Les humains représentent le même « danger » pour la planète que « la météorite qui a exterminé les dinosaures », a lancé mercredi le secrétaire général de l’ONU au terme des douze mois les plus chauds jamais mesurés, réclamant de bannir la publicité pour le pétrole, le gaz et le charbon, principales causes du réchauffement.
Planète en surchauffe : interdisons la pub pour les énergies fossiles, lance le chef de l’ONU

« Dans le cas du climat, nous ne sommes pas les dinosaures. Nous sommes la météorite. Nous ne sommes pas seulement en danger, nous sommes le danger », a déclaré Antonio Guterres lors d’un long discours à New York pour la Journée mondiale de l’environnement.

Son propos accompagne la publication coordonnée des dernières alertes scientifiques: mai 2024 été le mois de mai le plus chaud jamais enregistré dans le monde (sur terre et mer), le 12e mois d’affilée à battre son propre record, selon l’observatoire européen Copernicus.

Et il est à 80% probable que la température moyenne mondiale sur une année calendaire dépasse « temporairement » de plus de 1,5°C les niveaux préindustriels d’ici 2028, a ajouté l’Organisation météorologique mondiale (OMM), alors que nous en sommes à environ 1,2°C sur la dernière décennie, selon une étude également publiée mercredi par des dizaines de climatologues renommés.

Des chiffres alarmants

L’humanité flirte donc avec la limite de 1,5°C adoptée par quasiment toute la planète dans l’accord de Paris de 2015, à une différence près: ce +1,5°C doit être atteint en moyenne sur des décennies pour être considéré comme notre nouveau climat stabilisé.

Mauvais signe néanmoins: l’année 2023, la plus chaude dans les annales, s’est conclue avec une anomalie de 1,48°C par rapport à 1850-1900, selon Copernicus, sous l’effet du changement climatique et d’un surplus de réchauffement ponctuel apporté par le phénomène naturel El Nino.

Sur 12 mois glissants, le 1,5°C est même déjà franchi: la température moyenne de juin 2023 à mai 2024 a été à +1,63°C, selon Copernicus, par rapport à 1850-1900.

Du jamais vu, probablement depuis des millénaires selon les climatologues, qui constatent la multiplication et l’intensification des canicules mortelles, des sécheresses et des inondations dévastatrices à travers le monde.

« Les émissions mondiales doivent diminuer de 9 % par an jusqu’en 2030 pour que la limite de 1,5°C ne soit pas dépassée », a rappelé Antonio Guterres. Mais le pic n’est pas encore officiellement atteint.

Si l’humanité s’est accordée à la COP28 à Dubaï, en décembre, pour abandonner progressivement les énergies fossiles, leur déclin n’est pas encore imminent.

« Autoroute vers l’enfer »

Dans ces conditions, Antonio Guterres a regretté que la crise climatique ne soit plus au centre de l’attention. « On ne peut pas laisser les conflits horribles » dans le monde « nous distraire de la menace existentielle pour l’humanité, le changement climatique ».

Première cible de ses critiques, comme à son habitude, le secteur des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), « les Parrains du chaos climatique » qui « amassent des profits record et se gavent des milliards de milliards de subventions ».

« J’appelle chaque pays à interdire la publicité pour les entreprises des énergies fossiles », à l’image des interdictions pour d’autres « produits néfastes pour la santé humaine, comme le tabac », a lancé Antonio Guterres.

« C’est un moment critique pour le climat », a insisté le secrétaire général, appelant à « prendre la bretelle de sortie de l’autoroute vers l’enfer », alors que les pays du monde entier doivent soumettre d’ici début 2025 de nouveaux objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.

Le secrétaire général a aussi répété son appel à taxer les profits de l’industrie fossile pour financer la lutte contre le réchauffement, évoquant également, sans préciser son idée, des « taxes de solidarité » sur l’aviation et le transport maritime.

« Même si les émissions étaient réduites à zéro dès demain, une étude récente a montré que le chaos climatique coûterait au moins 38.000 milliards de dollars par an d’ici à 2050 », a-t-il souligné. Soit bien plus que les 2.400 milliards nécessaires d’ici 2030 aux pays en développement (hors Chine) pour sortir des énergies fossiles et s’adapter au réchauffement, selon un calcul d’experts de l’ONU.

Ce discours intervient au moment où les représentants du monde entier sont réunis à Bonn, au siège de l’ONU Climat pour faire avancer de délicates négociations climatiques avant la COP29 prévue à Bakou en fin d’année (11-22 novembre). Celle-ci doit se conclure par un nouvel accord sur l’aide financières des pays riches au reste du monde pour atteindre leurs objectifs climatiques.

Source: goodplanet.info

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