A69: un cortège pour dire « Non au macadam! », deux entreprises prises pour cibles
Les organisateurs avaient promis du « ramdam ». « Plus de 10.000 personnes », selon leur dernier comptage en fin d’après-midi, ont répondu à l’appel avec force, percussions, tambours, banderoles et slogans.
La préfecture a fait état d’un cortège principal de 2.400 manifestants et de « 2.500 individus radicaux et violents ».
Si, dans le cortège principal, la mobilisation s’est déroulée dans une atmosphère bon enfant durant l’après-midi, un groupe de militants « presque tous cagoulés, vêtus de noir, casqués », selon un communiqué de la préfecture, s’en est détaché avant de se diriger vers la cimenterie Carayon et une entreprise du BTP, Bardou et fils, toutes deux engagées sur le chantier de l’A69, selon le concessionnaire Atosca.
Dans la cimenterie, « un algeco, trois véhicules toupies et un engin de travaux publics » ont été endommagés lors d’un incendie allumé par ces militants, qui ont « dégradé le bâtiment » de l’entreprise Bardou et « arraché ses clôtures, avant d’être repoussés par les forces de l’ordre », selon la préfecture.
Au total, sept interpellations ont eu lieu et les forces de l’ordre ont fait usage de « 74 grenades » lacrymogènes, selon la même source.
Dans un tweet, la présidente PS de la région Occitanie, Carole Delga, souvent critiquée par les manifestants pour son soutien à l’A69, a condamné de manière « très ferme » les « violences » et « dégradations » ayant visé les deux entreprises.
De même, le président PS du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond, a qualifié les violences commises d' »intolérables ». « Manifester est un droit. Casser est un délit », a-t-il encore déclaré.
A plusieurs kilomètres de là, le gros des manifestants a défilé calmement, le cortège principal marchant sur la route, derrière des tracteurs de la Confédération paysanne, tandis qu’un autre groupe de plusieurs centaines de personnes a choisi un moment d’emprunter la voie ferrée, avant de rejoindre le premier défilé.
« Ce qui nous choque, c’est l’incohérence du projet par rapport à l’urgence climatique », a expliqué à l’AFP Colette Faber, une habitante de Tarbes, venue manifester avec son mari et leurs deux filles, installées à Albi.
« Pourquoi une autoroute alors qu’il faudrait plus de gares, de trains, de transports en commun? Pourquoi sacrifier la nature alors qu’on en a besoin? », a-t-elle lancé.
Côte à côte, au détour des différents cortèges, marchaient des anciens mobilisés du plateau du Larzac avec des militants plus jeunes, les banderoles et pancartes multipliant les jeux de mots: « Faites des 69, pas l’A69 », « L’A69 finira en cul de sac », « Des prairies, pas des Ferrari » ou encore « Plus de légumes, moins de bitume ».
« Jamais il n’y a eu une telle empathie pour notre lutte », se félicitait Gilles Garric du collectif La Voie est libre, qui avec d’autres associations et syndicats (Extinction Rebellion, les Soulèvements de la Terre, Groupement national de surveillance des arbres, Confédération Paysanne, Solidaires, etc.) ont organisé le rassemblement.
S’appuyant sur un sondage Ifop réalisé il y a quelques jours auprès de la population du Tarn et de la Haute-Garonne, il a indiqué que 61% des sondés étaient favorables à l’abandon du projet d’autoroute et qu’ils étaient 82% à se prononcer pour un référendum local.
Une ZAD installée
De son côté, Atosca, s’appuyant sur un autre sondage réalisé par Opinion Way, a fait valoir que 53% des Français sont favorables à l’autoroute. L’entreprise a également insisté sur le fait qu’environ 40% du budget du chantier a déjà été engagé et que les travaux étaient donc bien lancés.
« Mensonges », répondent les opposants qui espèrent que le chantier sera stoppé. « On coupe des arbres pour un projet qui ne sert à rien », a déploré Sandra Lima, psychologue de 48 ans qui prend chaque semaine la route nationale qui relie actuellement Toulouse et Castres. « Il aurait peut-être fallu l’élargir un peu mais elle suffisait », a-t-elle ajouté.
En fin d’après-midi, les manifestants étaient de retour au campement situé à Saïx, à une dizaine de kilomètres à l’est de Castres, et près duquel plusieurs militants, selon les organisateurs, ont investi « des maisons de maîtres expropriées par le chantier » sur le lieu-dit de la Crémade pour créer une ZAD (Zone à défendre) baptisée « CremZAD ».
Ce projet doit être arrêté car l'environnement et la vie de nombreux agriculteurs sont en danger.