Sur la « Loire à vélo », le boom des vacances « vertes », loin des voitures et des avions
« Nos habitudes ont changé en peu de temps. On baigne toute l’année dans les informations inquiétantes sur le changement climatique. Nos vacances ne valent plus la pollution d’un avion, on a eu envie d’essayer autre chose », explique cet informaticien de 39 ans, qui suit l’itinéraire de la « Loire à vélo » avec sa compagne et leur fils de cinq ans.
Un oeil sur son vélo cargo électrique, crème solaire et soda frais en main, la famille marque une pause dans la paisible commune d’Oudon, entre Angers et Nantes, à la croisée de la Loire et de la rivière du Havre. Descendus du train à Tours, ils ont prévu de rouler jusqu’à l’océan.
De Cuffy, dans le Cher, à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, la « Loire à vélo » s’étend sur 650 km (900 km en comptant les itinéraires bis). Elle serpente entre le fleuve et les champs de maïs, de blé et de vignes, longe les châteaux de la Loire et atteint l’Atlantique en passant à travers villes et forêts.
Au printemps, Daphné Leprince, Parisienne de 30 ans, a pédalé de Tours à Nantes en trois jours et demi, ralentissant le tempo dans les vignobles qui entourent Saumur puis Ancenis.
Elle et son compagnon aussi ont voulu « perdre le réflexe de partir loin pour un weekend ».
« A vélo, avec une tente, le tourisme est plus lent. On n’avait pas d’objectif de visite, on s’arrêtait dans un village quand on le trouvait joli. On découvrait les produits locaux, les vins de Loire », raconte la jeune femme.
Electrique
L’itinéraire, qui fêtera l’an prochain les 20 ans de son premier tronçon, n’a jamais attiré autant de monde: 1,847 million de cyclistes y sont passés en 2022, deux fois plus qu’en 2015, selon une étude des observatoires du tourisme de Centre-Val de Loire et des Pays de la Loire.
Le public s’est diversifié ces dernières années, avec « de plus en plus de familles, de retraités et de nouveaux pratiquants », explique Valentine Segrestan, directrice du pôle tourisme de Rêve de vélo, une agence de voyage spécialisée dans le cyclisme qui loue des vélos à Saint-Genouph, près de Tours.
« Le développement de l’électrique a démocratisé la pratique, chez les seniors notamment. Et surtout, depuis le Covid, le nombre de clients à la recherche de vacances éco-responsables et au coeur de la nature a explosé », poursuit-elle.
D’après l’Ademe (agence de la transition écologique), « les chiffres de fréquentation des itinéraires vélo ont enregistré un boom et confortent un intérêt grandissant des touristes pour des vacances durables ». L’agence a lancé fin 2022 un programme national sur trois ans de financement d’équipements et de services liés.
Le gouvernement espère voir la France ravir à l’Allemagne sa place de première destination mondiale pour le vélotourisme.
Châteaux
Entre Orléans et Tours, les châteaux de la Loire représentent autant d’étapes phares pour les cyclistes. A Chambord, le parking à vélo fait le plein en ce milieu d’été.
« On s’est dit que c’était le meilleur moyen de profiter de nos vacances, en laissant la voiture au garage. On est proches de la nature », explique Jérôme Minatel, originaire de Moselle.
Après avoir pris le train jusqu’à Orléans avec ses deux compagnons de voyage, il prévoit de pédaler « au moins quinze jours », au fil « des guinguettes et des campings ».
Duvets et tente accrochés au porte-bagage, un couple d’étudiants quitte Chambord pour quelques jours de bivouac. Le vélo, disent-ils, représente « le meilleur moyen d’éviter de prendre la voiture et de profiter de la nature à moindre frais ».
A Oudon, Ludovic Henri et sa famille aussi se remettent en route, direction l’océan. Et pensent déjà aux prochaines vacances: en Moselle sûrement, et toujours à vélo.