Végétation, faune: la SNCF va investir 18 millions d'euros pour réduire les incidents et les retards en Normandie
Mais c'est la face visible de l'iceberg. Le dérèglement climatique a d'autres conséquences inattendues, notamment la croissance accélérée de la végétation (due à des périodes de fortes pluies suivies de périodes ensoleillées) qui provoque une hausse des incidents sur le réseau.
Tout comme la propagation d’espèces exotiques envahissantes et l’apparition de nouvelles maladies chez certaines variétés d’arbres.
"Ces éléments conjugués entrainent, depuis quelques années, une forte hausse des incidents en lien avec la végétation, que tous les gestionnaires de réseaux ferrés observent, en France comme ailleurs en Europe", souligne SNCF Réseau qui en charge la maintenance des voies et des infrastructures ferroviaires.
Presque 30.000 minutes de retards cumulés à cause de la météo en Normandie
"Le dérèglement climatique est aujourd'hui palpable: tempêtes à répétition, pluies importantes, coups de chaleur viennent déstabiliser les arbres et les sols aux abords des voies", complète Vincent Palix, directeur territorial de SNCF Réseau.
La Normandie est particulièrement touchée par ce phénomène avec 29.900 minutes cumulées de retard l'an passé dont 50% ont eu lieu lors de tempêtes ou de phénomènes météorologiques exceptionnels.
Végétation, faune: la SNCF va investir 18 millions d'euros pour réduire les incidents et les retards en Normandie © SNCF
Autre conséquence du dérèglement climatique: l'essor de la faune sauvage. Chevreuils et sangliers sont en constante augmentation depuis de nombreuses années.
"Ce phénomène augmente d’autant le risque de collisions avec des incidences sur la sécurité des installations ferroviaires et la régularité des trains. En cause, notamment, l’augmentation des surfaces de végétation dense, des températures plus clémentes en hiver et des fructifications forestières qui créent les conditions d’une reproduction rapide des populations de sangliers", explique le gestionnaire.
En 2023, les incidents liés à la faune sauvage représentent en Normandie 15% des retards. Cela représente 27.000 minutes perdues l'an passé.
Face à cette situation, SNCF Réseau va intensifier ses efforts et donc ses investissements sur la région.
Cette année, l'entreprise consacre ainsi près de 10 millions d'euros sur la maitrise de la végétation (un million de plus qu'en 2023), auxquels s’ajoutent 8 millions alloués par l’État et la Région Normandie.
Les propriétaires de terrains ont des responsabilités
8,7 millions d'euros sont consacrés à l'abattage des arbres et à la maîtrise de la végétation, un budget en hausse de 135% en quatre ans, assure SNCF Réseau. C'est 13% du budget national de SNCF Réseau consacré à la végétation alors que le réseau normand ne représente que 4% de sa totalité.
Végétation, faune: la SNCF va investir 18 millions d'euros pour réduire les incidents et les retards en Normandie © SNCF Réseau
En Normandie, 30 hectares de zones problématiques pour la sécurité et la régularité des circulations (risque d’incendie, signalisation masquée par la densité de la végétation …) vont faire l’objet d’opérations de débroussaillage (en hausse de 80% par rapport à 2023).
Par ailleurs, 36.000 arbres dangereux, malades et donc fragilisés ou appartenant à des espèces exotiques envahissantes seront traités (contre 24.000 en 2023).
Si le gestionnaire amplifie son effort, il rappelle également que les riverains ont des responsabilités.
Ils ont en effet l'obligation d'entretenir, élaguer ou abattre les arbres présents sur leurs propriétés qui jouxtent les voies de la SNCF.
Des sangliers et des chevreuils toujours plus nombreux
"Près de 2.300 arbres à risque situés en dehors des emprises SNCF Réseau ont été identifiés. Il appartient aux propriétaires de ces arbres d’en assurer l’entretien. A ce titre, la Région Normandie et l’État vont notamment adresser des courriers aux 500 collectivités locales riveraines du réseau ferré, afin qu’elles relaient à leurs administrés leurs obligations en matière d’entretien de leurs arbres", prévient l'entreprise.
25% des retards induits par la végétation sont ainsi liés à des branches et à des arbres appartenant à des riverains, soit près de 4.000 minutes perdues sur une année.
Des amendes peuvent être infligées aux propriétaires, SNCF Réseau reste néanmoins discret sur leur nombre et leur montant.
Du côté de la faune sauvage, SNCF Réseau mène des expérimentations comme dans la forêt de Beaumont-le-Roger avec la pose d’échappatoires à sangliers sur un secteur clôturé qui "a permis de réduire significativement le nombre de heurts dans ce secteur".
Le gestionnaire dit également étudier les comportements et la dynamique des populations, notamment avec les associations de chasse afin "d’adapter la gestion des populations sur les secteurs les plus problématiques".