Ce "signal d’alerte" trouvé par les chercheurs nous dira quand le climat va s’effondrer
« Une mauvaise nouvelle pour le système climatique et l’humanité ». Voilà comment une équipe présente sa dernière étude, parue le 9 février dernier dans la revue Science Advances. Cette dernière se penche sur le système englobant les courants marins dans l’océan atlantique (dont le bien connu Gulf Stream).
Baptisée AMOC en anglais (pour Atlantic meridional overturning circulation), il s’agit d’une sorte de gigantesque tapis roulant océanique régulant la température des océans. Il redistribue la chaleur, le carbone et les nutriments essentiels à la vie partout dans le monde. Mais depuis 1950, L’Amoc a diminué de 15 %. Pire, il se trouve dans son état le plus faible depuis plus d’un millénaire.
Pour faire simple, la fonte des glaciers du Groenland et des calottes glaciaires de l’Arctique sont les principales responsables de cet essoufflement. Elle est beaucoup plus rapide que prévu, et provoque le déversement de grandes quantités d’eau douce dans la mer, empêchant les eaux plus salées de s’écouler vers le sud de la planète.
Au bord de la falaise
Les chercheurs ont tenté de savoir ce qu’il se passerait en cas de déclin irréversible de l’Amoc. Pour cela, ils ont utilisé des modèles informatiques et compilé un ensemble de données préexistantes pour réaliser une simulation, la plus précise jusqu’à aujourd’hui. C’est là qu’ils ont confirmé que ce phénomène naturel était en train d’avancer vers le bord de la falaise.
Ce point de bascule n’a pas de date précise. Une précédente étude a estimé qu’il pourrait survenir entre 2025 et 2095. À l’inverse, le Met Office britannique a déclaré que des changements importants et rapides de l’Amoc étaient « très peu probables » au cours du XXIe siècle. Pour l’heure, il n’y a donc pas de date précise de quand ce moment arrivera.
Des conséquences cataclysmiques
Toutefois, les chercheurs ont mis au point un signal d’alerte pour rendre compte de quand ce fameux point de bascule surviendra. Il se base sur le transport de salinité à la frontière sud de l’océan atlantique. Une fois qu’un certain seuil est atteint, c’est le signal que la bascule risque de survenir dans les quatre décennies qui suivent.
Quarante ans, cela peut sembler long, mais si l’on regarde les conséquences d’un tel changement sur le climat, c’est ridicule. « Ce qui nous a surpris, c’est la vitesse à laquelle le basculement se produit », a déclaré l’auteur principal de l’article, René van Westen, de l’université d’Utrecht, ajoutant que ce sera tout simplement « dévastateur ».
New study: the Atlantic overturning circulation AMOC “is on tipping course”.
— Prof. Stefan Rahmstorf 🌏 🦣 (@rahmstorf) February 9, 2024
The paper by Dutch colleagues adds more weight to recent warnings, such as the OECD Climate Tipping Points report of 2022 and the Global Tipping Points report published 2023. https://t.co/yJjUGRlqXm
Aujourd’hui le réchauffement climatique se poursuit à un rythme de 0,2 °C par décennie, et l’on en voit déjà les effets. Si Amoc vient à s’effondrer ou s’arrêter, on passera à un rythme de +3 °C par décennie. Les régions de l’hémisphère sud se réchaufferaient ainsi rapidement de plusieurs degrés. En parallèle, cet effondrement des courants marins de l’atlantique causera une gigantesque vague de froid localisé sur le Vieux continent.
À cela s’ajoutera l’élévation d’un mètre du niveau de la mer dans l’Atlantique, inondant de nombreuses villes côtières. Les saisons sèches et humides s’inverseraient en Amazonie, achevant pour de bon la forêt. Tous ces changements se produisant beaucoup, beaucoup plus vite que le réchauffement actuel du climat, empêcheraient l’humanité de s’adapter. Un programme très peu réjouissant.