammerschmiede est actuellement le seul endroit du Vieux Continent où plus d’une espèce de singe préhistorique a été découverte, le réexamen de fossiles provenant d’autres sites européens pourrait permettre d’identifier d’autres cas de cohabitation.
Des espèces européenes disparues au cours du Miocène supérieur
Aujourd’hui, les grands singes (à l’exception évidemment de notre espèce) se trouvent principalement dans les forêts tropicales d’Afrique centrale et d’Asie du Sud-Est. On estime que les dernières espèces européennes se sont éteintes au cours du Miocène supérieur, il y a entre 11,63 millions et 5,33 millions d’années.
Ayant commencé à reculer il y a environ 9 millions d’années, les forêts d’Europe ont peu à peu été remplacées par des prairies. De tels bouleversements auraient largement impacté B. manfredschmidi, et potentiellement entraîné sa disparition.