Vignettes anti-pollution, mode d'emploi

Mieux lutter contre la pollution de l'air, lors des pics, mais aussi au quotidien nécessite de mieux cibler les véhicules admis ou non à rouler dans nos villes : c'est l'ambition des « certificats qualité de l'air », ces vignettes de couleurs que le gouvernement souhaite généraliser.

Grenoble a été la première ville à en faire usage, cette semaine, pour infléchir un pic de pollution. À compter du 16 janvier, Paris sera la première à y recourir pour restreindre le trafic de façon pérenne.

Cibler les véhicules polluants

Ce papillon collé sur le pare-brise identifie les véhicules selon leurs émissions (oxydes d'azote, particules). Mis en place à la mi-2016 par le ministère de l'Environnement, le dispositif, baptisé « Crit'Air », concerne aussi les deux-roues, utilitaires légers, poids lourds et autocars. Pour les voitures particulières, six macarons sont prévus : vert pour « zéro émission » (véhicules électriques ou à hydrogène), puis numéroté du « 1 » violet (normes Euro 5 et 6 essences) au « 5 » gris (Euro 2 diesels). Pas de vignette pour les voitures immatriculées avant 1997. Les pouvoirs publics peuvent ainsi moduler les mesures en fonction des zones, des horaires, de l'intensité de l'épisode...

La pollution atmosphérique, troisième cause de mortalité évitable, responsable de 48.000 décès annuels prématurés en France, est pour une bonne part liée aux transports. À Paris, 44 % des concentrations de particules viennent ainsi du trafic routier (près de 60 % si on inclut les importations), souligne Airparif, chargé de la surveillance de la qualité de l'air.

En cas de pic

Début décembre, face à un épisode de pollution hivernal inédit depuis dix ans à Paris, le ministre Ségolène Royal a demandé aux préfets des régions les plus sensibles d'utiliser désormais les vignettes pour gérer le trafic en cas de pic. Pour la plupart des experts, la « circulation alternée » basée sur les plaques d'immatriculation (appliquée ce samedi en Ile-de-France) manque d'efficacité, car elle ne cible pas les véhicules les plus polluants. Paris a publié cette semaine un nouvel arrêté préfectoral de gestion des pics incluant les vignettes. Grenoble a déjà pris les devants. Le préfet du Rhône a confirmé la mesure pour Lyon et sa région. Une trentaine d'autres zones (essentiellement des villes, mais aussi la vallée de l'Arve) doivent suivre.

Et au quotidien ?

Au-delà des pics, la pollution est délétère au quotidien. La loi, depuis 2015, permet aux collectivités de créer des zones de circulation restreinte : en fonction de la couleur de sa vignette, l'automobiliste peut y circuler toute l'année ou seulement certains jours, bénéficier de stationnement ou de voies réservées. Pour l'instant, cela ne va concerner que Paris : à partir du 16 janvier, la capitale (hors périphérique et bois) deviendra « zone à circulation restreinte » et seuls les véhicules possédant une vignette pourront circuler . Les plus polluants, non classés, seront non gratis intra-muros de 8 h à 20 h en semaine. Une vingtaine d'autres villes, dont Bordeaux et Lyon, ont répondu à l'appel à projet « Villes respirables », qui inclut ce type de mesure. Mais le processus va prendre du temps : il faut en moyenne 18 mois pour qu'un projet aboutisse, estime le ministère de l'Environnement. De telles zones à accès limité existent déjà dans 200 villes européennes, pouvant être basées sur la vignette (en Allemagne) ou sur la reconnaissance des plaques par caméras (Grande-Bretagne). « Dans tous les cas, des réductions ont été observées sur les concentrations en dioxyde d'azote et en particules PM10 », relève l'Agence de la maîtrise de l'énergie (Ademe).


Source : sciencesetavenir.fr

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