Blocage anticyclonique et absence de neige en France : faut-il s'inquiéter pour la saison hivernale ?

Pour l'heure, cette année 2024 s'est illustrée par ses précipitations récurrentes et parfois intenses. La période correspondant aux dix premiers mois de l'année est d'ailleurs la plus humide en France depuis le début des relevés météo. Cette humidité s'est régulièrement accompagnée de températures supérieures aux normales de saison, si bien que les flocons de neige ont été particulièrement discrets jusqu'à présent. 

Seules quelques chutes de neige se sont produites à la mi-octobre, au-delà des 2200 à 2500 mètres d'altitude sur la chaîne pyrénéenne ainsi que sur le relief alpin. En dehors de cela, aucun flocon n'a été aperçu ailleurs ou à des altitudes inférieures. La Toussaint étant désormais passée, doit-on s'en inquiéter pour la saison hivernale à venir ?

Les 1ers flocons en montagne habituellement dès septembre

Pour l'heure, l'ambiance n'est pas hivernale en France, et pour cause... Après un mois d'octobre doux et humide, une situation de blocage anticyclonique s'est mise en place avec des hautes pressions s'étalant depuis le Proche Atlantique jusqu'à l'Europe centrale. En dehors d'éventuelles gouttes froides en Méditerranée, le temps est sec et plus ou moins ensoleillé, en fonction de la dissipation de la grisaille matinale. Aucune chute de neige n'est donc prévue au cours des dix prochains jours.

La situation de cet automne tranche avec celle de l'année dernière où les premières véritables chutes de neige s'étaient produites sur les Pyrénées et surtout sur les Alpes à la fin du mois de septembre, avec des sols devenant blancs dès 1300 mètres. Quelques flocons étaient même tombés de manière plus anecdotique sur les Vosges, le Jura et le Massif Central.

Au cours des 10 prochains jours, aucune chute de neige n'est attendue sur les massifs.

Rien à voir toutefois avec la situation d’il y a trois ans où d’importantes quantités de neige étaient tombées jusqu’à moyenne altitude dès le 25 septembre, avec parfois plusieurs dizaines de centimètres. Une situation relative rare qui ne s’était plus produite depuis 2007.

Il faut dire que par le passé, les premiers frimas de l’hiver se manifestaient très tôt dans la saison ! Ainsi, du 26 au 29 octobre, la France connaissait un pic de froid remarquable avec des records mensuels de températures maximales très basses pour la saison. Il ne faisait pas plus de 4°C à Saint-Girons (Ariège) ou encore 5,5°C à Toulouse ! 

⛈️On surveillera tout au long des prochains jours des gouttes froides bloquées par l’anticyclone circulant en Méditerranée. Ce mardi, des pluies potentiellement intenses sont attendues en Languedoc-Roussillon, puis cette semaine entre l’Espagne🇪🇸 & l’Italie. pic.twitter.com/bewsaKgJpg

— Guillaume Jauseau (@GJauseau) November 4, 2024

Des chutes de neige s'étaient également produites en plaine du 28 au 30. Elles avaient alors affecté le Massif central puis le nord-est et le centre-est avec généralement de 2 à 5 cm en plaine voire même 12 cm à Liart, dans les Ardennes, mais aussi 17 cm à Saint-Étienne (Loire), 18 cm à Château-Chinon (Nièvre) et même de 30 à 45 cm dès 1000 mètres d’altitude !

Des chutes de neige en plaine de plus en plus tardives

D’autres épisodes neigeux précoces ont pu se produire par le passé dès la fin du mois d’octobre, comme en 2008 du Perche à la Sologne avec 4 cm mesurés à Laval (Mayenne) et 5 cm dans l'Orne le 30. Même situation le 28 octobre 2012 cette fois-ci du côté de Grenoble avec une neige lourde et collante qui tomba en abondance jusqu'en plaine. Résultat : une couche de l’ordre de 35 cm et plusieurs milliers de foyers privés d’électricité ! Au cours du XXème siècle, ces épisodes de neige en plaine quelques jours avant la Toussaint étaient bien plus fréquents.

Avec le changement climatique, la date des premières chutes de neige en plaine recule de plus en plus, si bien qu’il est désormais assez rare de voir l’or blanc tomber en dehors des régions de montagnes avant le mois de décembre. 

Pourtant, avant les années 2000, la neige pouvait se manifester dès le 1er octobre sur les hauteurs ardennaises et bourguignonnes puis à partir de la mi-octobre sur les collines de Normandie et de la région Grand Est jusqu’à l’Auvergne-Rhône-Alpes. Dans le nord-ouest, il n’était pas rare de voir des flocons virevolter à partir de la Toussaint puis à la fin du mois de novembre près des côtes et dans les régions méridionales. Un climat qui semble désormais lointain…

Ce n'est pas pour autant qu'il faut s'en inquiéter. En effet, après les différents épisodes passés évoqués plus haut, des pics de douceur étaient généralement observés en novembre, faisant ainsi fondre la neige tombée au début de l'automne. La situation pourrait, en revanche, devenir inquiétante en cas de maintien de la situation de blocage durant tout le mois de novembre ainsi qu'en décembre, ce qui n'est pas entrevu à l'heure par les modèles saisonniers.