Froid : les alternatives au chauffage électrique poussent leurs pions
La pointe de consommation est fortement liée au chauffage. La réglementation thermique dans le neuf a réduit la part de l'électrique.
Alors que le froid a gagné la France mardi, la consommation d'électricité ce mercredi devrait avoisiner 93 gigawatts (GW) au pic de demande, selon le gestionnaire du réseau RTE. Un niveau inférieur au record de février 2012 (102 GW), mais qui met en exergue l'importance du chauffage électrique.
Entre décembre et février, celui-ci représente 29 % de la puissance moyenne, soit environ 20 GW (voir graphique). Mais, lors d'une vague de froid, note RTE, « la consommation électrique liée au chauffage sur la pointe de 19 heures peut dépasser 40 % de la consommation totale ». « La puissance appelée par le chauffage peut fortement varier de 5 GW à 45 GW entre une journée froide et une journée douce d'hiver », précise le gestionnaire du réseau. À chaque degré en moins, la demande grimpe de 2,4 GW, l'équivalent de deux gros réacteurs nucléaires. Cela représente la moitié de la sensibilité du système électrique européen aux températures, nos voisins se chauffant davantage au gaz.
Dans ce contexte, les énergies alternatives ne manquent pas de rappeler que réduire le poids du chauffage électrique est un excellent moyen de lisser les pics de consommation. Le gaz, utilisé par 44 % des logements pour se chauffer (contre 34 % pour l'électricité, 14 % pour le fioul et 4 % pour le bois, selon une étude de l'Ademe de 2014), « revient deux fois et demie moins cher que l'électricité », avance Olivier Roulette, délégué marketing stratégique chez GRDF. « En outre, l'utilisation de chaudières à condensation permet, en contrepartie d'un investissement de 3.000 ou 4.000 euros, de réduire la consommation d'énergie de 30 %. »
L'an dernier, GRDF a enregistré environ 16.000 nouveaux compteurs à gaz (nets) « essentiellement pour le chauffage et l'eau chaude », indique-t-il. « L'une des façons de diminuer sa consommation d'électricité sans diminuer son confort, c'est de faire appel au chauffage au bois », a aussi rappelé cet automne Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables.
Performance
La réglementation thermique de 2012 (« RT2012 ») a renversé la tendance pour l'électricité dans les logements neufs. « Sa part y est tombée de 70 % il y a dix ans, à 30 % environ », affirme Olivier Roulette. Par ailleurs, « nous observons depuis deux ans un transfert du chauffage électrique vers le gaz à l'occasion de rénovations de logements pour la location et la vente », note aussi Laurent Reber, directeur au sein du pôle client à EDF. De fait, depuis 2012, il est plus facile d'obtenir des aides quand on se chauffe au gaz qu'à l'électricité.
Si certains modes de chauffage électrique (pompes à chaleur, pilotage intelligent...) sont plus performants, EDF n'est pas certain de profiter de la prochaine réglementation. « Le projet de réglementation environnementale 2018 sorti en octobre et essentiellement fondé sur le critère d'énergie primaire ne nous convient pas. Les expérimentations vont durer deux ans, nous devons faire la démonstration que nos solutions sont performantes », poursuit Laurent Reber.
Source : lesechos.fr